mercredi 30 septembre 2015

Les habits neufs de Lady Gaga



Recueillie par Hans Christian Andersen, la fable est célèbre : des escrocs prétendent savoir fabriquer un tissu exceptionnel que  seuls les  gens de qualité sont en mesure de voir. L'empereur, vaniteux, leur commande des nouveaux habits. Lorsque le vêtement est prêt, le souverain sort  en ville pour le montrer à ses sujets qui,   ne voulant pas passer pour des "bas de gamme",  font semblant de s'extasier.   Mais un enfant dans la foule s'exclame : "Regardez l'empereur : il est tout nu".

Incarnant à la fois l'empereur et l'enfant, Lady Gaga aussi est toute nue. Et dans sa nudité profonde, sous-cutanée, elle dévoile des évidences : la vanité de l'existence humaine (thème poétique et pictural parmi les plus classiques), le  lien symbolique qui associe l'acte alimentaire et l'acte sexuel. Plus  généralement,  elle nous invite à méditer sur  la partie "bifteck"  de la condition humaine, sur  notre "vianditude", pour ainsi l'appeler.

lundi 28 septembre 2015

Lady Gaga et la question animale.


Je ne connais pas trop l'univers de Lady Gaga. J'ai donc du mal a déchiffrer ses messages. Oui, parce que pour déchiffrer des  messages il faut connaître le code. Quand une maman dit à son bébé  : "Tu es tellement beau que je te mangerais", par exemple, il ne faut pas la prendre au pied de la lettre. Que veut donc nous dire Lady Gaga  lorsqu'elle apparait dans la couverture d'un numéro de Vogue (édition japonaise du septembre 2011)  avec un deux pièces minimaliste  en bifteck cru?  On lui a posé la question et elle a répondu : "Je voulais dire que si nous ne prenons pas position pour nos convictions, si nous ne combattons pas pour nos droits, bientôt ils seront aussi réduits que cette viande sur nos os". C'est peut-être vrai, mais les gens ne l'ont pas prise au sérieux. Ils ont dit qu'elle a copié une artiste d'avant-garde, qu'elle ferait n'importe quoi pour attirer l'attention,  qu'un bikini de légumes aurait été plus élégant.  Toujours est-il que sa performance  interroge :  nous nous habillons sans problème avec des restes d'animal desséchés (cuir, peaux, fourrures)  mais des restes d'animal  frais  suscitent  l'indignation.

samedi 26 septembre 2015

Question de mérites



 - "Pourquoi n'avez-vous pas tiré sur le cerf?"
- "Ah il était tellement moche qu'il ne méritait pas la balle".

Quelques jours plus tard :

- "Finalement vous l'avez tiré, ce cerf ... "
- "Eh ben oui : il était tellement moche qu'il méritait la balle".


Témoignage recueilli par Andrea Zuppi dans les Pyrénées orientales.

vendredi 25 septembre 2015

Trop c'est trop

"Le lièvre est parti en zigzaguant. Quand je tirais sur le zig, il était sur le zag, quand je tirais sur le zag, il était sur le zig. Il m'a rendu tellement furieux que je l'aurais tué". (Années 1980 : entretien avec un vieux chasseur de lièvres).   

jeudi 24 septembre 2015

Manger l'immangeable



Manger l'alose n'est rien par rapport à certains requins dont raffolent les Islandais. Le laimargue du Groenland, raconte l'ethnologue Emilie Mariat-Roy (j'anticipe un article qu'elle va publier bientôt, peut-être je ne devrais pas)  est une bête toxique. Pour le pêcher il faut se perdre dans  la nuit arctique. Puisque sa viande est infecte, on cherche à l'appâter avec quelque chose d'encore plus puant que lui, à savoir des entrailles de jument faisandées, des carcasses de phoques ou de marsouin pourris aromatisées avec de l'essence ou du goudron (de quoi faire hérisser les cheveux des membres de la fondation  Brigitte Bardot). Une fois la bestiole attrapée (5-7 mètres de longueur) il faut l'enterrer quelque part et attendre pendant des mois qu'elle dégorge ses humeurs miasmatiques. Si les Islandais raffolent de cette pitance peu ragoûtante, écrit Emilie Mariat-Roy, c'est pour des raisons symboliques que l'on ne peut pas résumer en quelques lignes.

