lundi 30 septembre 2019

Pour bien comprendre l’autre (humain et animal)



 

Sauvages dont on savait déjà tout bien avant de les rencontrer

On ne peut qu’être étonné par la finesse et la modernité avec laquelle Joseph-Marie de Gérando, à la fin du XVIIIe siècle, alertait ses  contemporains, prêts à partir pour des pays lointains, contre les risques de l’ethnocentrisme, à savoir contre la tendance à projeter sur les autres ses propres valeurs et sa propre conception du monde :

« Souvent, écrit-il, les voyageurs ont fait reposer sur des hypothèses, ou fautives, ou tout au moins douteuses, les récits qu’ils nous ont transmis. Rien ne leur est plus ordinaire, par exemple, que de juger les mœurs des sauvages par des analogies tirées de nos propres mœurs, qui ont cependant si peu de rapports avec elles. Ainsi, d’après certaines actions, ils leur attribuent certaines opinions, certains besoins, parce qu’elles résultent ordinairement en nous de ces besoins ou de ces opinions. Ils font raisonner le sauvage à notre manière, lorsque le sauvage ne leur explique pas ses raisonnements ».*

Les éthologues aujourd’hui, nous alertant contre le risque de surinterpréter les motivations de nos chats et de nos chiens,  tiennent le même discours pour ce qui concerne l’altérité animale.  

*J.-M. de Gérando, « Considérations sur les diverses méthodes à suivre dans l’observation des peuples sauvages », in J. Copans et J.Jamin, Aux origines de l’anthropologie française, Paris, Maspéro, 1976, p. 135

samedi 28 septembre 2019

Regarder la réalité en face



Il y en a qui, pour manger un morceau de viande, ne doivent pas penser à son origine. D’où le grand succès des steaks hachés, des merguez et des boulettes.  D’autres, assumant jusqu'au bout leur carnivorité, n’hésitent pas à manger  des pieds de porc, des queues de bœuf  et des têtes de veau.  C’était le cas, comme tout le monde le sait, de Jacques Chirac. À l’occasion de sa disparition,  je découvre  l’existence de la Confédération nationale des tripiers qui exprime dans un tweet sa "Tristesse d’apprendre le décès du Président Jacques Chirac, notre meilleur ambassadeur de la Tête De Veau, et grand amateur de produits tripiers". 
On dirait du Rabelais.

jeudi 26 septembre 2019

Je n’ai rien contre Greta




- T’as vu qui ironise sur Greta ?  Onfray, Bruckner et Finkielkraut.
- On ironise même sur le Bon Dieu en espérant qu’il ne se fâche pas trop, alors pourquoi pas sur Greta ?  Juste un peu, pour entretenir notre esprit critique.
- Toi aussi … cela ne m’étonne pas!
- Jésuite.

mardi 24 septembre 2019

À quand la viande in vitro pour les loups ?





Salvador Dali explorant les potentialités de la viande artificielle
Je viens d’écouter un entretien avec la sociologue Jocelyne Porcher (France Inter le 23 septembre 2019, à 13h30).  Dans un premier temps j’étais complètement d’accord avec elle :  « C’est vrai, me suis-je dit, la viande artificielle remettrait tout simplement en cause les élevages, le lien entre les espèces domestiques et la gastronomie, la survie même de ces espèces qui ne serviraient plus à rien ». Après j'ai pensé : « Il y aurait quand même des retombées morales intéressantes :  si on fournissait régulièrement  de la viande in vitro (on l’appelle comme ça) aux loups, on pourrait sauver des milliers de moutons ». J’ai vite compris les limites de mon raisonnement  et je suis passé à autre chose.

samedi 21 septembre 2019

Enchanteurs et désenchanteurs

"Brocéliande? C'est fini !". Mais pas du tout : les druides prolifèrent, les néo-chamanes aussi. La forêt bretonne, en tout cas, est en train de se moderniser.

jeudi 19 septembre 2019

Une modeste proposition pour protéger les loups


Il y a juste cinq jours, à quelques encablures de la Normandie … eh bien, on a aperçu un loup. Désormais ils sont partout.  Le gouvernementparaît-il, compte augmenter les prélèvements. Plutôt que d’abattre les loups, ce qui fait néanmoins de la peine,  je propose de les apprivoiser. Saint François y parvenait très bien. Saint Brieuc aussi.

mardi 17 septembre 2019

Être compris en tant que poisson



Poisson joyeux à l'insu de son plein gré

Tchouang-tseu et Houei-tseu se promenaient sur le pont enjambant la rivière Hao. Tchouang-tseu dit :

- Regarde les vairons, qui nagent et bondissent tout leur soûl. C’est ça qui rend les poissons heureux.

Houei-tseu dit :

- Tu n’es pas un poisson, alors comment sais-tu ce qui rend les poissons heureux ?

