jeudi 29 décembre 2016

Cérémonies rituelles de la fin de l'an





Brest, 24 décembre 2016. Goélands  exécutant   une danse apotropaïque devant un bâtiment de l'administration publique (voir le lien). 

Danse rituelle

mardi 27 décembre 2016

La meute, le football et la guerre ethnique




"C'e n'est pas une bataille, c'est une guerre ethnique"

Je reviens sur les loups de l'article précédent. Ils n'hurlent pas à la lune, peut-être, toujours est-il qu'ils hurlent tous ensemble. Et ce réflexe mimétique fait  un peu peur (sauf aux vrais connaisseurs, bien entendu, dont je ne fais pas partie).

De nombreux auteurs, de Gustave le Bon à Elias Canetti,  ont présenté la foule comme une meute effrénée soumise au pouvoir charismatique d'un meneur.  C'est le sentiment que nous inspire une vidéo publiée dans la Repubblica du 3 décembre 2016. On y voit  le chef des supporteurs de la Lazio (équipe du calcio péninsulaire) haranguer les footballeurs en vue du derby avec  la Rome : "Ricordate che per noi questa non è una battaglia, è una guerra etnica": "Rappelez-vous que pour nous il ne s'agit pas d'une bataille mais d'une guerre ethnique". Vers la fin du sermon ces propos délirants  perdent leurs propriétés langagières pour fusionner dans un hurlement collectif. Pas besoin de clair de lune pour brailler tous ensemble.

Le suffrage universel est "le moindre mal", certes, mais parfois on peine à l'apprécier.


http://video.repubblica.it/sport/lazio-il-capo-ultra-incita-i-calciatori-il-derby-e-una-guerra-etnica/261421/261748

dimanche 25 décembre 2016

Dieu était strictement monothéiste



Poussin : l'adoration du veau d'or (1633-1634, détail)

Il faut dire que le Dieu du Vieux Testament était vraiment intransigeant. En ayant appris  que le peuple élu  s'était mis à vénérer le veau d'or il décida d'exterminer tout le monde*.  Ce n'est que  grâce aux supplications de  Moïse qu'il changea d'avis. 

Mais Moïse aussi, je viens de le découvrir,  était intransigeant. C'était dans le style de l'époque, manifestement.

Aujourd'hui, heureusement, nous pouvons vénérer n'importe quoi. 


*Cf., par exemple, https://mythologica.fr/biblique/veau.htm

vendredi 23 décembre 2016

Belle comme une dent en or





Karine Bonneval, "Les admirables" (photo Eric Sanders)

On est toujours un peu troublé face aux œuvres de Karine Bonneval (c'est bien son but, j'imagine). Il y quelques temps, à la Maréchalerie (Versailles), elle nous proposait des plantes améliorées en invitant  le Bon Dieu, implicitement,  à réviser sa copie. Cette fois, au Centre d'Art et de Nature de Chaumont sur Loire,  elle nous présente des agaves dorées à la feuille.

Ces créatures artificialisées   me font penser  au  film Goldfinger (James Bond) et à la séquence  célèbre où on découvre une femme nue  peinte en or. L'effet de la dorure, dans le film, est frappant, les conséquences aussi. Les agaves, nous assure l'artiste, ne meurent pas, elles s'adaptent. Elles en sont même ravies, qui sait ?

Cela me rappelle aussi les  dents en or, plus belles que nature, peut-être, mais un tantinet macabres.



mercredi 21 décembre 2016

La force du destin : Parme, le jambon et le bien-être animal

 
 
Pieter Claesz (1597 - 1660) Nature morte avec jambon

Ce n'est probablement pas la première fois. J'ai vraisemblablement mangé  -  je viens de le découvrir - des tranches de jambon issues d'un porc blessé,  malade et cannibale qui a déchargé ses frustrations sur ses semblables.

Cf. Il Corriere della sera du 20 décembre :  http://www.corriere.it/video-articoli/2016/12/19/maiali-malati-maltrattati-nell-allevamento-prosciutto-parma-video-denuncia-animalisti/f573423a-c607-11e6-81c3-386103f9089b.shtml

lundi 19 décembre 2016

"Nos loups". L'animateur nature en proxénète


Carte postale des années 1950

Cette fois je dois exprimer mon admiration pour deux vidéos diffusées par le quotidien La Repubblica. Le spectacle est saisissant.

