mardi 30 mars 2021

Nos amis les bêtes

 

 
Tentative de  communication interspécifique

 « Dans son exemple du chevalier mongol faisant corps avec sa monture, Canetti résume admirablement l’équivoque immanent à tout rapport de domestication : celui de prendre pour égalitaire, après l’avoir naturalisé, un lien de subordination. Et notre problème est peut-être le même : comment éviter que la démarche de l’ethnologue, dans ses implications psychologiques  et sociales, s’apparente à une entreprise de domestication ? Comment préserver l’autre de cette sympathie officielle, de cette politically correctness, qui règne dans les salles d’attente du vétérinaire ou aux diners-buffets du Club Méditerranée? Tout simplement en se réservant le droit de ne pas sympathiser avec lui, ce qui revient à lui reconnaître son statut de personne adulte et responsable ».

Sergio Dalla Bernardina, « Zoophiles et ethnophiles. L’amitié homme-animal comme modèle de subordination », in L’éloquence des bêtes. Quand l’homme parle des animaux, Paris, Métailié, 2006, p. 74.

samedi 27 mars 2021

Le propre de l’homme

 

 

Je ne sais pas si parmi les autres animaux il y en a qui, comme chez nous, affirment par principe le contraire de ce qu’on leur dit*. Mais ça m’étonnerait.  

* « Je suis d’accord avec toi mais … », « Mais où t ’as vu  ça ? », « Tu rêves ? », « Moi en revanche »,  "T'as rien compris", « Mon œil »  etc.)

lundi 22 mars 2021

Le chasseur chassé (mais il n’y a rien de drôle)

 



 

Mince, une autre victime de la chasse, je me dis en lisant ce tweet de la Fondation Brigitte Bardot. C’est un jeune homme de 22 ans. J’avance des hypothèses sur son identité : cycliste ? Bucheron ? Ramasseur de champignons ? Ah non, tiens,  c’est un chasseur. On aurait pu le préciser, quand même… Je pense au tweet du 8 janvier où Brigitte Bardot souhaite la mort par covid de tous les adeptes de la chasse à courre. Pourquoi alors déplorer  la mort de ce « jeune homme » ? Cela fait bien un chasseur de moins.

samedi 20 mars 2021

Empathie cognitive

Après les ethnographes, les zoographes. 

Vous en saurez davantage en suivant la prochaine séance du séminaire :

De l’humain animalisé au vivant humanisé (deuxième année : risques et avantages de la proximité ontologique).

Lundi 22 mars 2021 de 15h à 17h en webinaire :

en webinaire : lien de connexion : https://webinaire2.ehess.fr/b/gui-zas-zrq

pensez à utiliser Chrome de préférence


Vanessa Manceron (CNRS-LESC)


 

« Un certain régime d’attention. Les manières de connaître et de se relier aux oiseaux d’un zoographe amateur en Angleterre »


A suivre les naturalistes anglais au gré de leurs observations, on prend la mesure de la voie discrète mais consistante et singulière qu’ils ouvrent en ces temps d'aspiration à la relation au vivant. Avec leur réticence à parler de la nature au singulier car tout n’est que milieux, situations, évènements ; avec leur épistémologie qui n’est pas détachable d’une expérience personnelle et d’un cheminement tout au long de la vie qui engage profondément la personne et sa subjectivité ; avec cette idée qu’être un humain n’est pas s’arracher à la nature ou la considérer comme un segment du réel sur lequel exercer une influence mais avec lequel il convient de socialiser avec respect, les naturalistes amateurs filent une voie bien singulière. Cultivant l’empathie cognitive pour aller plus loin que possible en direction d’une vie autre, ils s’immergent, entrouvrent le rideau, à l’instar de Robin, dont nous allons décrire les pratiques d’observation déroutantes des Buses variables qui, sans renverser l’ordre naturaliste des choses, permettent d’en dire autre chose.

mercredi 17 mars 2021

Faits divers périurbains

 

 

Il y a plusieurs types de loups.  Ceux qui bouffent des moutons anonymes au nom de la biodiversité, par exemple, et ceux, moins connus, qui avalent des « individus »*. Bien que nombreux, ces faits divers périurbains passent presque inaperçus.    

« On ne connaît pas l’ identité des tueurs mais on connaît les noms des victimes - j'écrivais il y a quelques temps  - : Bri, une bastardina (« petite bâtarde ») enceinte qui quitte, joyeuse, ses propriétaires, rentre dans le bois et se fait croquer par les loups. Arturo, un autre chien de petite taille, kidnappé dans la bassecour et dévoré un peu plus loin ; de lui, quelques heures plus tard, on ne retrouvera plus que la queue, un œil et une mandibule. Daù, un âne de quatre ans, prélevé à l’ intérieur de l’enceinte de protection, sorti manu militari sur la route et consommé sur place, comme dans un self-service. Puis, sans parler des innombrables vaches, chèvres et moutons, il y a toute la série des ânesses. Si elles sont gravides, c’est encore mieux. Les prédateurs se limitent à manger leurs entrailles, notamment s’ ils sont pressés, et abandonnent le reste aux photographes ».  (Extrait de Faut qu’ça saigne, Écologie, religion et sacrifice, Éd. Dépaysage, 2020, p.  61-62)

* À savoir des créatures aussi attachées à leur maître que le sont notre chien ou notre chat.