Puisque j'ai commencé,  je dévoile le secret de ma collègue : c'est qu'en mangeant ce requin malodorant les Islandais mangent, quelque part, leurs ancêtres : élaboration du deuil, cannibalisme funéraire et expiation. Cela explique tout.


Le laimargue faisandé  n'est pas un mets très catholique. Mais il est vrai que, si on devait faire le tour des plats répugnants, la liste serait longue.

mardi 22 septembre 2015

Pêche à la sardine "no kill"




Poisson singulier, l'alose est bonne à manger entre Arles et Pont-Saint-Esprit. Plus au sud elle est trop salée, plus au nord pas assez. N'étant pas un délice, on la consomme pour des raisons essentiellement sociologiques  : on se réunit entre mangeurs d'aloses et on fait la fête. Le pêcheur d'aloses  est dans la norme lorsqu'il appartient aux classes populaires. Pour rendre comestible ce poisson indigeste on le fait  mijoter pendant six heures. L'eau de vie  dissout les nombreuses arrêtes. Tout est bon pour apprivoiser son goût barbare :  l'oseille, le fenouil,  les oignons et les tomates, le safran et le pastis.

Si on est issu des classes moyennes, à la place de l'alose on pêche la carpe "no kill". 1) On achète du matériel  high-tech chez Décathlon. 2) On sort une carpe du Rhône (petite, moyenne ou grande en fonction de la chance).  3) On fait un selfie avec  elle et on la rejette à l'eau.  A l'état actuel, on ne connaît pas de recette pour accommoder la carpe "no kill" .

(Voir, à ce propos : Carole Barthélémy, La pêche amateur au fil du Rhône et de l'histoire, Préface de Bernard Picon, Paris l'Harmattan, 2013).

Question 1) Pourquoi l'alose oui  et le chat non? (je parle du droit de publier la recette sans se faire importuner).

Question 2) C'est pour quand la pêche à l'alose "no kill"?


Question 3) Est-ce que les pêcheurs de carpes sont des antispécistes qui s'ignorent?

lundi 21 septembre 2015

Notre chat quotidien

 


Il y a quelques jours je proposais à Anna Mannucci, spécialiste de la question animale (Il nostro animale quotidiano, Il Saggiatore, 1997 etc. ), une recette vénitienne pour la préparation du chat. Ayant égaré le papier,  j'ai finalement renoncé. Eh bien, j'ai évité peut-être  des ennuis judiciaires. Un site publiant des recettes pour la cuisson des chats a déjà vu le jour (www.mangiagatti.com). Dans les heures qui ont suivi la publication  l'association "animaliste" Aidaa  (Assoc,iazione Italiana Difesa Animali & Ambiente: AIDA&A ...) a porté plainte et le site a été démantelé.  "Mais c'était pour rire", ont objecté les responsables du site. "Peu importe", ont répliqué leurs dénonciateurs, cela peut donner des mauvaises idées. La prochaine fois, qui sait,  ce sera le tour des éditeurs de Hansel et Gretel (les frères Grimm s'étant dérobés) : le conte est peu réaliste mais il peut donner des mauvaises idées.

samedi 19 septembre 2015

Bonnes nouvelles


Lion (Coll. Sergio Dalla Bernardina)


"Jericho est toujours vivant. Le polar sur la mort présumée du frère du lion Cecil s'est bien terminé" (Il Corriere della Sera du 2 août 2015). 

Voici une bonne nouvelle,  je commençais à m'inquiéter.

vendredi 18 septembre 2015

Personnes d'en haut et personnes d'en bas (encore sur les pilotes d'avion et la métaphore animale).




Est-ce que les jumeaux sont des oiseaux?

