vendredi 31 mars 2017

Le sentiment de la nature




Poissons divaguant dans un restaurant chinois


Le sensibilités changent. La mienne aussi : je commence à trouver  que les poissons d'avril mériteraient un peu plus de respect.

mercredi 29 mars 2017

Les animaux : une bande d'ivrognes




Conversation dans un bar :  

- Les élans sont gentils, mais pas toujours. En Suède, par exemple ...  il y en a qui ont mangé des pommes fermentées ... ils ont semé la terreur.

- Les vaches bretonnes  c'est pareil - rajoute le barman.  Lorsqu'elles ont avalé un truc fermenté il faut  faire attention : elle foncent.

- Et les merles alors, ils bouffent  une cerise bien mûre et se mettent à chanter comme des crooners.


- Et t'a jamais vu les moineaux? Au mois d'août, lorsqu'il fait  chaud, ils s'empiffrent de blé ...  ils se soulent, ils démarrent très bas et ils s'écrasent contre ton  pare-brise comme des autocollants.

lundi 27 mars 2017

Des traces de vache dans mon diesel




"Met un tigre dans ton moteur", suggérait la compagnie pétrolière  Esso lorsque j'étais gamin. Je m'en souviens comme si c'était hier : en faisant le plein on avait droit à une queue de tigre assez réaliste dont on ne savait strictement pas quoi faire.

Je viens de lire dans la revue Alternatives végétariennes* que dans notre moteur, aujourd'hui, nous mettons du porc,  de la vache, peut-être même du poulet sous la forme de biocarburant (on extrait la graisse  et on la recycle).

Ce qui me trouble c'est ce que je trouve tout à fait normal de faire fonctionner mon corps avec du carburant animal. Le fait d'y faire marcher ma voiture, en revanche, ma parait malsain, obscène et macabre. 

Cela laisse planer  des doutes sur ma rationalité.   


*http://www.vegetarisme.fr/graisse-animale-carburants/

samedi 25 mars 2017

Tués comme des thons


Mattanza


Anche la traccia della macchina usata per la mattanza, la Hyundai Tucson, pare portare a Birminghham (Même le pistage de la voiture utilisée pour la mattanza, une Hyundai Tucson, semble amener à Birmingham) (La Repubblica, 23 Mars)

Mattanza : Ultimo momento della pesca ai tonni, durante il quale questi vengono arpionati (dernier moment de la pèche aux thons, pendant lequel ils sont harponnés).


Pendant la mattanza on reproche aux pêcheurs d'être  habités par une sorte de fureur.  D'autres parlent d'inspiration.


jeudi 23 mars 2017

Le chamois des Monts d'Arrée



Bête mystérieuse et coucher de soleil 


C'était au coucher de soleil. En marchant dans la lande, qui rappelle une prairie alpine mais seulement en apparence,  j'ai atteint des rochers du genre : "si j'étais un druide j'officierais ici". Dans ce décor hiératique j'ai relevé des crottes fraiches, savamment disséminées, très semblables à celles d'un chamois. "Dans les Monts d'Arrée, me suis-je dit, il n'y a pas de chamois". Je me suis hissé jusqu'au rocher le plus haut (côté altitude, en Bretagne,  tout est relatif) et soudain  j'ai aperçu la bête.  Elle regardait vers moi, immobile. Une chèvre sauvage? Improbable. Une version herbivore de la bête du Gévaudan? Encore moins. Je l'ai immortalisée avec mon portable et, silencieusement, j'ai repris mon chemin vers le bar associatif de Botmeur où l'on m'attendait. La bête, sans bouger, m'a suivi du regard. J'ai pris une dernière photo à partir de la voiture. On l'aperçoit à peine, parfaitement intégrée dans le  paysage comme dans un récit de pétrification*.

* Selon certains (les désenchanteurs), il  s'agirait d'un jeune bélier de race anglaise. C'est vrai que les Anglais, dans la région, ne manquent pas.

mardi 21 mars 2017

Question des tiques




Il faut arrêter de dévaloriser certaines espèces animales et végétales :  chacune à sa manière contribue au fonctionnement de l'ensemble. Prenons la tique : c'est vrai qu'elle pompe notre force vitale tout en nous transmettant des maladies (chercherait-elle à nous entraîner dans son destin peu glorieux?) mais elle nous offre en échange un précieux support allégorique.

Cela dit, j'ai du mal à imaginer qu'elle arrive à remplacer, même dans un avenir politiquement plus correct,  l'aigle, le lion ou autres vedettes de la tradition héraldique*.


*Une célèbre étude du biologiste et philosophe  Jakob Johann von Uexküll montre à quel point ce que je viens de dire sur la tique est bête et méchant.

dimanche 19 mars 2017

Pour une médecine vraiment généraliste






Je suis tombé sur  cette affiche à l'Intermarché de Huelgoat. Je la trouve amusante et prophétique à la fois.

