dimanche 30 juin 2019

Zoologie fantastique et culture urbaine




Une fricassée de champignons avec son omelette d’œufs de lapin 
(plat typique de l’arrière pays milanais)


Un dimanche matin, il y a longtemps, avec des amis de Milan qui découvraient les délices de la campagne : « Giovanni, ma guarda che simpatici questi coniglietti ! Fanno le uova ? »*.


*« Regarde Giovanni, qu’ils sont sympathiques ces lapereaux! Est-ce qu’ils font des œufs ? »

vendredi 28 juin 2019

Les saisons et les chats



Foujita Autoportrait au chat



C’est honteux de ma part, je viens juste de  découvrir l’existence des haïku. J’ouvre au hasard et je tombe sur une version japonaise de nos histoires  de fidélité  interspécifique:

Aux fleurs de pruniers
je parsème de sardines
la tombe de mon chat

(Kobayashi Issa)


mercredi 26 juin 2019

Les bons goélands du temps jadis




 
Brest.  Goeland qui batifole dans un fontaine de la rue de Siam comme si de rien n’était.
« C’est horrible! Il y a un goéland dans le parc qui est en train de bouffer un pigeon ». Je suis descendu pour voir. Le goéland était très nerveux  et regardait à droite et à gauche. Dès qu’il m’a aperçu il a saisi le pigeon et a décollé à toute vitesse. On aurait dit un épervier.  Ça nous a impressionné. Pourquoi ? Parce que les goélands d’autrefois, on s’est dit, ne se comportaient pas comme cela. Mais c’est peut-être faux.

lundi 24 juin 2019

Tout est bon pour le cochon


Cochon tatoué de Wim Delvoye

L’histoire est  glauque. Je ne devrais pas en parler, et encore moins faire de l’humour. C’est toujours par rapport à la question des stéréotypes ethniques. On accusait les Sardes (pas tous les Sardes, seulement les kidnappeurs Sardes) de se débarrasser du kidnappé en le faisant manger par les cochons. Selon les spécialistes, c’était dans l’ « ethnostyle » régional. Eh bien, ces spécialistes  avaient tort.  On vient de découvrir qu’un éleveur de  Velo d'Astico, près de Vicenza, a fait disparaître le corps de sa concubine, une Roumaine de 31 ans, en adoptant la même technique. On le soupçonne d’avoir  profité du même dispositif pour éliminer, quelques années auparavant, sa première épouse, d’origine italienne celle-ci. A-t-il copié les Sardes ou  s’est-il inspiré d’une tradition locale ?   Difficile à établir. Les cochons de Vénétie, en tout cas, ont réagi  comme leurs homologues de Sardaigne.

vendredi 21 juin 2019

mercredi 19 juin 2019

Drôle de championnat (mon chien est plus abandonné que le tien)




Je viens de lire qu’en France, “toutes les heures on abandonne plus de 11 animaux domestiques, soit environ 100.000 abandons par an, dont 60.000 l'été”*. C’est le record d’Europe, paraît-il. Comment expliquer ce résultat qui remet en cause bien des clichés ethniques?** Je connais quelqu’un qui saurait répondre sérieusement à cette question.  Personnellement  (mais je n’ai aucune compétence en la matière), je dirais que cela dépend  du “taux de zoophilie” des différents pays  : plus il y a d’amis des animaux, plus il y a d’abandons.  Si les amis n’étaient  que la moitié, les abandons se réduiraient de 50%.

* https://www.planetoscope.com/Animaux/1258-abandons-d-animaux-domestiques-en-france.html

** Oui, parce qu’on aurait tendance à penser que les irresponsables vivent de préférence dans les pays chauds.

lundi 17 juin 2019

La maman des choucas





L’autre soir, dans l’arrière-pays breton, j’ai pris en photo ce corvidé.  C’est un choucas, je pense. Il m’a à peine accordé un regard et a continué sa promenade. On aurait dit qu’il méditait. Je me suis renseigné sur ses caractéristiques et je suis tombé sur cette information surprenante :  si, en ouvrant les yeux pour la première fois, un choucas croise le regard de l’éthologue viennois Konrad Lorenz, il pense automatiquement que c’est sa maman. Cela doit le perturber pas mal.

samedi 15 juin 2019

" Sauvage toi-même! ". Pour le respect des espèces pas encore domestiquées




 
 Chien savant en bronze des années '30
À l’époque de Morgan et Tylor  on parlait avec désinvolture de «  sauvages » et de « civilisés ».  Après, on a compris que c’était injuste et discriminatoire.  L’éthologie contemporaine a montré  que même les animaux ont une culture (des mœurs, des dialectes, des connaissances, des techniques qui varient d’un groupe à l’autre). Il faut donc arrêter de qualifier les animaux sauvages de « sauvages ». Je propose de les appeler, dorénavant, « animaux autrement civilisés ».

jeudi 13 juin 2019

Comment multiplier le gibier sur le territoire national ? Un conseil aux chasseurs


