vendredi 30 septembre 2016

Regressus ad uterum (billet ordurier)



Animaux allégoriques (Pere Abadal y Morató XVIIème siècle).

1) Dans de nombreuses langues, c'est bien connu, on utilise des noms d'animaux pour désigner familièrement les organes génitaux (les fruits et les légumes ont également un certain succès).

2) Tout aussi fréquente est l'utilisation des  qualificatifs "bête", ou "animal", pour définir un individu qui n'est pas très futé. 

3) Dans le langage courant,  on a tendance à  attribuer aux organes génitaux une certaine bêtise*. Et il y en a autant pour le masculin que pour le féminin. En français par exemple, de quelqu'un que nous n'apprécions pas, nous pouvons dire tout aussi bien : "C'est un couillon" que  "Il est con".  "Non fare il mona", dit-on en Vénétie, ce qui signifie :"Ne fais pas le con". La formule "Non dire cazzate" est  classique chez mes compatriotes  et signifie, littéralement : "ne dis pas des biteries". Les italiens disposent aussi de la formule "rincoglionire" qui signifie  "devenir couillon" voire, peut-être, "redevenir couillon", comme si la "couillonitude" était à la fois le point de départ et le point d'arrivée du genre humain.

Lorsque je lis la rubrique de La Repubblica consacrée aux animaux ("Lillo est un rat,  Lallo un chat,  et pourtant ils s'aiment comme deux frères siamois ..."*), j'ai la nette sensation de rincoglionire.  Ce retour à l'hébétude (ou à la clairvoyance?) prénatale m'angoisse et me rassure à la fois. 

Mircea Eliade qualifiait ce sentiment de Regressus ad uterum.   

*Le contraire est vrai aussi, mais jusqu'à un certain point.


* La rime est involontaire et le chat ne s'appelle pas Lallo. Cf : http://video.repubblica.it/edizione/genova/sanremo-la-sorprendente-amicizia-tra-un-gatto-e-un-topo/253018/253213?video=&ref=HRESS-22

mercredi 28 septembre 2016

Lapins



"Bien que confiné à longueur de journée dans sont terrier, le lapin prolifique est d'humeur musarde et vagabonde" (Gaston Phoebus, Comte de Foix).

L'illustration est charmante. La légende aussi. Je n'ai rien à ajouter.

lundi 26 septembre 2016

Encore sur la symbolique animalière et son interprétation




Emblème d'une association philanthropique nord-américaine. L'animal à plumes - vraisemblablement une dinde - est censé rappeler l'esprit joyeux et fraternel qui accompagne le repas de "Thanksgiving".  


On sait que  la signification d'un symbole dépend de sa position au sein d'un contexte. Le symbole "chien", par exemple, peut signifier aussi bien la fidélité d'Argos que la brutalité de Cerbère. Peu compte le référentiel concret, finalement, tout dépend de son emploi. Il n'empêche que, en fonction du message à exprimer, certaines espèces animales semblent plus appropriées que d'autres.  Pour représenter la paix, dans l'imaginaire occidental,   la colombe semble plus appropriée que la hyène ou le cobra. Pour mettre en scène notre toute-puissance et notre implacabilité, l'aigle semble  plus pertinent que le poussin ou la limace.

samedi 24 septembre 2016

Après la mort du chasseur, une bonne nouvelle


Touche pas aux animaux

Je ne sais pas s'il s'agit d'un cas d'homonymie (je me réfère au billet d'avant-hier).   Toujours est-il qu'un certain Enrico Rizzi, Président National du  Nucleo Operativo Italiano Tutela Animali Onlus (de nos jours les partis et les associations pullulent, ainsi que les présidents, ce qui crée de la confusion) vient de verser  1500 euros  en faveur des animaux victimes du tremblement de terre dans le centre de l'Italie*. Cette nouvelle nous rend  très heureux.  Ce qui me trouble légèrement (mais pendant mon enfance, je l'avoue,  les rapaces n'avaient pas bonne presse et j'ai été peut-être influencé)  est le regard de la bestiole choisie pour symboliser  l'association.

Comment doit-on interpréter ce rapace "pas gentil du tout"? Il nous faudrait l'aide d'un sémiologue, peut-être, ou d'un éthologue,  ou d'un spécialiste du psychisme humain.

*http://www.lagazzettatrapanese.it/noita-onlus-stanzia-1-500-e-per-il-soccorso-degli-animali-vittime-del-terremoto/


jeudi 22 septembre 2016

La mort du chasseur, Charlie et quelques autres.




Tous les ans, pendant la saison de la chasse, on déplore quelques morts. Il arrive que des chasseurs s'entretuent (c'est le cas le plus fréquent), qu'ils abattent quelques excursionnistes et autres ramasseurs de champignons parfaitement innocents, qu'ils tombent dans des ravins, qu'ils soient  terrassés par un infarctus (c'est fréquent aussi et cela fait grimper les statistiques).  Nous pouvons commenter la mort d'un chasseur avec une large palette de réactions allant de la tristesse à l'humour noir (à la manière des rédacteurs de Charlie hebdo, qui derrière leur style grandguignolesque ne sont pas dépourvus, pour qui sait les comprendre, d'une certaine humanité). D'autres, sans passer par la caricature, expriment tout simplement leur joie.