«Pour définir les jumeaux, les Nuer emploient des formules qui, au premier abord, semblent contradictoires. D'une part, ils disent que les jumeaux sont des "personnes"; de l'autre, ils affirment que les jumeaux ne sont pas des "personnes" mais des "oiseaux". (...).  Manifestations de puissance spirituelle, les jumeaux sont d'abord des "enfants de dieu" et - le ciel étant le séjour divin - ils peuvent être dits aussi "personnes d'en haut". Sous ce rapport, ils s'opposent aux humains ordinaires, qui sont des "personnes d'en bas". Comme les oiseaux sont eux-mêmes "d'en haut", les jumeaux leur sont assimilés. Cependant, les jumeaux demeurent des êtres humains : tout en étant "d'en haut", ils sont relativement "d'en bas". Mais la même distinction s'applique aux oiseaux, puisque certaines espèces volent moins haut et moins bien que d'autres : à leur manière, par conséquent, et tout en demeurant globalement "d'en haut", les oiseaux aussi peuvent être répartis selon le haut e t le bas. On comprend donc pourquoi les jumeaux sont appelés du nom d'oiseaux "terrestres" : pintade, francolin, etc.» (Claude Lévi-Strauss, Le totémisme aujourd'hui, Paris, PUF, 1962, p. 120-121)


Il s'ensuit que les pilotes d'avion aussi, par rapport aux astronautes, sont des pintades.

mercredi 16 septembre 2015

La métaphore animale


"Les rapports hiérarchiques,  vous savez ... dans le milieu de l'aviation les personnels qui ne pilotent pas sont appelés les "rampants", comme des animaux qui rampent". "C'est vrai?  Ça me rappelle quelque chose : j'étais à l'aéroport de Venise et je faisais la queue, classe touriste. A côté de moi il y avait deux pilotes italiens qui prenaient également l'avion en tant que passagers. "T'as vu?",  s'est lamenté  l'un des deux, "on nous a mis dans la  bétaillère". J'aurais eu envie de râler (de grogner, pour être plus précis),  mais je me suis retenu.

mardi 15 septembre 2015

Le treillis et le bébé


La Repubblica d'hier matin propose une photo qui interpelle. Elle a fait le tour du monde. On y voit des femmes soldats américaines, en treillis, qui, allaitent leurs bébés. Cette image, commente le journal, a été retirée de Facebook.   Pourquoi dérange-t-elle? J'ai du mal à me mettre dans la peau du censeur. La première explication qui me vient à l'esprit (je doute qu'elle soit la bonne)  c'est qu'il y a là un court-circuit symbolique. Dans les société traditionnelles, grosso modo, les hommes étaient censés "mettre à mort" et les femmes "donner la vie" (pour étayer cette généralisation je dispose de quelques références). Les femmes soldats de la photo  peuvent remplir les deux fonctions à la fois, ce qui est relativement novateur. On n'arrête pas le progrès.


(L'image  en question est visible dans le quotidien La Repubblica du 14 septembre et un peu partout ailleurs).

dimanche 13 septembre 2015

Le plaisir de tuer?




 Chasseurs  de faisans (et "porteur indigène") dans la plaine de Trévise (Cliché : Sergio Dalla Bernardina).

Pourquoi  la chasse? 

- Parce que c'est naturel, répond le chasseur. L'homme est un prédateur  et les prédateurs ont toujours poursuivi leurs proies. 

- C'est vrai?, lui demandent  soupçonneux les membres de l'Alliance neuchâteloise anti-chasse (je cite une association au hasard qui élabore sa théorie du chasseur sérial killer dans le site alliance.ne.antichasse@gmail.com). 

- C'est logique, réplique le chasseur.
- N'irais-tu pas à la chasse pour le plaisir de tuer, des fois?