Dans la première, toute récente,  on voit (et on entend) cinq loups qui hurlent à la lune. Je pensais qu'il s'agissait d'une simple façon de parler alors que, dans le film, les loups semblent hurler à la lune pour de vrai. Pourquoi le font-ils? On connaît les nombreuses  légendes consacrées à ce sujet (je vous en épargne la liste),  ainsi que des explications rationalistes ("C'est que dans ces nuits très claires ils sont très actifs et hurlent  plus que d'ordinaire ..."). La scène en tout cas, est tellement captivante que dans la commune de Vagli di sotto (Province de Lucca) on va organiser,   d'ores en avant, "delle comitive per vedere e ascoltare direttamente i nostri maestosi animali" ("des groupes  pour voir et écouter directement nos animaux majestueux").

"Nos animaux" à qui ?  "Et bien ... à nous. À partir du moment où le loup devient intéressant, il est à nous. Nous et le loup nous sommes pareils, tout aussi magiques et charmants". "Nos animaux sont plus majestueux que les vôtres (Vive l'Italie, vive la Toscane, vive le terroir, vive le canis lupus italicus)".

Faut-il laisser tranquilles ces représentants de l'autochtonie à quatre pattes menant discrètement leur vie dans les bois? Non, il faut aller leur casser les pieds à chaque pleine lune. Cela peut appeler des touristes et mettre de l'animation dans ces landes désolées.

Victor Segalen en voulait aux écrivains "exotisants"  qui bradent le mystère de l'altérité en invitant les touristes à coloniser le monde. Il les appelait les "proxénètes de la sensation du divers".

 Je considère les animateurs/nature d'aujourd'hui comme des "proxénètes de la sensation du divers animal et végétal".

Je parlerai bientôt du second reportage de La Repubblica.


http://video.repubblica.it/edizione/firenze/luna-piena-i-lupi-ululano-in-branco-ripresi-dalle-telecamere-nascoste/262896/263254?ref=HRESS-12

samedi 17 décembre 2016

Créations dualistes : encore sur le chien et le chat




Chien rouge  (Jeff Koons) 

"D'après la légende, populaire chez les Bretons, de création dualiste, Dieu fit le cheval, et le Diable l'âne; Dieu a fait la vache, et le Diable la chèvre; Dieu a fait le taureau, et le Diable le bouc. (...). Le proverbe provençal : "Li chien soun dóu bon Dieu et li cat soun dóu diable" suppose aussi une croyance analogue.  (Paul Sébillot, Le folklore de France - La Faune,  [1904-1906 ]Paris, Imago, 1984, p.  89.


Le diable, dans ce sens, est un copieur, et le chat un chien mal réussi.  

jeudi 15 décembre 2016

Le chien de Charlemagne



Homme politique français présentant aux journalistes le prochain responsable du programme d'histoire pour les écoles primaires*.

"À la cynophilie très 'cattophobe' des professions dont le sort est lié à la sauvegarde d'un patrimoine économique (patrons du commerce et de l'artisanat, camionneurs) ou qui sont préposés à la défense de l'ordre (politiciens, militaires, contremaîtres) s'oppose diamétralement la "cattophilie" très cynophobe des intellectuels et des artistes, suivis en cela par les instituteurs, les travailleurs sociaux et les fonctionnaires, qu'ils soient employés ou cadres"*

Bref, ce qu'on aime chez le chien c'est son attachement au maître, à la famille, au jardin, au territoire, à la Nation. Donner un chien à quelqu'un c'est lui donner une sorte de "patriote" (alors que lui donner un  chat, ce capricieux, ce citoyen du monde  ...).

* Pour une vision globale je renvoie au site suivant (source de l'image empruntée ici):
http://www.repubblica.it/esteri/2016/12/13/foto/putin_e_il_cane_yume_lo_mostra_all_tv_giapponese_durante_l_intervista-154029136/1/?ref=HRESS-13#1


* François Héran, "Chats contre chiens. Éléments statistiques pour une histoire sociale des intellectuels", in Homme, Animal, Société, III : Histoire et animal, Toulouse, Presse de l'Institut d'études politiques, vol 1, p. 373-383, cité par Jean-Pierre Digard, Les Français et leurs animaux, Paris, Fayard, 1999, p. 32

mardi 13 décembre 2016

Flexitarisme : un terme difficile à digérer


Vincent Van Gogh : Repas flexitarien

J'ai entendu parler sur France Inter de "Flexitarisme" (sorte de végétarisme mitigé).
Si le végétarien mange des végétaux, que mange le flexitarien?

1) des flexions
2) des flèches
3) ?


D'où la conclusion suivante : des individus sans scrupules diffusent autour de nous des  néologismes affreux. Cela pose des questions d'éthique (humaine et animale)

dimanche 11 décembre 2016

Des entraineuses non-humaines à l'aéroport de San Francisco


 "LiLou a presque 2 ans, porte un tutu, parfois une casquette et des rubans, et même du vernis à ongle"*

L'aéroport de San Francisco embauche une non-humaine pour calmer les voyageurs : il s'agit d'une truie. 