dimanche 14 mars 2021

La joie d’avoir des fourrures

 


C’est un souvenir très ancien.  Pour le cours de sciences naturelles, la maîtresse nous avait amenés chez un fourreur. Il exerçait chez lui, dans un petit appartement en centre ville. Après un bref discours, il a sorti d’un gros sac des chutes de fourrure de toutes sortes. Tout le monde a pu en bénéficier. Je suis rentré à la maison avec  un trésor : des échantillons  de vison, de castor, d’astrakan, de rat musqué,  d’agneau, de renard, de taupe et même d’ocelot. J’étais heureux et j’ ai gardé cette collection pendant longtemps.

vendredi 12 mars 2021

Chien qui mord n’aboie pas

 


« Avec Joe Biden, c’est le retour des chiens à la Maison Blanche et ce n’est pas un détail »,  lisait-on dans La voix du nord du 8 décembre 2020.

Mais Major, par la suite,  a montré avoir trop de mordant  et il a fallu le renvoyer. S'agirait-il d'un mauvais présage?

mercredi 10 mars 2021

De l’intérêt d’être sauvage


 

Le qualificatif de sauvage, autrefois, était une insulte.  C’est de moins en moins le cas.

 

Je développerai ce sujet  jeudi prochain,  dans le cadre  de la conférence suivante : 



agenda

jeudi 11 mars 2021 à 20:15

Des « bons » et des « mauvais » parmi les sauvages

Conférence de Sergio Dalla Bernardina, professeur d’ethnologie à l’Université de Bretagne Occidentale

La notion de wilderness (nature sauvage) renvoie à la celle de pureté. Elle revêt un caractère à la fois moral et politique. Les parcs, les forêts, les pâturages alpins, deviennent ainsi le théâtre d’une lutte pour la crédibilité sociale qui passe par la gestion du discours sur la nature.

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Cette conférence se tiendra sur notre chaîne Youtube, sans inscription préalable.

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Voici le lien : https://www.youtube.com/MENMuseeethnoneuch

lundi 8 mars 2021

Diplomatie arctique

 

 


Sedna, déesse des profondeurs marines

 

Formule pour faire venir les animaux de chasse.

« Animal de la mer, viens et offre-toi de grand matin ».

« Animal de la steppe, viens et offre toi de grand matin » .

Ces prières païennes, si simples - écrivait Knud Rasmussen autour de 1925 -  sont pour l’Esquimau des paroles sacrées. Elles paraitront peut-être puériles à certains. Mais ceux qui sont insensibles à la dévotion et à la beauté qu’elles expriment, ne comprennent pas non plus ce que c’est de se sentir petit devant une nature puissante ”. Knud Rasmussen, Du Groenland au Pacifique, deux ans d'intimité avec des tribus d'esquimaux inconnus, Paris, CTHS, 1994,  p. 198.

vendredi 5 mars 2021

Oiseleurs sénégalais

Aujourd'hui on les qualifierait de braconniers (c'est dire si on s'améliore).

 

Prochaine séance du séminaire
 

De l’humain animalisé au vivant humanisé (deuxième année : risques et avantages de la proximité ontologique).

Lundi 8 mars de 15h à 17h en webinaire :

en webinaire : lien de connexion : https://webinaire2.ehess.fr/b/gui-zas-zrq

pensez à utiliser Chrome de préférence



Julien Bondaz

L’avifaune « coloniale ». Oisellerie, ornithologie et brouillages ontologiques


La circulation des animaux destinés aux parc zoologiques européens dans le contexte colonial suscite des études toujours plus nombreuses, tandis que la marchandisation des oiseaux d’agrément reste méconnue. Dans le cadre d’un vaste projet de recherche international et interdisciplinaire intitulé PuNaCA (« Putting nature in a cage: an interdisciplinary research program on aviaries »), je m’intéresse aux imbrications entre les pratiques marchandes et la construction des savoirs ornithologiques en situation coloniale ainsi qu’aux formes d’embrigadement des oiseaux dans la propagande impériale. En présentant le cas d’une catégorie instable et hybride, « les oiseaux du Sénégal », il s’agit de montrer comment l’avifaune s’est retrouvée capturée, appropriée et au final colonisée, fournissant autant de métaphores pour penser les formes de violence coloniale.


Julien Bondaz est ethnologue, maître de conférences au département d’anthropologie de l’université Lumière Lyon 2. Il est membre du Laboratoire d’anthropologie des enjeux contemporains (Université Lumière Lyon 2) et chercheur associé au Centre Alexandre Koyré (UMR 8560, EHESS-CNRS-MNHN). Après avoir mené des enquêtes ethnographiques sur plusieurs musées et parcs zoologiques ouest-africains (L’exposition postcoloniale. Musées et zoos en Afrique de l’Ouest, Paris, L’Harmattan, 2014), il a notamment développé des recherches historiques sur les pratiques de collecte en contexte colonial. Il est par ailleurs l’un des quatre porteurs du projet PuNaCA (« Putting nature in a cage: an interdisciplinary research program on aviaries »).

mardi 2 mars 2021

Strawberry fields forever (à propos du fruitarisme)

 



En retard sur l’actualité,  je viens juste de découvrir l’existence du fruitarisme, « pratique alimentaire végétalienne fondée sur la consommation exclusive de fruits » (Wikipédia).  C’est puéril, je sais, mais ça me donne envie de réagir.