- Alors ça ... pas du tout.
- En es-tu sûr?
- Croix de bois - croix de fer, si je mens je vais en enfer.
                                                     *

Le chasseur ne ment pas forcément : parmi ses mobiles il ne faut pas sous-estimer le plaisir de rentrer à la maison avec un beau lièvre (les lièvres sont toujours beaux ... ) dont il savoure d'avance le civet. La chasse au loup pose davantage de problèmes car l'argument gastronomique, dans son cas,  ne vaut pas grand chose. Après avoir tué un loup, en bon prédateur, le chasseur devrait le manger. Cela prouverait sa bonne foi.

vendredi 11 septembre 2015

Priorités (encore sur les loups)



Il y a quelques temps,  pour limiter le nombre des grands prédateurs, l'agronome et sociologue Raphaël Larrère suggérait de modifier leur statut : s'ils devenaient "espèce chassable" ils seraient gérés par les chasseurs comme  le reste du gibier. "Oui", ont rétorqué les amis des ours et des loups "mais cela ferait plaisir aux chasseurs". Mieux vaut  donc que les  carnassiers pullulent. 

jeudi 10 septembre 2015

Touche pas à mon loup

Ill. Coll. de Sergio Dalla Bernardina : "Loups d'antan".


Les vrais loups reviennent. Je ne parle pas des loups gentils, écologiquement irréprochables, défendus par l'association 30.OOO.000 d'Amis :  ces loups-là, presque végétariens, étaient revenus depuis un  moment. Je parle des vrais loups d'antan, ceux qui  faisaient peur au gens (les gens, on le sait, ont peur de tout). Ils sont revenus et, paraît-il,  ils commencent à exagérer.  Le Gouvernement français s'en est aperçu et vient  d'autoriser  l'abattage d'un certain nombre d'entre eux.  Les plus méchants.

mercredi 9 septembre 2015

L'ambivalence du rouge




Quel est le lien du billet précédent avec les animaux? Il s'agit tout juste d'une association d'idées. Mon attirance pour la boutique des pompes funèbres était liée au rouge éclatant de la vitrine, choix chromatique plutôt insolite dans ce genre d'entreprises.   D'autres boutiques, dans le passé, affichaient un beau rouge pétant. Il s'agissait des boucheries. Ce rouge, évidemment, rappelait le sang.  La symbolique du sang est ambivalente. Elle renvoie à la mort,  bien entendu,  mais elle rappelle aussi la vie, la bonne santé, le tempérament jovial.  Dans la médecine hippocratique le "type sanguin" est cordial et communicatif. L'allusion au sang, autrement dit, n'est pas forcément nécrophile.  Parfois les deux significations du rouge (et du sang) cohabitent : d'un côté on souligne (oui, parce que le rouge sert aussi à souligner), de l'autre on dédramatise.

lundi 7 septembre 2015

Est-ce que la mort parle latin?


Aujourd'hui je me promenais en ville. Mon regard a été attiré par un commerce avec une devanture toute neuve, d'un beau rouge "Ferrari" presque plastifié. De loin je n'arrivais pas à saisir le genre de marchandise proposé. En haut de la vitrine, en majuscules romaines, il y avait écrit SUBLIMATORIUM. Tiens, je ne connaissais pas ce mot. Qu'est-ce  donc un Sublimatorium ? Un club d'esthètes néoromantiques ? Un cercle freudien ? En approchant j'ai été déçu : on  y offrait des services funéraires. Pourquoi ce néologisme latin ? Je ne saurais répondre, mais peu importe : après tout, me suis-je dit, même les mots "funérarium" et "columbarium" sont latins. La mort, peut-être, préfère le latin.  

(En fait, les mots "solarium" et "vivarium" invalident mon hypothèse).

dimanche 6 septembre 2015

Formes d'excellence


Question : "Eh oui,  l'aigle est vraiment une bête majestueuse. Et les aiglons? Comment sont-ils les aiglons?"

Réponse : "Excellents, mais il faut savoir les cuire".


