jeudi 29 novembre 2018

Actéon et les autres (à propos d’une pièce de Philippe Saire)


« Dans ses fantasmes, le chasseur anthropomorphise sa proie. Parfois il la conçoit comme un dangereux rival, parfois comme un objet de désir aux traits féminins très prononcés ». Voici l’idée que je développe  depuis un bon moment en me basant sur l’analyse des récits et des images de la tradition cynégétique.

Dans le mythe d’Actéon relaté par Ovide, le chasseur surprend Diane entourée par ses nymphes en train de se baigner. Pour se venger, la déesse transforme l’importun en cerf. Ses chiens ne le reconnaissent plus et se mettent à le poursuivre.

J’ai assisté l’autre soir à la dernière représentation d’ Actéon, pièce chorégraphique de Philippe Saire. J’ai été enchanté par la manière dont il a su représenter l’état onirique et la confusion des catégories qui accompagnent l’expérience du chasseur (un chasseur à la fois malsain et candide, avec ses pantalons de scout, polymorphe et mystérieux). Quatre jeunes hommes incarnaient à la fois les chasseurs et les chiens*. A la fin, comme dans le récit d’Ovide, Actéon est transformé en cerf et les chiens le  poursuivent. Double métamorphose, donc, celle d’Actéon et celle de ses compagnons. Pas de trace de Diane, en revanche, ni des nymphes.

Cette absence m’a intrigué et a produit chez moi une « illumination » qui m’oblige à revenir sur mes matériaux. Jusqu’à maintenant, en fait, j’ai vraisemblablement trop « genré » les protagonistes de la fiction cynégétique. Mais faut-il voir forcément dans la cible anthropomorphisée du chasseur soit un homme soit une femme? Les rêveries qui accompagnent la poursuite de la proie transgressent, justement, les clivages ontologiques : si elles ne respectent pas la frontière humain/animal/végétal, pourquoi devraient-elles respecter la frontière masculin/féminin ? Dans ce bouillon fusionnel qu’est le retour à la Wilderness, l’autre devient le même et réciproquement.

Il s’en suit que Diane n’est pas indispensable. Le regard sur elle d'Actéon est tout juste le déclic qui active la métamorphose généralisée.

* Voici le nom des danseurs : Gyula Cserepes, Pierre Piton, Denis Robert, David Zagari. J’ai aussi été ravi par la qualité de la création sonore de Stéphane Vecchione qui joue un rôle important dans la fabrication de cet univers halluciné.







mardi 27 novembre 2018

Qui veut tuer son chien?




Tout récemment, un habitant de Lamagistère (Tarn-et-Garonne) a pendu son berger allemand et l’a enterré dans le jardin*. Devenu incontrôlable, le chien avait agressé le voisin: «Je ne l’ai pas fait avec plaisir,  a déclaré le propriétaire pour justifier son geste, je n’avais pas d’autres solutions».  Considérée encore comme normale en milieu rural (éleveurs et bergers éliminent d'eux mêmes les chiens et les chats indésirables) cette pratique n’a pas plu aux juges qui ont condamné l’homme à 1.500 euros d’amende  et à l’interdiction de détenir un animal.


Si j’étais à leur place j’irais encore plus loin. Je proposerais de  rayer du dictionnaire le proverbe français « Qui veut tuer son chien l'accuse de la rage ». Cela donne de mauvaises idées tout en banalisant des comportements criminels.

*https://www.ladepeche.fr/article/2018/11/16/2907858-juge-maltraitance-animale-propre-chien-ai-pendu-enterre-jardin.

dimanche 25 novembre 2018

Motion contre la paléopornographie (et pour une moralisation de la culture)



Les archéologues italiens viennent de découvrir une nouvelle fresque à Pompei. Elle représente les échanges érotiques entre une femme (une certaine Léda ) et un gros palmipède. L’incitation à la zoophilie est évidente. Je propose de détruire l’œuvre   et de suspendre le financement de ces soi-disant chercheurs. 

vendredi 23 novembre 2018

Faut-il rétablir les procès aux animaux ?




