samedi 29 février 2020

Mangez sain, mangez vénitien. Le coronavirus, les Chinois et les rats


 Image tirée de l'article : Prosecco Carpenè Malvolti premiato in Cina. Zaia “Una perla per i 150 anni” By Alvise Salice - 18 febbraio 2019*
Avez-vous jamais vu des Chinois manger des rats vivants ? Moi non, mais Luca Zaia, le gouverneur de la région Vénétie, en a vu. Ses électeurs aussi (« Nous avons tous vu, a-t-il déclaré il y a deux ou trois jours, des Chinois manger des rats vivants … ». Cela expliquerait, selon lui,   le fait qu’en Vénétie, au moment où il rendait publique son analyse, il y avait seulement 116 individus affectés par le coronavirus, dont  63 en pleine forme et seulement 28 à l’hôpital (alors qu’en Chine ils sont bigrement plus nombreux ).  C’est une question d’hygiène et de culture, a-t-il poursuivi.  Les Chinois ont  moyennement apprécié.
On  a fait remarquer au gouverneur que les gens de Vicenza, traditionnellement, sont qualifiés de « Mangeurs de chats ». D’autres lui ont rappelé que les Chinois, tout en mangeant des rats (et même des serpents et autres mygales, comme le précisent  des internautes proches de sa formation) sont aussi de grands consommateurs de Prosecco,  ce vin pétillant très à la mode produit, justement, en Vénétie.
Ou plutôt, ils étaient de grands consommateurs de Prosecco.
 * https://notizieplus.it/prosecco-carpene-malvolti-premiato-cina-zaia-perla-150-anni/

mercredi 26 février 2020

Love, love, love. La leçon du Palio de Sienne



 
Les quartiers de Sienne portent des noms héraldiques et se confrontent tous les ans à l’occasion du célèbre Palio. Chaque concurrent est épaulé  par des alliés. L’Aigle solidarise avec le Dragon, la Tour avec la Chenille.  La Giraffe  a trois acolytes :  la Chouette, le Porc-épic et la Panthère. Mais on a aussi des ennemis jurés. Le rival  de l’Oie est la Tour. Celui du Porc-épic est la Louve.  l’Aigle et la Panthère ne peuvent pas se saquer. On m’a expliqué que dans la logique du Palio sa propre victoire est moins importante que la défaite du rival. On se résigne à perdre, alors que le succès de l’Autre – de cet Autre-là qui alimente nos rancunes et nos envies - est insupportable. C’est une disposition psychologique assez répandue, pour ne pas dire universelle. Ce qui varie est son intensité. Chez certains elle est  imperceptible*. Chez d’autres c’est une raison de vie. Parfois la seule.
* D’ailleurs, est-ce que l’Abbé Pierre et Mère Teresa de Calcutta éprouvaient ce genre de sentiments ? Je l’exclus catégoriquement … .

lundi 24 février 2020

Le carnaval de Venise et le nuage de Tchernobyl (à propos du coronavirus)




Le nuage de Tchernobyl, on le sait, s’était arrêté à Ventimiglia   pour épargner la population française. Le coronavirus aussi a un comportement variable : il sévit dans les écoles et les universités mais il épargne les grandes concentrations de foule. C’est ainsi que le gouverneur de la Région Vénétie, Luca Zaia, a fermé les universités par précaution tout en laissant des milliers de touristes mélanger leurs haleines dans les ruelles de la Sérenissima pendant le carnaval. Mais il portent un masque, c’est vrai.   

samedi 22 février 2020

Incorporer


 
Je tombe au marché sur un cochon rôti*. La présence de sa tête vise à nous rassurer, je crois  et à nous donner envie de le déguster   : « C’est bien ce cochon-là que vous allez manger, regardez comme il est beau ». Je me demande  pourquoi voir la tête d’un cochon rôti déclenche chez certains (comme moi, par exemple), des désirs d'incorporation. Je quitte le marché en songeant au cannibalisme. 
*Ce n’est pas la première fois, je me répète.

jeudi 20 février 2020

Entre sciences et croyances : les hirondelles de Linné


Grand scientifique, auteur de la "nomenclature binominale", Carl von Linné a été accusé de glisser dans ses écrits des éléments légendaires, comme par exemple l’idée que les hirondelles, en hiver, ne mangent pas et passent la saison au fond des lacs et des rivières*.

*Je lis son texte : « Les hirondelles en automne, à l’approche du froid, lorsque les insectes et la nourriture viennent à leur manquer, cherchent un asile au fond des lacs et des rivières, entre les Roseaux et les Seirpes ».
Je trouve que la formule « au fond des lacs » ne veut pas forcément dire « sous l’eau », mais peu importe.

mardi 18 février 2020

Peut-on qualifier un chat d’assassin ?