Extrait d'un entretien que j'ai effectué il y a très longtemps dans les Alpes piémontaises.

samedi 5 septembre 2015

Fromage de chien


Ill. : Cochon anthropomorphe de la fin du XIXème siècle (la Belle Époque). Coll. de Sergio Dalla Bernardina 

Non ce n'est pas vrai, le fromage de chien est tout juste un fantasme. Ce qui est vrai, en revanche, c'est qu'on a mis dans le commerce  du fromage de porc. Il coûte terriblement cher (3.000 euros le kilo) parce que pour traire le lait nécessaire il faut compter une quarantaine d'heures et mieux vaut le faire en cachette, pendant que la truie dort, sinon elle se fâche.  En principe il n'y a rien d'épatant, on mange bien les côtes du porc, voire même sa tête et tout le reste. Il n'empêche que cette nouvelle m'a légèrement désorienté (moi qui goûte presque tout). Pourquoi cette perplexité? Parce que le porc est omnivore?  Parce qu'il rappelle, dans sa morphologie, l'être humain (donc, cannibalisme ...)? Parce que le fromage de porc brouille les catégories, comme le dirait Mary Douglas? En tout cas, écrit Nicoletta Melone dans le Corriere della Sera du 2 septembre 2015, pour les porcs, élevés à d'autres fins que la charcuterie,  c'est une très bonne nouvelle.

Sur les raisons qui me poussent (nous poussent) à hésiter face à un fromage de porc (mis à part la question du prix), j'aimerais recevoir quelques suggestions.


vendredi 4 septembre 2015

Deux poids, deux mesures (encore sur l'âme chez les animaux).




Les chiens ont une âme, peut-être, mais qu'en est-il des porcs? Si la création de cimetières animaliers se multiplie, cela concerne essentiellement les animaux de compagnie.  Pas de grandes avancées, en revanche, dans la filière porcine.

Animistes et fétichistes.



Illustration :  têtes de sanglier et de chamois (pas très autochtone) dans un restaurant de Haute-Corse. Certains voient dans le "culte" des trophées (même des trophées de chez nous), des survivances animistes. On peut douter que ce soit toujours le cas. (Cliché Sergio Dalla Bernardina).



L'Église n'aime pas le terme "animisme", qui prête à confusion  : si toutes les cultures prévoyant l'existence d'une âme séparée de son support matériel (le corps) étaient "animistes", ce qualificatif vaudrait aussi pour l'Occident chrétien. A l'époque des missionnaires, pour faire la part entre nous et les animistes (qualifiés aussi d' "idolâtres"), on a préféré le terme "fétichisme" (est fétichiste celui qui vénère des fétiches). L'arrivée de la  psychanalyse a brouillé les cartes (est fétichiste celui qui etc.).

mercredi 2 septembre 2015

Les animaux et l'au-delà.


Vieille question : "Est-ce que les animaux ont une âme"? On ne peut pas généraliser, cela dépend des sociétés et des époques. Dans la Sardaigne de l'écrivain Emilio Lussu (1890-1975) les animaux avaient une âme, mais c'était parfois celle d'un humain :


« Le sanglier, écrit Lussu,  était plus rapide et ardent et frappait avec l’insistance d’un boxeur, sûr de l’emporter rapidement. Le verrat était terriblement calme et étudiait chaque coup. La confrontation dura moins d’une demi-heure et le sanglier tomba exsangue.  – Nos anciens (...) disaient que ces duels ne se produisaient pas par hasard, et que les mouflons, les cochons, le sanglier, les gagnants et les perdants étaient des âmes condamnées à de longues peines et appelées à subir d’autres dures épreuves avant que leur souffrance se termine ». ( E. Lussu, Il cinghiale del diavolo, Torino, Einaudi, 1975,  p. 20, ma traduction).

mardi 1 septembre 2015

Le "spécisme" n'est plus ce qu'il était.


"Ils vivent dans l'enchevêtrement de tanières adossées aux pentes escarpées du col de Tricarico",  écrivait Ernesto De Martino dans les années cinquante  à propos des paysans de Basilicate . "Ici, la lumière lutte encore contre les ténèbres et la cohabitation forcée des hommes et des bêtes suggère l'image d'une espèce humaine encore en train de lutter pour se distinguer des espèces animales (...)"  ...- ("Itinerari meridionali", in Furore, simbolo, Valore, Milano, Il Saggiatore, 2013, p. 121 - ma traduction).


60 ans plus tard,  cette lutte immémoriale pour se différencier des autres animaux semble avoir perdu (notamment chez les urbains)  une partie de sa légitimité.