Lundi 19 novembre, à mi-chemin entre Venise et l’Autriche. Le vétérinaire était en train de soigner un veau. Le père du veau s’est approché,  a transpercé d'une de ses cornes la poitrine du soigneur et l’a éjecté de l’enclos. Il y  a encore quelque temps, on aurait mis ce comportement  sur le compte de l'instinct animal.  Mais aujourd’hui, puisqu’on (re)découvre que même les animaux ont une sensibilité, une personnalité voire même le sens de la morale, la perspective a changé.

Ainsi, je propose  que ce taureau assassin soit jugé par un tribunal et mis en face de ses responsabilités*.

*Dépêche de dernière minute : j'apprends que le taureau n'a pas été jugé, il a tout juste été abattu. Ce n'était pas mon propos. Question annexe : va-t-on le manger?

mercredi 21 novembre 2018

Balance ton Botticelli


Michelangelo (et Daniele da Volterra) "Le jugement dernier" (détail).

L’autre, jour, dans le cadre de notre séminaire brestois, j’ai commenté quelques témoignages artistiques  illustrant les rêveries du chasseur. "Dans ses fantasmes,  je disais, le chasseur anthropomorphise sa proie et lui prête souvent des traits féminins". Lorsque j’en suis arrivé au célèbre récit de Boccace « Nastagio degli Onesti » mis en images  par Sandro Botticelli une dame s’est levée et m’a demandé de lui expliquer la scène. Elle a alors quitté la salle en déclarant : « Moi je ne reste pas ici, c’est de l’apologie du viol ».


Horrifié, j’ai pensé à Daniele da Volterra, surnommé « Il braghettone » (le faiseur de culottes) célèbre pour avoir  voilé les parties génitales des saints de la Capelle Sixtine  sur ordre du cardinal Borromée.

lundi 19 novembre 2018

Un grand merci à Ikea (Les animaux reconnaissants)



J’avais pris l’habitude d’associer Ikea à des pratiques peu sympathiques comme, par exemple, la vidéosurveillance du personnel. Eh bien, je me trompais. A Catania, en Sicile, lors de la dernière tempête, Ikea a hébergé des chiens errants. Et ceci, au milieu des meubles tous neufs, allongés dans la moquette, plein de cadeaux partout.  Des clients émus, sans qu'on leur demande, ont filmé la scène.
N'écoutons donc pas les rumeurs malveillantes : Ikea a une fibre philanthropique. Noël  approche, ouvrons nous cœurs*. 


* Je trouve ces chiens errants d’une docilité surprenante. C’est dire s’ils étaient fatigués.

jeudi 15 novembre 2018

La vérité du mythe


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Dans certains mythes des Aborigènes australiens  c’est le roitelet qui a transmis à l’humanité le secret du feu, en assurant ainsi le passage du cru au cuit et de la nature à la culture.  De l’autre côté de la planète, chez les Bretons, c’est aussi le roitelet qui a amené le feu chez les humains. Trop de détails concordent pour qu’il s’agisse d’une simple coïncidence. J'en déduis que  ça doit être vrai.

mardi 13 novembre 2018

dimanche 11 novembre 2018

Bien profiter de sa vie (pour la quitter plus volontiers)


Ce que j’aime dans la presse régionale c’est sa spontanéité. Il y a quelques jours, dans les Alpes de Vénétie, on déplorait la mort d’une femme tuée par la tempête. Deux journaux locaux ont sobrement reporté  les faits.  Un troisième, plus instinctif,  a tenu à préciser qu’il s’agissait d’une personne âgée. Ce n’était qu’une vieille, finalement  … .