Tintoretto, La création des animaux, 1551-52 
Je continue avec mon histoire de « rituels ascétiques ». En résumant les analyses de l’anthropologue autrichien Gerardo Reichel-Dolmatoff, son collègue français Philippe Descola décrit ainsi l’écologie des Desana, population amazonienne qui ne compte désormais que quelques milliers de représentants :
«  Afin d’éviter les déperditions entropiques, les échanges d’énergie entre les différents occupants et régions du monde doivent  être organisés de telle façon que les prélèvements effectués par les humains puissent être réinjectés dans le circuit. (…) Le moyen le plus commun de parvenir à ce résultat est l’abstinence sexuelle. En bridant ses désirs charnels, le chasseur opère une rétention et une accumulation d’énergie sexuelle qui pourra rejoindre le stock général de puissance fécondante en circulation dans l’univers et bénéficier ainsi à la reproduction des animaux chassés »*.
* Philippe Descola, Par-delà nature et culture, Paris, Gallimard, 2005, p. 473

mardi 11 juin 2019

Faux rapprochements


Il y a longtemps, en lisant les mémoires d’un chasseur des débuts du  XIXe siècle  j’avais été frappé par ses invitations à la sobriété. « Le bon chasseur – disait-il à peu près – doit partir le sac  vide, en amenant avec lui juste un oignon, de l’eau  et du pain sec ». Je trouvais la chose peu logique. À l’époque - j’étais encore naïf et je croyais aux rapprochements transculturels -  j’avais interprété cette coutume comme un « rituel ascétique » pour employer le langage d’Émile Durkheim*  : « Je renonce à quelque chose (manger, par exemple), pour avoir autre chose en échange (un chamois, par exemple) ».    
Émile Durkheim, Les formes élémentaires de la vie religieuse, [1912 ]Presses Universitaires de France, 5e édition, 2003

dimanche 9 juin 2019

Balance ton abeille



Je découvre l’existence  du Grand Indicateur. Il s’agit d’un oiseau endémique de l'Afrique subsaharienne. Lorsqu’il repère un essaim d’abeilles il en signale la présence aux chercheurs de miel.  Ces derniers arrivent sur place, détruisent le nid à coups de machette, prélèvent le miel et laissent au délateur la cire et le  couvain, dont il est friand. Ce que j’aime c’est son nom, qui se prête à toute une série de parallélismes.

vendredi 7 juin 2019

Éloge de la proie





Les antispécistes de Lille ont été condamnés. C’était prévisible, même en reconnaissant  leurs bonnes intentions. En tout cas,  je les trouve cohérents. Pourquoi s’en prendre seulement aux bouchers ?  Même les poissonniers sont des prédateurs. 
Que le monde serait meilleur s’il n’y avait que des proies.

mercredi 5 juin 2019

Anthropomorphisme. Interprétation et sur-interprétation



 

Je me pose des questions sur le comportement de la mouche que je viens d'immortaliser. En approchant d’une goutte de lait qui traîne sur la table elle joint ses pattes antérieures de façon énigmatique. On dirait un rituel. 
1) Elle se frotte les mains avant de se mettre à table.
2) Elle se nettoie les mains avant de se mettre à table.
3) Elle remercie le Bon Dieu avant de se mettre à table.

« Cette myopie techniquement appelée “anthropomorphisme”, le fait de penser que les animaux sont comme nous dans leurs sentiments et leurs besoins, a moult conséquences non seulement sur nous les humains, mais sur les autres espèces ».  (Extrait de la revue À bâbord    N. 45 - été 2012.   L’anthropomorphisme et ses dérives).

lundi 3 juin 2019

Comment réduire le nombre d’étourneaux



 
Maintenant on ne les voit pas trop, les étourneaux, mais en hiver ils pullulent. Le discours concernant ces oiseaux grégaires prévoit trois étapes :
1) On magnifie leurs évolutions au coucher du soleil  
2) On déplore les effets de leur stationnement en ville
3) On en profite pour montrer qu'on a vu le film  d’Hitchcock

Les étourneaux seraient moins nombreux si les gens savaient qu’ils sont comestibles.

Voici une bonne recette proposée par la Fédération des Chasseurs des Deux-Sèvres :  

Plumez, nettoyez, brulez vos étourneaux et désossez les. Coupez grossièrement toutes les viandes (300 g de filet mignon de porc, 250 g de graisse de porc), ajoutez le thym, les baies, coupez grossièrement l'oignon et recouvrez le tout avec l'eau de vie. Mélangez bien et mettez au frais pendant 24 h dans une terrine couverte. Le lendemain, retirez les baie de la préparation le thym et le laurier et passez le tout au mixer. Chemisez un moule à terrine avec la pancetta coupée en fines tranches de façons à couvrir tout l'intérieur de votre moule. Versez la préparation dans le moule et terminez par une couche de pancetta. Faites cuire a 180°C au bain marie pendant 2h30.*

*Ce  post est le sept-centième. Il faut être fous.