Existe-t-il des chats délinquants ? Pourquoi pas ? Depuis qu’on sait que les animaux ont une intériorité, une conscience,  on peut bien imaginer qu’il y en ait de plus moraux que d’autres.
Hier, par exemple, le propriétaire d’un chat m’a raconté que son protégé a profité du fait que le petit chien du  voisin était resté la tête coincée sous la grille du jardin pour le mettre à mort. « C’était un chien tout petit … . Et mon chat est un costaud … un chat de gouttière. Il boîte, il  a des cicatrices partout, un baroudeur ».
Pour moi c’est une blague. Est-il possible qu’un chat tue un chien ? Comment aurait-il pu faire ? Je demanderai à un éthologue.  J’en profite pour rappeler qu’aujourd’hui, en Angleterre, c’est la fête du chat.

dimanche 16 février 2020

Du bon usage des taxinomies (comment classer à notre avantage)


 

Nous humanisons d’un côté (notre perroquet et notre ficus, par exemple), nous animalisons de l’autre.

Séminaire EHESS IIAC-LACI
De l’humain animalisé au vivant humanisé
Lundi 17 février 2020 de 15 h à 17 h (salle 2, 105 bd Raspail 75006 Paris)


Lancelot Arzel 
"Gibier humanisé, Africain animalisé? Représentations européennes des animaux et des hommes au temps des conquêtes coloniales en Afrique centrale à la fin du XIXe siècle".

samedi 15 février 2020

Affaire de l’Aisne : le suspens demeure *




 
Chien courant qui attend impatiemment  le verdict des experts
Les résultats ADN relatifs aux chiens courants soupçonnés d’avoir déchiqueté  une femme dans une forêt de l’Aisne tardent à nous parvenir. « On fera toute la lumière », a-t-on assuré. Pour l’instant, ce sont des promesses en l’air.
 
* Ce n’est pas le fait divers, évidemment, qui attire mon attention mais ce qui a été dit à son propos (l’animal comme prétexte).

jeudi 13 février 2020

Délit de faciès (être pangolin aujourd'hui)


 
Observez ce pangolin. Son regard est douteux. Il nous cache quelque chose.

mardi 11 février 2020

Avifaune romaine


Un paon à la Villa Médicis
Un paon se promène. Tout le monde le regarde. Moi aussi, naturellement, tout en me disant qu’il ne faudrait pas l'encourager*.  Je viens juste d'entendre que la chair du paon, chez les anciens,  symbolisait l’immortalité. Quand même ... Je scrute l’oiseau. Je goûterais bien à une cuisse.

* Il passe son temps à se pavaner.

dimanche 9 février 2020

Le Pape et l'oiseau


Un roccolo à Zogno, province de Bergame (image empruntée à l'Eco di Bergamo)

Très présent dans les campagnes de l’Italie du nord jusqu’aux années 1960, le roccolo était un dispositif de capture des petits oiseaux particulièrement efficace. J’en ai parlé l’autre jour, en marge du Colloque  Encager le ciel * où j’ai appris beaucoup de choses fabuleuses. J’ai attiré l’attention sur le fait que parmi les oiseleurs les plus célèbres et motivés on comptait des religieux. J’ai cité le cas exemplaire du Pape Léon XIII qui avait fait installer un roccolo  dans les jardins du Vatican. Pour faire le pitre, je n’ai pas résisté à la tentation d’en conclure : « Alors que Saint François parlait aux oiseaux, Léon XIII les mangeait »). À la fin de mon intervention un historien m’a approché  : « Il semblerait que le Saint Père, en fait, ne mangeait pas les oiseaux, il les donnait à son chat ».



* Encager le ciel Approches artistiques, historiques et anthropologiques des volières, Rome, 6-7-8 février 2020 Académie de France à Rome – Villa Médicis Sapienza – Università di Roma, Facoltà di Architettura.

vendredi 7 février 2020

La sagesse des poissons


Poisson taciturne dans les jardins de Villa Médicis, à Rome 
Je viens  d’apprendre que les poètes préfèrent se représenter comme des oiseaux dans une cage que comme des poissons dans un aquarium. C’est, paraît-il, parce que  les poissons sont muets.

jeudi 6 février 2020

L'humanité et ses environs



On les appelait « bêtes », autrefois. Mais c’est de plus en plus offensant. Appelons-les, plutôt, les « non-humains ».
J’ai déjà largement présenté l’ouvrage collectif consacré à cette nouvelle manière de nous rapporter aux (autres) animaux. Il vient de sortir, accessible dans son intégralité  à l’adresse suivante :  https://books.openedition.org/cths/9741

mardi 4 février 2020

Chien et chat (bonnet blanc et blanc bonnet)


Certains aiment les chiens. D’autres les chats*.

Après, bon … on n’est pas obligé d’aimer tous les chats. Ni de s'identifier à tous les amateurs de chats.

*Les meilleurs aiment les deux.  C’est ainsi qu’ils assurent leur supériorité morale sur ceux qui se limitent à aimer soit les chiens soit les chats.

dimanche 2 février 2020

Ressemblance et empathie




Le Conseil d’État italien vient de demander la suspension d’une recherche, menée par les universités de Turin et de Parme, comportant l’aveuglement d’un certain nombre de macaques à des fins expérimentales.  Les autorités académiques, de leur côté, « expriment leur préoccupation pour la remise en cause croissante de la liberté de recherche ». Comment s’y prendre ? Je regarde le portrait d’un macaque. Je trouve qu’il me ressemble un peu. Il me fait de la peine. Je suspends mon jugement.