Cela me rappelle une publicité des supermarchés Auchan :
« La vie Auchan. Elle a quelque chose de plus étonnant. Saumon fumé de Bretagne Captain Sea; avant d'être capturé et tranché, il a nagé 30.000 kilomètres à contre-courant. C'est dire s'il a bien profité de la vie ».

vendredi 9 novembre 2018

Aux frontières du Land art







Brest, Place Wilson. Dix-sept ballons sur le toit du kiosque à musique. Ce n’est sûrement pas un hasard. Mais alors, quel est le but ?*

* Le Monsieur en second plan, qui passe avec son petit chien, en sait peut-être quelque chose. Trop tard pour lui demander.

mercredi 7 novembre 2018

Les sangliers pullulent et le diesel est hors de prix.


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Ingénieux  habitant de Montluçon ayant trouvé le moyen pour parer simultanément à la prolifération des sangliers, à l’augmentation du prix du diesel et au foisonnement des amendes pour excès de vitesse. 

lundi 5 novembre 2018

Phallocrates des bois (les ébats magnifiques de certains cervidés)


 

« Ils sont étonnants ces gaillards bûcherons des forêts françaises. Lorsqu'ils tombent amoureux, si on ne fait pas trop de bruit, on peut les surprendre au bord des clairières braillant comme des forcenés et se castagnant mutuellement  avec une véhémence de boxeurs. C'est ainsi qu'ils séduisent leur futures épouses qui les attendent trépidantes dans un espace ombragé pour procéder à l'acte reproductif » (Auteur anonyme).

S’il s’agissait vraiment de bûcherons ce serait intriguant peut-être, mais indécent et politiquement douteux.

Tout change lorsque  le spectacle concerne des animaux d'une autre espèce.

« Tous les ans en automne, la forêt résonne de bruits de bois s’entrechoquant et d’un long râle, grave et profond. Ce chant guttural, c’est celui poussé par le cerf élaphe dans les forêts de France qui abritent encore des populations de ces magnifiques cervidés. Le brame, ce cri impressionnant à entendre, permet au mâle d’attirer à lui les biches pendant la saison des amours… Mais pas seulement. Le cerf élaphe brame aussi pour intimider et éloigner d’éventuels concurrents qui voudraient bien venir courir « ses » biches. Et quand aucun des deux mâles concurrents ne veut abandonner la partie, c’est l’affrontement à coups de bois. (…) Pour pouvoir observer ce magnifique spectacle, il convient de bien connaître le massif forestier le plus proche de chez vous, savoir s’il abrite bel et bien des populations de cerf et aussi chercher des terrains dégagés propices au regroupement des grands mammifères (Maxisciences)*.



*‏Compte certifié @Maxisciences. Les conseils de nos collègues @BestFriendsOMM pour bien découvrir le brame du cerf !

samedi 3 novembre 2018

L’Union européenne et le mauvais temps en Italie



Le jour après la tempête



Court séjour en Italie. Je contemple de ma fenêtre le fleuve Piave qui a quitté ses berges.  Il y a eu une grosse tempête.  Les forêts, en amont, ont été dévastées.  Ce n'est pas la première fois que cela arrive, je remarque néanmoins une anomalie : l’air est tiède. Une tempête africaine au cœur des Alpes et au mois de novembre ... je trouve la chose bizarre.  N'y aurait-il pas un lien avec les immigrés clandestins ? Autre hypothèse, plus vraisemblable ne s'agirait-il pas d'un complot de « ceux de Bruxelles » pour faire tomber le gouvernement italien?

jeudi 1 novembre 2018

Le domestique ou le sauvage ? Choix Cornéliens.




Encore sur la voiture sans conducteur censée  établir les priorités en matière de victimes événtuelles. Si ses freins devaient lâcher, doit-elle sacrifier le loup qui traverse la route juste à ce moment ou  bien Tina,  l’attachante   dalmatienne  de Madame Lorenzina Verdelli, institutrice à la retraite née à Poggibonsi le 23 septembre 1939 ?