"Spécisme : le spécisme (ou espécisme) est à l'espèce ce que le racisme est à la race, et ce que le sexisme est au sexe : une discrimination basée sur l'espèce, presque toujours en faveur des membres de l'espèce humaine (Homo sapiens)". (Cahiers antispéciste n.5)


La discrimination est arbitraire et il faut donc l'abolir. Ceci entraînera  la disparition simultanée de l'Ordre des médecins et de celui des vétérinaires.

vendredi 17 mars 2017

Mors tua (autour de la souffrance animale)



Anna Mannucci, journaliste et spécialiste du droit des animaux vient de me livrer une théorie très originale  sur le sens caché de la vivisection. D'après elle,  cette pratique cruelle répondrait moins à une logique d'ordre rationnel qu'à un raisonnement typique de la pensée magique :  plus nous faisons souffrir les animaux, moins de souffrance restera pour nous. 


Je reviendrai sur cette trouvaille  passionnante.

mercredi 15 mars 2017

De toutes les couleurs


Caméléon

Déception? Je viens de lire dans le Corriere della sera que si le caméléon change souvent d'apparence  ce n'est pas pour se dissimuler dans le milieu environnant :   il adapte sa couleur à ses états d'âme. Lorsqu'il rit à contrecœur il devient jaune, lorsqu'il pense au futur il est  rose ou noir (tout dépend  de son tempérament).  S'il a peur de l'inconnu il devient vert ou bleu (en fonction du climat et des traditions régionales).

Bref, le caméléon du Corriere della sera  est moins stratège qu'un caméléon classique, mais tout aussi sympathique.

lundi 13 mars 2017

Nier l'évidence


L'abolition des frontières ( Matthew Barney,  Cremaster 4: The Loughton Candidate)

L'adjectif "négationniste", au départ,  désignait des individus particulièrement abjects niant la réalité de l'holocauste et autres génocides. Dans l'usage courant ce terme tend à prendre des connotations plus génériques pour indiquer l'attitude de celui qui nie, en dépit de toute évidence, la réalité de certains faits ("La  négation - lit-on dans le Petit Robert -  est un acte de l'esprit qui consiste à nier, à rejeter un rapport une proposition, une existence  : Négation de Dieu. Négation de la vérité, des valeurs" ... ).


Pour certains, dans ce sens,  est "négationniste" celui qui nie la  proximité des humains et des non humains. Pour d'autres est "négationniste" celui qui nie la distance qui les sépare.

Je saisis l'occasion pour annoncer notre séminaire qui aura lieu aujourd'hui même : 

Séminaire EHESS-IIAC-Centre Edgar Morin
Appropriation de la nature, entre remords et mauvaise foi : la prédation comme spectacle

Le 13 mars, de 15h à 17h en salle 10
EHESS, 105 bd Raspail, 75006 Paris

Anne-Marie Brisebarre
Laboratoire d’anthropologie sociale

Voir et montrer la mort animale.
Régimes de visibilité et d’invisibilisation du sacrifice sanglant 2.

Reprenant le titre de la séance de séminaire d’Olivier Givre du 9 janvier 2017, je poursuivrai la réflexion et le comparatisme sur le statut du sacrifice musulman en milieu urbain (visibilité / invisibilisation), à partir de mes observations et des entretiens avec les acteurs en France, au Maghreb et en Afrique de l’Ouest (1986-2016).

Ayant été auditionnée en juin 2016 par la commission parlementaire sur « les conditions d’abattage des animaux dans les abattoirs français », je m’interrogerai aussi sur l’utilisation militante de la vidéo clandestine et du web pour dénoncer ces pratiques, qu’il s’agisse d’abattage rituel ou conventionnel. Peut-on – doit-on – montrer la mort animale ? à qui (ministères concernés, professionnels de l’abattage, consommateurs…) ? dans quels buts (amélioration des pratiques, fermeture d’abattoirs, arrêt de la consommation carnée…) et avec quelles retombées ?

Références
A.-M.Brisebarre (dir.), 1998 – La fête du mouton. Un sacrifice musulman dans l'espace urbain, Paris, CNRS éditions, col. "Méditerranée".
A.-M.Brisebarre (éd.), 1999 – Mort et mise à mort des animaux, Études Rurales, 147-148, janv.-déc. 1998 (N° spécial).
P.Bonte, A.-M.Brisebarre et A.Gokalp (dir.), 1999 – Sacrifices en islam. Espaces et temps d'un rituel, Paris, CNRS éditions, col. "Anthropologie".
A.-M.Brisebarre, 2003 – "Le mouton du sacrifice de l'Ayd al-kabîr dans les articles et les caricatures de presse", pp. 309-324 in P.Bacot, E.Baratay, D.Barbet, O.Faure et J.L.Mayaud (dir.), L’Animal en politique, Paris, L'Harmattan.
A.-M.Brisebarre et L.Kuczynski (dir.), 2009 – La Tabaski au Sénégal. Une fête musulmane en milieu urbain, Paris, Karthala, col. "Hommes et sociétés".
A.-M.Brisebarre, 2010 – "De nouvelles façons de fêter l’Aïd al-kabîr/Tabaski ?", The Maghreb Review, London, Vol. 35, 1-2 : 164-178 (N° spécial : La Mauritanie contemporaine: enjeux de mémoire et nouvelles identités).


