samedi 31 août 2019

Cum grano salis (autour d'une initiative sans sel)



 
 Plaque publicitaire vintage
« Regarde, papa,  il y a un moineau ! Comment on fait pour l’attraper ? »  « Ah, c’est facile, tu n’as qu’à lui mettre un peu  de sel sur la queue ».  J’y tombais à chaque fois.  Je sortais avec mon sel, je bougeais très doucement … et je n’attrapais rien du tout. Il m’a fallu des années pour comprendre  que c’était une plaisanterie. La boite du sel Cérébos, telle que je l’ai découverte en arrivant en France,  me rappelait  cette époque lointaine où les adultes mentaient et moi je les croyais. Je la trouvais poétique. Maintenant, au nom de la morale, on l’a censurée : « On ne fait pas de mal aux petits oiseaux ! ». C’est moral et déprimant à la fois.

jeudi 29 août 2019

Autophagie (la vache qui rit)



Sorti de chez le boucher, j'ai regardé cette image censée donner à mon faux-filet un air joyeux. Faisant  partie de la catégorie de mangeurs   qui se posent  des questions sur le bien-fondé de l’alimentation carnée (comment pourrait-on les dénommer ? « Carnivores critiques » ? ),  je l’ai trouvée de mauvais goût. C’est de la vieille propagande : « Je donne mon corps à …  et je suis tout content ».

mardi 27 août 2019

Tant que l’ours n’y est pas




 

Heureusement que les loups n’attaquent pas les humains, parce que les ours, en revanche … . En fait, même de la part des ours, pour être objectif,  c’est rarissime*. Et ce n’est pas Julien Gauthier qui dira le contraire (ni  Valérie Théoret et son bébé, ni Wladimir Molinari, ni Nikolay Irgit, ni Aaron Gibbons, ni Atsushi Aoki, ni Patrick Flinders, ni S. Azarov, ni Colin Dowler, ni Lara Booth et Andi Bauer, ni Blazo Grkovic, ni ...).
 * Et c'est sans doute à cause du réchauffement climatique

dimanche 25 août 2019

Le retour des loups à Huelgoat


Juliette Fontaine : Anachorète

Ma rentrée s’est passée sous le signe du loup. Elle a coïncidé  avec  une rencontre à Huelgoat dans l’espace d’art contemporain  Méandres, animé par  Brigitte Mouchel et Julie Aybès. C’était autour de l’exposition  « Lorsqu’on parle du loup » (avec comme sous-entendu, peut-être : « lorsqu’on parle du loup on parle aussi de plein d’autres choses». Derrière l’hétérogénéité des regards j’ai cru saisir un point commun :  le caractère  « anhistorique » des animaux représentés. Le loup et le faisan dans la neige proposés par la photographe Julie Fischer, par exemple, semblent surgir de nulle part, prêts à resombrer dans le néant*.  Le merle filmé par Juliette Fontaine (il chante à tue tête contre le vacarme du périphérique parisien  et fait penser à ce Pékinois tout seul,  place Tiananmen, face aux chars de l’armée chinoise) est un merle exemplaire (il incarne le « devoir être » des oiseaux).  Les petits animaux esquissés par Isabelle Richard font bien partie d’un passé (le sien), mais ils restent énigmatiques comme les dessins d’un rébus. Chez Sophie Mei Dalby le repêchage des anciens bestiaires devient un prétexte pour explorer moins des animaux particuliers que l’animalité en général. Chimériques, les sculptures de Myriam Martinez, plus proches de la mythologie que de l’histoire, remettent en cause les frontières morphologiques qui nous séparent des autres animaux. Bref, apparitions fugaces, bêtes imaginaires,  emblématiques,  sans racines.

Au beau milieu de la réunion un chat en chair et en os, dans toute sa concrétude, a traversé  la salle. Il semblait dire : « Regardez-moi, je suis  vrai, je participe à l’histoire de ce lieu et de ces gens ». Mais lui aussi, finalement, faisait penser à un animal allégorique. Juste après, dans le public, une dame âgée a pris la parole pour nous parler de son enfance, lorsque les loups, à Huelgoat, étaient encore nombreux : « Pour aller faire pipi, le soir, les enfants sortaient en groupe accompagnés par des adultes ». On a pensé à un anachronisme, la dernière prime pour la suppression d’un loup, dans les Monts d’Arrée, datant de 1884. Mais c’était  peut-être une histoire vraie : celle que lui racontait sa grand mère. 

* Loup ou chien errant ?  On a de plus en plus de mal à trancher.


mardi 6 août 2019

Trêve estivale dans l'intérêt des animaux



 

Le temps court comme un fou et moi je le passe à exploiter les animaux pour leur faire dire n’importe quoi. C’est lamentable et lassant à la fois. Nous avons tous besoin d’une pause estivale (humains et non-humains, instrumentalisateurs et instrumentalisés). J’ai ainsi décidé de suspendre mes activités pendant deux semaines.  Bonnes vacances à tout le monde.

samedi 3 août 2019

Ce qui est vrai est sans prétention


Agneau présumé innocent

Plus j’y penseplus je réalise le potentiel subversif de l’adjectif « prétendu».

Exemple : « La prétendue innocence des agneaux »