mercredi 22 janvier 2025

La couleur des ongles lorsqu’on aime creuser



Lorsque j’étais petit, bien avant l’invention des « animateurs nature », bien avant que des émissions comme « C02 mon amour » ou « La terre au carré » nous apprennent à apprécier la Wilderness, j’aimais m’enfoncer dans les bois derrière la maison. J’y allais tout seul comme Henry David Thoreau (j’exagère un peu, j'y restais moins longtemps) et je revenais avec des cyclamens, des cailloux, des perce-neiges, des brindilles de saule annonçant le printemps. Mes ongles, pleins de terre, étaient toujours d’un noir profond. Pour me taquiner, on me disait : « Sergio, sei in lutto ? Ti è morto il gatto ? (« Sergio es-tu en deuil ? Est-ce que ton chat est mort? »*. Les gens riaient. Moi, je n’y arrivais pas. C’est dire si les sensibilités ont changé.  

* Les lecteurs auront sûrement saisi le caractère à la fois éloquent et énigmatique de cette phrase, qui ouvre sur un monde où le rapport aux chats n'était pas le même que celui d'aujourd'hui.

2 commentaires:

  1. juste une pensée que m'évoque la mort des chats. juste une pensée... quand c'est un humain qui meurt, pour consoler ses proches on dit rarement "la nature fait bien les choses, s'il est mort c'est qu'il ne devait pas vivre".  Même en "Occident" où les animaux de compagnie ont pris une place proche de celle des humains dans la vie de beaucoup de gens. Encore que je mets un bémol à ce que je dis: un ami de longue date est mort à peu près le même jour que mon chat, la personne qui m'a prévenue m'a dit "il a cramé la vie par les deux bouts, on n'est pas trop surpris". Mais l'idée d'une "nature qui fait bien les choses" n'est pas présente je crois dans cette formule. À chaud je me demande... le fait d'élever les animaux au rang de presque humains entre peut-être en conflit avec la volonté d'affirmer la dignité (et la force) de la nature. Même là où les animaux prennent une place qu'ils n'avaient pas auparavant, dans l'inconscient collectif ils resteraient soumis à la nature alors que les humains ne le tolèrent plus. Je l'écris sous forme d'hypothèse, ce n'est vraiment pas une réflexion construite.

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  2. Je cherche l’équivalent italien de votre proverbe mais j’ai du mal à le trouver. C’est, je crois, que la nature fait bien les chose en France, mais pas forcément en Italie.

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