C’est ce qu’on demande parfois aux anthropologues* : « Tu n’es pas de chez nous …  tu  n’es pas un Piémontais, un Breton, un Inuit … Comment prétends-tu savoir ce qui nous rend heureux ? »**

* Mais il s'agit d'une provocation à laquelle il ne faut pas répondre.
** Tiré de : L'éternelle sagesse du Tao. Le rire de Tchouang-Tseu (textes choisis et commentés par Stephen Mitchell, Synchronique Editions, 2018

dimanche 15 septembre 2019

Devenir rouge-gorge




On appelle  récits étiologiques  les récits qui expliquent pourquoi les choses sont comme ça. Pourquoi le rouge-gorge a-t-il  la gorge rouge ? Parce qu’il a arraché une épine de la couronne du Christ.  Une goutte de sang est sortie de la plaie et son empreinte est restée. J’en ai parlé vendredi à un groupe d’étudiants. Certains ont compris, je crois. D’autres ont trouvé que je disais des bêtises.

vendredi 13 septembre 2019

Un vache anthropomorphe (et il n’y a pas de quoi rire)



 

J’ai bien aimé ce fromage. Je crois qu’il mérite sa médaille d’argent. Mais à l’étiquette, alors, je donnerais la médaille d’or.  Elle la mérite pour son caractère énigmatique. Normalement on insiste sur la naturalité de la vache : « Manger notre fromage c’est comme boire du lait ». La vache, ici est en costard cravate. Elle a même une coupe d'entrepreneur New Age.

Quel est le message ?

1) Mangez-moi parce que je suis un « Seigneur fromage »

2) Mangez-moi et vous deviendrez un PDG

3) Voici un fromage civilisé (nos vaches sont très sérieuses, rien à voir avec la vache qui rit)

4) Voici un fromage qui met tout le monde d’accord (les humains et les non-humains)

J’accepte d’autres propositions.

mardi 10 septembre 2019

Propos racistes à l'égard d'un chien


 
Peu d’idées, ce matin. Juste l’image de ce chien flamboyant dans un décor flamboyant. Tout est beau autour de lui. Le lévrier aussi est très beau, mais il n’a pas l’air de s’en rendre compte. C'est typique de cette race de chiens, paraît-il.

dimanche 8 septembre 2019

Qui est ce type ? Pour en finir avec la chasse au lion



Je cite un dernier passage qui permettra, je pense, d’identifier notre chasseur.e de fauves. En fait, il/elle ne chasse pas que les fauves :
« J’ai terriblement envie d’aller chasser un peu à nouveau. Sjörgen m’a donné – avec la maison, - un fusil qui est excellent. Ici, je dois me contenter de tirer sur les pigeons, hier, après-midi, j’en ai abattu 21 ».

vendredi 6 septembre 2019

Normalité et chasse au lion

 
 

Nouvelle tentative. Qui a écrit :  "En ce qui concerne les lions (…), tout ce que je peux dire c’est que je ne crois pas qu’un être normal puisse se trouver dans un pays où il y a des lions sans mettre son adresse à l’épreuve » ? Winston Churchill ? Karen Blixen ?  Jean Rouch ? Théodore Monod ?

mercredi 4 septembre 2019

Savoir-faire et sainteté




Lorsque j’étais enfant, en Vénétie, j’entendais des gens qui disaient (je traduis) : « Saint Pierre dit le vrai ». On jouait sur la rime entre « Piero » et « vero ». Parfois quelqu’un rajoutait : « Et sainte Anne dit le faux ». Là aussi on jouait sur la rime (« Anna » et « inganna »). Je me demande quelle créature méphistophélique peut avoir mis en circulation cette rumeur infondée, juste pour faire de l’humour. Toujours est-il que les saints sont extrêmement spécialisés. Si on a des problèmes de vue, inutile de s’adresser à Saint Martin de Tour, qui soigne les rhumatismes, il faut prier Sainte Odile.  Pour les maux de ventre le meilleur est peut-être Saint Brice, mais Sainte Émérentienne n’est pas mal non plus.
Pour réparer les chevaux on s’adresse à Saint Alar.

lundi 2 septembre 2019

Une balle en pleine poitrine

 

« Nous nous sommes éloignés en toute hâte mais nous pouvions le voir se déplacer à l’intérieur du buisson et l’entendre pousser des grognements de fureur ; cependant, nous ne savions pas exactement quelle partie de son corps nous faisait face et il s’agissait de ne pas prendre trop de risques en tirant au hasard ; mais, pour finir, il m’a semblé pouvoir distinguer sa silhouette, avec sa queue qui se balançait au milieu du buisson, et alors j’ai tiré et je l’ai atteint à l’épaule, - mais cela n’est rien pour une aussi grosse bête et il s’est lancé droit sur nous, comme un boulet de canon, et, crois-moi, la face d’un lion qui charge ne manque pas d’expression. Je lui ai logé une balle en pleine poitrine et il est tombé presque à nos pieds. La peau n’a rien d’extraordinaire ». 
Quel ton! Quelle assurance! Mais qui est ce type ? Ernest Hemingway ?  Le Baron de Münchhausen ?  Le docteur Walter Palmer ?