Voici le commentaire d'Enrico Rizzi, Secrétaire du "Parti animaliste européen" (?), à la mort d'un chasseur dans les Alpes italiennes  :

"Le président du Conseil Régional du Trentin est mort ce matin pendant une battue. Infâme, maintenant tu sais ce que mourir veut dire. Je suis très heureux"*.

Cette déclaration date de 2014. J'imagine qu'après une sortie de ce genre monsieur Rizzi a été évincé de la direction  du "Parti animaliste européen".

*Enrico Rizzi, segretario nazionale del Partito animalista europeo, su Facebook : "Il Presidente del Consiglio Regionale del Trentino è morto questa mattina durante una battuta di caccia. Infame, adesso sai cosa vuol dire morire. Sono felicissimo" 18-nov-14.  J'ai tiré cette information du site suivant : http://www.ilfattoquotidiano.it/2014/11/18/diego-moltrer-morto-segretario-partito-animalista-infame-sai/1218831/


mardi 20 septembre 2016

Le mimétisme et ses implications


Veste Actikam 500 imperméable camouflage Furtiv Solognac en vente chez Décathlon 


Il était parti à la chasse avec une veste un peau de chamois. De loin, hélas, il fut pris pour un chamois*


*Histoire vraie qui anticipe une série  consacrée à la mort du chasseur.

dimanche 18 septembre 2016

La vache qui rit et la fonction mythique



Cochons agiles quittant en douce la boucherie.


Poulets souriants, saumons  consentants, vaches enthousiastes à l'idée d'atterrir dans nos assiettes. Nous sommes entourés par des histoires bien sympathiques. Peu réalistes, peut-être, mais qui nous aident à oublier, à dédramatiser.

vendredi 16 septembre 2016

La leçon de Chicken Run



J'aime bien Chicken Run. Lorsque je regarde   ce  film d'animation je prends immédiatement parti pour les poules. C'est automatique. Dès les premières images je m'indigne et je commence à détester le couple de  fermiers qui empêchent les poules de (re?)gagner la liberté.  Des sadiques. Des dégénérés. Et leur chien aussi. Dans ce sens, je trouve leur déguisement en tortionnaires nazis particulièrement approprié. À la fin du récit - je n'ai pas honte de l'avouer -  quand la  meurtrière récidiviste s'enfonce dans une machine pour faire des tartes à la poule je m'en réjouis. Elle l'a bien mérité.  Elle espérait s'en sortir comme ça? Et puis quoi, encore? Quel monstre! Quelle ordure! Que justice soit faite!


Après le film, si je n'ai rien préparé à l'avance, je sors acheter quelque chose à manger. Un poulet rôti, par exemple.

mercredi 14 septembre 2016

Le chant des poules

Derrière moi, la forêt (pas un champignon, pour l'instant). En face,  un poulailler industriel. En chiens de faïence, sans solution de continuité,  le sauvage  et le domestique*. Par vagues, on entend la voix des gallinacés portée parle vent.



À mes pieds, bien entretenue, la tanière d'un renard. Rien de plus cohérent. Dans les mythes,  comme dans la réalité, le renard est un intermédiaire entre le domestique et le sauvage.




* Le sauvage, cela dit,  n'existe pas, tout le monde le sait (ou presque).

lundi 12 septembre 2016

Adopter un animal : un signe de quoi?

Propriétaire d'un chat mettant en scène son amour pour les chats


À première vue cela pourrait nous échapper, mais il existe quelques affinités  entre ceux qu'on appelle les punks à chiens et les forces de l'ordre. Pour des raisons différentes, les membres des deux catégories ont des problèmes d'image. Les premiers parce qu'ils donnent le sentiment de vouloir vivre (et boire) aux dépens des autres (je rapporte tout juste le cliché, dénué de toute analyse sociologique). Les seconds, parce qu'on les soupçonne, parfois, d'exercer ce qu'on appelle la "la  violence d'État" d'une manière peu orthodoxe (je rapporte tout juste le  cliché, dénué de toute analyse sociologique). Or, il s'avère que même chez les forces de l'ordre, de temps en temps, on adopte des chiens. Et lorsqu'on le fait, on n'oublie pas d'en informer les médias*.

                                           *

Le signe,  rappelait Roland Barthes en 1956, est la corrélation d'un signifiant et d'un signifié. Je prends des roses (signifiant), je les associe à ma passion (signifié) et j'en fais un signe : un bouquet de roses qui  signifie ma passion (Roland Barthes, Mythologies, Points essais, p.185).


Je prends un chien orphelin ou abandonné (signifiant), je l'associe à ma compassion (signifié) et j'en fais un signe : un chien adopté qui signifie mon humanitarisme et ma bonté.

Cela marche aussi avec les chats.


