dimanche 31 mai 2020

Le papa de Thor


Pablo Picasso : Ancêtre mythique d'un vélo de course


En corrigeant des copies j’apprends plein de choses. Voici, par exemple, un lien généalogique dont je n’étais pas au courant :   

« Il y a eu une époque où les humains et les animaux n’avaient pas de distinction, il n’y avait pas de supériorité, pas de domination. On retrouve cela notamment dans la mythologie avec des métamorphoses d’humain en animal, où encore on pouvait assister à certains cas d’accouplement entre un homme et un animal. C’est le cas du Minotaure et d’une reine qui ont donné naissance à Thor. Puis, avec le temps, les humains ont pris le dessus et sont arrivés au sommet de la hiérarchie. »  

vendredi 29 mai 2020

« L’individu a été arraisonné » (pourquoi mettre l'accent sur les bavures de la police alors qu’elle sauve plein de chatons dans le monde entier ?)




J’ai déjà attiré  l’attention sur ce phénomène médiatique : la diffusion sur le net d'une bavure policière est souvent suivie par l'apparition de vidéos émouvantes où les représentants de la force publique se livrent à  des gestes charitables*. Ma question est la suivante : combien de sauvetages de chiots abandonnés,  de canetons égarés, de chatons perchés aux sommets des arbres  seront nécessaires  pour nous faire oublier la mise à mort  en direct, par les policiers de  Minneapolis, de monsieur George Floyd ?

* Cela existe un peu partout, je le crains, mais aux États-Unis c’est plus spectaculaire, comme dans  un combat de catch.  Il doit exister un seuil statistique, j'imagine, au-delà duquel  les bavures changent de nom et de catégorie.


mercredi 27 mai 2020

Problèmes de communication



Pas grand-chose à noter, aujourd’hui. Juste ce propos  édifiant sorti d’une copie d’examen  :

« Je pense que l'Homme aurait beaucoup moins recours à la consommation de viande animale s'il pouvait communiquer plus facilement avec ».

Je le pense aussi.

lundi 25 mai 2020

C'est sublime : du vert partout


« La nature reprend ses droits », titrent les médias ces derniers temps.  Que c’est beau ! Ça sonne bien et ça nous remplit de joie. Après, ça dépend des cas. Le retour de la nature, on l'oublie, est parfois glauque.  Rien de plus efficace, pour symboliser l’abandon, que l’irruption de la verdure dans l’espace domestique.  

vendredi 22 mai 2020

La leçon du piano


 
Rien à voir avec ce blog. C’est juste un dessin de Paolo, mon frère (Juillet 1955 - Mai 1980). Je lui fais un peu de publicité.

mercredi 20 mai 2020

Le prix de l'indécence (du nouveau autour du pangolin)


Brest,  à la sortie de la Faculté de Lettres
Péremptoire, mais pourvu d’une certaine cohérence, ce message ne donne aucune envie de plaisanter. Juste pour voir l'effet, j'ai néanmoins inversé les termes du propos*. On obtient la formule : « Le problème n’est pas le capitalisme mais le pangolin ». Cela ouvre sur un autre type de vérité, d'ordre pataphysique. 
* C'est à cause de la pandémie, je crois, qui me rend inconséquent.  

lundi 18 mai 2020

« Je veux celui-là ». Le retour des animaux sauvages à l’époque du coronavirus





La pandémie, nous rappellent  les médias, n'a pas nui à tout le monde. Les animaux sauvages  en ont profité.  À Venise, par exemple, l’eau est redevenue claire et dans les canaux  on voit transiter les poissons.  Je trouve que c’est bien. J’aime savoir ce que je mange.

samedi 16 mai 2020

Portrait craché


 

On progresse. Autrefois, on refusait aux « sauvages » la capacité de reconnaître quelqu’un sur une photo (pour identifier un individu, croyait-on, ils avaient besoin de le toucher, de le renifler …).  Aujourd’hui,  grâce aux études des chercheurs de l’INRAE, on accorde cette faculté même aux chevaux.*

*https://www.inrae.fr/actualites/chevaux-experts-reconnaissance-faciale

jeudi 14 mai 2020

L’ours Cachou, le biopouvoir et les nouveaux horizons du paternalisme.



 « Le roi aime ses sujets à cause de sa supériorité qui lui permet tant de bienfaisance envers eux, puisque grâce aux vertus qui le distinguent, il s’occupe de les rendre heureux avec autant de soins qu’un berger s’occupe de son troupeau. Et c’est en ce sens qu’Homère appelle Agamennon le pasteur des peuples. (Aristote, cité par André-Georges Haudricourt :  « Domestication des animaux, culture des plantes et traitement d'autrui » in l’Homme 1962 2-1 pp. 40-50).

À cause de sa supériorité, le roi nous aime beaucoup et nous protège.  C’est pour cela qu’il retient des informations qui pourraient nous  troubler : 

- Qui a tué Elisa Pilarski ?

- Tu le sauras quand tu seras grand. 

 -  Et comment est mort  l’ours Cachou ? 

