La forêt contemporaine, lieu de méditation. gettyimages-472560450-612x612.jpg
La nature sauvage? « Un dépôt de costumes à louer
pour le réveillon ». C’est ce que j’écrivais il y a une quinzaine d’années dans Le retour du prédateur. Entre temps, la yellowstonisation
du monde a avancé à la vitesse du réchauffement climatique.
“ La question du retour du prédateur tient d’abord
au domaine du symbolique. La fin des sociétés rurales a comporté une sorte de
« dérégulation » des valeurs traditionnelles et libéré les
représentations de la nature de leur référentiel concret. De plus en plus
éloignée du cadre naturel qui lui donnait une sorte d’évidence (parfois
trompeuse, une forêt plantée par les agents de l’ONF n’étant pas plus sauvage
qu’un champ de maïs), l’opposition domestique/sauvage est devenue un champ
rhétorique, un dépôt de costumes à louer pour le réveillon. Certains se
déguisent en petit montagnard, d’autres en paysan, d’autres encore en homme des
bois (« nature » ou « high tech », selon les goûts)… et
pénètrent dans les forêts pour ramasser, pêcher, cueillir, gravir les sommets
bardés comme des poilus (c’est le modèle « oplitique » de la Grèce
ancienne) ou grimper les falaises entièrement nus (comme les jeunes recrues lacédémoniennes - ce qui est « encore
plus naturel »). A première vue les choix sont interchangeables. Mais dans
le marché des signes (des signes de prestige) une tendance se dessine :
les « actions » liées au domestique sont en chute libre. C’est le
sauvage qui a la cote (le rural
aussi, d’un certain point de vue, mais à condition qu’il se présente sous une
forme exotique)". Extrait de : Le retour du prédateur. Mises en scène du sauvage dans la société post-rurale, Presses Universitaires de Rennes, 2011, p. 116).
Il ne s'agit pas de prédateurs, mais dans les Vosges, le choix du costume à louer est difficile en ce qui concerne le Grand Tétra. Les décideurs du parc Régional investissent des millions pour sa conservation, en prélevant des spécimens Norvegiens, et les associations naturalistes s'y opposent de concert avec les chasseurs et autres collectiviré locales. Une situation assez exceptionnelle, qui profite bien aux prédateurs locaux, historiques ou en réapparition. https://france3-regions.franceinfo.fr/grand-est/vosges/dans-les-vosges-7-des-9-grands-tetras-reintroduits-sont-morts-c-est-un-echec-annonce-3118729.html
RépondreSupprimerAprès lecture de l’article j’ai une solution à proposer : puisque les grands tétras ont du mal à s’installer dans les Vosges (que ce soit pour une raison ou pour une autre), les experts les plus motivés, pour se déplacer dans le parc, pourraient choisir un costume de grand tétras. Ça leur permettrait d’améliorer les statistiques.
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