* Dernier en date, voici un exemple d'adoption philanthropique  issu du Corriere Della Sera du 8 septembre:

http://corrieredelmezzogiorno.corriere.it/bari/cronaca/16_settembre_07/cucciola-legata-guardrail-polizia-nota-poi-l-adotta-55c79f4

Inutile de préciser que la cible de ce billet n'est pas l'amour pour les animaux  mais la mise en spectacle (l'instrumentalisation à des fins narcissiques, rhétoriques, politiques)  de cet amour.  


samedi 10 septembre 2016

Le "double monstrueux" de Brigitte Bardot


Cruella  d'Enfer (en Italien Crudelia De Mon, ce qui fait peut-être encore plus peur). 


Figure mythique? Archétype? Cruella est une star qui représente au niveau planétaire "Celle qui n'aime pas les animaux". Si elle cherche à attraper des chiens c'est pour s'en faire un manteau. Brigitte Bardot aussi cherche à récupérer des chiens, mais pour des raisons diamétralement opposées.  Au sein du même champ sémantique (celui de l'intérêt pour les chiens), ces deux icônes forment un couple oppositif.



Avec quelques approximations, nous pourrions en  conclure que Cruella est aux forces du mal, ce que Brigitte Bardot est aux forces du bien.

jeudi 8 septembre 2016

Un maître bien attachant (exotisme et altérité)




Européen admirable et  son admirateur (à gauche, en short rayé).

"L'admiration naïve de l'indigène pour l'européen courageux, hardi et énergique, se transforme souvent en fidélité émouvante et à toute épreuve, dans un attachement de chien de berger". (Tiré du récit d'un gentleman italien à la chasse en Afrique aux débuts de années 1930).

mardi 6 septembre 2016

Melania est sauvée


Chien d'intérieur

N'appartenant pas aux races alpines, peu expérimentée en matière de Wilderness, Melania a disparu au cours d'une promenade sur le Monte Rosa. Désespérés, les propriétaires de cette chihuahua de trois ans ont collé des affiches partout. Deux semaine plus tard elle   a été retrouvée saine et sauve (La Repubblica on line du 6 septembre 2016). Cela frôle le miracle. Va-t-on la canoniser?

Pas de chance, en revanche,  pour les occupants des bateaux qui ont chaviré le même jour au large des côtes libyennes. On déplore au moins six morts et plusieurs disparus. (Cf. La Repubblica on line du 6 septembre 2016).

dimanche 4 septembre 2016

Nés sous le signe du hamster



Si j'étais alsacien, il faudrait peut-être que je décide à quelle espèce m'identifier  : la cigogne ou le grand hamster?  Lorsqu'on n'est pas raciste, toutes les bêtes se valent. Mais à côté de cela, hélas (ou heureusement), il y a l'imaginaire. Et dans l'imaginaire,  les bêtes sont classées et hiérarchisées. Personnellement, même si je ne le mériterais pas, j'aimerais mieux avoir comme blason une cigogne : elle me semble un animal spirituel et désintéressé  (pourquoi? À cause de sa maigreur, peut-être). Le hamster, en revanche, me fait penser à quelqu'un qui accumule. Il  voit une chose traîner et il décide qu'elle est à lui,  il la ramasse et il l'enfouit. Après, il oublie à la fois la chose et son emplacement. Mais peu importe, ce qui compte, pour lui,  c'est de thésauriser.

Ce que je dis de ce petit rongeur parcimonieux est parfaitement faux, bien entendu :  le hamster a sûrement de très  bonnes raisons pour engranger ce qu'il trouve et son comportement est sûrement utile pour le bon fonctionnement de l'écosystème. En fait j'ai inventé  cette description désobligeante pour projeter sur un pauvre animal des dispositions typiquement humaines. J'ai anthropomorphisé.


Sur la cigogne, le hamster et plein d'autres animaux, abordés avec finesse et humour, je renvoie aux études de l'ethnologue Colette Méchin.

vendredi 2 septembre 2016

Daniele da Volterra et ses épigones brestois (mots clé : cochons, castration, élus locaux, culottes)


Appelé Il Braghettone (le Grand culottier), le peintre Daniele da Volterra est entré dans l'histoire pour avoir couvert avec des draps les pudenda des saints de la chapelle Sixtine. C'était pour des raisons morales, sur commande de l'autorité religieuse (c'était l'époque du Concile de Trente, du cardinal Borromée etc.)


Les Saints de la chapelle Sixtine (après le passage de Daniele da Volterra).

Il semblerait que dans la ville de Brest le lobby des éleveurs porcins et ses représentants politiques aient réussi à faire disparaître des emplacements publicitaires une image tout aussi "scandaleuse" (mais sobre, ce qui n'est pas toujours le cas lorsqu'on met en scène la souffrance animale) dénonçant la castration à froid des jeunes cochons. 

Pourquoi ce rappel à la pudeur? Pour des raisons tout aussi morales que celles qui ont armé le bras du peintre italien, bien évidemment.


Image dénonçant la castration à froid des porcelets  (avant que les pressions dela "Filière porcine" n'obtiennent son enlèvement des espaces publics).*

* Pour en savoir plus je renvoie au site qui nous a été indiqué par Armelle C. dans le post précédent.