 -  Allez, laisse les grandes personnes travailler ! ».

dimanche 10 mai 2020

Du mammisme chez les chats (et chez leurs propriétaires)


 
"Beaucoup de personnes, pour demander des informations sur leur  animal de compagnie malade ou hospitalisé, téléphonent au vétérinaire en lui disant :  «Je suis la maman de  Sofia», «Je suis la maman de Pacio», ou d'Ulysse, ou de  Tommy. Il est courant, désormais, de se définir comme les parents de ses animaux de compagnie, notamment chez les femmes, sans plus avoir la honte que l'on éprouvait il y a quelques dizaines d'années  en utilisant ces mots". (Anna Mannucci, "Viva le mamme (umane) dei «pet». Perché cani e gatti sono come dei figli", Il Corriere della Sera, 9 maggio 2020)
Dans la suite de l’article, Anna Mannucci explique tellement bien ce qu’il y a de novateur,  d'ancien et de  non conventionnel à la fois, dans cette manière de se rapporter aux animaux de compagnie, que j’oublie d’exercer ma fonction critique. Tout ce qu’elle dit me semble parfaitement vrai.
C’est le dernier jour de confinement. Pendant qu’on se promène je repense quand même à l’article :  certes, ces chats, finalement, sont vraiment des mammisti. Le mammista, en Italien, est celui qui idolâtre sa maman. C’est un tifoso de sa maman, et il le reste jusqu’à quarante, cinquante, soixante ans, voire plus. Mais  ces mamans (humaines)  des chats, au bout du compte,  sont elles aussi des mammiste. En maternant des chats, elles prolongent ad libitum  leur "mammitude". Entraîné par le raisonnement je me demande  : mais n’avaient-ils pas déjà des mamans ces chats-là ? Étaient-elles donc  indignes ? Pas du tout, c’est qu’elles étaient mamans sans être  mammistes.  Après,  juste pour jouer sur le parallélisme entre humains et non-humains,  j'ai pensé  à l’Argentine, à l’Australie et à ces bébés qu'on a transférés d'une maman à l'autre sans demander leur avis. Et Comment fait-on pour pérenniser cette dévotion filiale ? Là, ayant atteint le comble de la perfidie, j'ai changé de sujet : "T'as vu les ronces? Il suffit d'une saison, c'est spectaculaire!".
En rentrant à la maison je me suis souvenu que moi aussi, pendant des années, j’ai eu des chats, joyeux, dociles et indépendants qui ont été soignés, biberonnés et maternés par moi-même.

samedi 9 mai 2020

À quel saint se vouer?


 
 Drôle de manière de baptiser une rue. J’ai cherché autour celle du patron des Clients, mais  sans résultat.

jeudi 7 mai 2020

Distanciation sociale, nationale, raciale, interspécifique, interplanétaire, intergalactique …

 
"Attention, oncle, Sam, les rats débarquent!".
 Illustration tirée du journal américain Judge (6 juin 1903) commentée  par Gian Antonio Stella dans l'ouvrage  : L'orda. Quando gli Albanesi eravamo noi*.

Si on avait gardé nos distances avec le pangolin, la chauve-souris et … . Il faudrait ériger des murs, voilà. Des murs nous protégeant de l’altérité ethnique, pour commencer. Les Mexicains, par exemple … Ils pullulent comme les rats. Et les Chinois … On les aide à bâtir des laboratoires pour étudier les virus, et voilà qu’il laissent s’échapper le COVID 19. Il faut être des tartes !  (et j’ai les preuves).   

*Milan, Rizzoli, 2003. Loin de jeter l’opprobre sur les Américains, ce livre  montre que les Italiens, lorsque l’occasion se présente, savent être tout aussi racistes que les autres.  

lundi 4 mai 2020

Le regard éloigné



Sommes-nous les seuls capables d’objectiver ? J’ai connu certains chats dont le regard n’était pas moins lointain, profond et critique que celui de Pierre  Bourdieu ou de Claude Lévi-Strauss.

samedi 2 mai 2020

Chantera bien qui chantera le dernier (être coq à Hong Kong)



Collectif de gallinacés bretons (toujours les mêmes)
J’évoquais l’autre jour les procédures, recueillies par  Paul Sébillot dans la France profonde*, assurant des effets thérapeutiques par l'immolation d'un oiseau**.  Mon regard est tombé ce matin sur un passage du premier des deux livres consacrés par  l’anthropologue Frédéric Keck aux phénomènes pandémiques:

« À Hong Kong, je pus assister à un festival taoiste (jiao). Un anthropologue de l’Université des Sciences et des Techniques, Liu Tik-Sang, me recommanda d’y participer, ce qui me permettrait de mieux comprendre comment les gens ordinaires utilisaient les oiseaux pour se protéger des maladies. Liu Tik-Sang avait étudié la culture populaire des villages de migrants, et s’indignait des mesures de biosécurité imposées aux villageois, qui écrasaient selon lui les savoirs locaux dans leur réponse au malheur. Le festival jiao s’ouvrait ainsi par l’abattage d’un coq, dont le sang était versé aux quatre coins de l’emplacement de la cérémonie à des fins de purification. Le coq n’est pas consommé en Chine, car il est considéré comme toxique en raison de sa puissance sexuelle – seul les coqs castrés peuvent être consommés -, de sorte que l’abattage d’un coq non castré produit l’inverse d’une intoxication alimentaire ».

Les logiques changent, les associations symboliques aussi, les oiseaux s’adaptent.


*Le folkloriste Paul Sébillot est né en 1843 et mort en 1918.
** Ce n'est pas un sacrifice, c'est un transfert de la maladie.
*** Frédéric Keck, Un monde grippé, Flammarion, 2010, 167-168 (voir aussi, Les Sentinelles des pandémies. Chasseurs de virus et observateurs d’oiseaux, Zones Sensibles, 2020).