samedi 11 mars 2017

Rencontres chimériques dans les Monts D'Arrée





Animal insolite chassé dans les environs de Brennilis



La propriétaire du bar, à Saint Cadou, m'a assuré qu'il s'agit d'un Dahu : "J'en suis certaine, c'est moi-même  qui l'ai commandé". Pour moi c'est plutôt une Licorne (une variété très rare, de la famille des léporidés). Nous sommes restés sur nos positions.



Chimère :  "Animal fabuleux ayant la tête et le poitrail d'un lion, le ventre d'une chèvre et la queue d'un serpent. Être ou objet bizarre composé de parties disparates, formant un ensemble sans unité" (Dictionnaire de français Larousse).

jeudi 9 mars 2017

Le fait d'avoir un cheval



Honoré Daumier (1808-1879)



"Je descendais seul, à pied, par un sentier étroit et rapide, une montagne au-dessus de Courmayeur ; j'atteignis un homme du pays, monté sur un mulet qui était chargé de deux grosse balles de foin : il allait fort lentement ; j'aurais voulu le devancer et je ne pouvais pas, à moins qu'il ne rangeât son mulet ; je le priai fort honnêtement de le faire, en lui représentant que les mouches de son mulet et la chaleur m'incommodaient beaucoup. Cet homme, qui crut sûrement que je n'allais à pied que parce que je ne pouvais pas mieux faire, me répondit d'un air de dignité vraiment comique «que je devais prendre mon mal en patience, parce qu'il était fort naturel que les gens qui allaient à pied souffrissent quelque chose de ceux qui étaient à cheval ». Cependant il me laissa passer, sans doute pour me faire sentir doublement sa supériorité".  Horace-Bénédict de Saussure (1740-1799) Premiers voyages au Mont-Blanc, Club des Libraires de France, p. 218

lundi 6 mars 2017

Lorsque le monde sera « végétarisé »


Un exemplaire des Cahiers Antispécistes

Je suis très fier. J'ai eu l'honneur d'être cité par les Cahiers Antispécistes à propos de l'ouvrage de Catherine-Marie Dubreuil :    Libération animale et végétarisation du monde — Ethnologie de l’antispécisme français, CTHS — 2013

Quelque chose me dit qu'ils ne sont pas trop séduits par mon point de vue. Ils écrivent par exemple (c'est presque tout) : "Comment la suspicion, voire le cynisme de Dalla Bernardina seront-ils perçus, lorsque le monde sera « végétarisé » et qu’on n’aura plus besoin de se dire antifasciste, antispéciste, féministe, ou végane ?"  


Ils n'ont pas tous les torts. Moi aussi, parfois, je me pose la question.

samedi 4 mars 2017

L'avenir de la faune sauvage


Haute-Savoie : sauvetage d'une famille de têtards* 

Le cerf Gustavo ne veut pas mourir. Il est vieux, il a des rhumatismes, s'il passait l'hiver dans les bois il serait emporté par un bronchite foudroyante. Alors à l'arrivée de l'automne, lorsqu'il commence à faire froid, il se rend chez Romeo, éleveur piémontais,  qui l'héberge  jusqu'au printemps.


L'histoire est touchante et inquiétante dans ce qu'elle a de prophétique. En fait, si les animaux sont des proches de l'homme  - les sauvages comme les domestiques - pourquoi leur refuser les  soins que nous réservons aux humains? Je vois ainsi venir une   génération d' "Anges des bois" (version sylvestre des "Anges des autoroutes" qui sauvent  les crapauds amoureux des roues des camions)  profanant  le silence des forêts pour réconforter  les vieux mâles alpha expulsés du groupe. Je les vois en train de prolonger la vie des mouflons grabataires, donner des cours d'orientation aux écureuils, égayer les nuits tristes des hiboux ...

J'ai emprunté cette image au site : http://www.la-salevienne.org/CPA-max.php?Indcart=111#centre

jeudi 2 mars 2017

Tout est bon dans le taureau





Taureaux recyclés


"Nous pensons que les design est environnement : tables chaises, lumières, tout ce que nous exposons nous l'utilisons pour de vrai, disent Sam Pratt et Valerio Capo, créateurs de la galerie FUMI, à Shoreditch" (Grazia Casa, Juillet-août 2013).