Si  pour calmer les voyageurs on leur proposait un enfant à bichonner, une hôtesse de l'air à chatouiller ou un steward à caresser, cela nous paraîtrait délirant. Tant qu'on leur propose une truie, manifestement, ça va.

Ce que je trouve monstrueux, chez moi, c'est que je me scandalise  pour l'exploitation dégradante de cette truie/entraineuse, alors que je n'aurais aucun problème à la manger.


J'ai emprunté cette image et la légende à un article du Monde (Claire Levenson) : http://www.slate.fr/story/130610/aeroport-san-francisco-truie-calmer-voyageurs?utm_content=bufferc1d1e&utm_medium=social&utm_source=twitter.com&utm_campaign=buffer

vendredi 9 décembre 2016

Dans le cochon - même du point de vue symbolique - tout est bon



Extrait  du film De la tête à la queue

Aujourd'hui, on  nous montre la mise à mort des animaux domestiques pour dénoncer les mauvais traitements qui leur sont infligés. On  nous la montre aussi, parfois,  à   des fins instrumentales, pour stigmatiser les communautés qui, à notre époque, "continuent à pratiquer l'abattage rituel".

On peut montrer cet acte sanglant avec un esprit différent, en documentant le contexte d'une pratique qui dans les sociétés traditionnelles, loin d'être "simple", était pourtant "normale".

C'est bien le cas du film DE LA TETE A LA QUEUE  que la plasticienne et scénographe Florence Evrard nous présentera le 12 décembre  dans le cadre du séminaire "L'appropriation de la nature entre remords et mauvaise foi. La prédation comme spectacle"  - 2e et 4e lundis du mois de 15 h à 17 h (salle 10, 105 bd Raspail 75006 Paris), du 14 novembre 2016 au 12 juin 2017.


"Année 2000, dans la petite ferme familiale des Juille, on tue encore le cochon comme autrefois, mais cette fois ci c’est la dernière fois. Je décide de filmer ce moment. Le film explore les nombreuses étapes, depuis le sacrifice de l’animal jusqu’à sa transformation en nourriture.
Les protagonistes sont âgés, la propriété n’est pas reprise par les enfants : tout le monde est conscient que c’est la fin d’un mode de vie, d’une façon d’être, de parler… d’un monde ; celui de la paysannerie. Pourtant chacun s’applique à jouer son rôle le mieux possible avec tendresse et âpreté… la verve comique  n’étant jamais loin".

Durée 52 min. Documentaire.
Lieu de tournage : Meilhards 19510/ Corrèze
Année de tournage : 2001
Réalisation & images : Florence Evrard
Prise de son : Florence Laudicina
Montage : Olivier Vigneron
Avec:
Denise & Armand Juille, René Eyssidieux, Robert & Marcelle Marcilloux


mercredi 7 décembre 2016

La femme des bois



Couple zoomorphe dans les rues de Brest

En réaction au tableau de Frida Kahlo, on m'a invité à visiter un commerce brestois situé en rue Jaurès*. Printemps, actuellement,  nous propose  une installation  énigmatique associant une femme/cerf avec  un  homme/ours. Comment interpréter cette allégorie?

À première vue, si j'étais un enfant, je crois que je dirais : "La dame est fière parce qu'elle a des bois. Le monsieur est triste parce qu'il n'en a pas.  Le sapin  à côté signifie que c'est Noël. Donc joyeux Noël à tout le monde".     


*Merci Marie

lundi 5 décembre 2016

Brexit à l'italienne (de qui avoir peur, des étrangers ou de ses compatriotes?)




Electeur lambda qui n'a pas été écouté par les élites européennes et s'apprête à mettre en pièces le "système".*


* Ce matin j'aimerais mieux être un Autrichien.

samedi 3 décembre 2016

La femme/proie et ses avatars



Le Cerf blessé, 1946

Je m'intéresse depuis un moment au stéréotype de la femme/proie. Je suis tombé sur ce tableau de Frida Kahlo.  Il représente une femme/proie plutôt insolite, avec les bois d'un mâle et le visage d'une "femelle".  Elle ne nous parle pas forcément du statut de la femme, et les blessures qu'elle met en scène - je me suis renseigné - ne sont pas d'ordre cynégétique. J'ai un point de vue sur la question.

jeudi 1 décembre 2016

Le proche et le lointain



Turin. Vache autochtone en métal (Cliché SDB)

Quoi de plus autochtone  que la race bovine piémontaise? J'en ai déjà fait allusion : on la présente comme un fruit du terroir tout aussi  typique  et immaculé que les militants de la Ligue du nord (membres d'un parti celtomane et xénophobe) qui revendiquent et défendent son  autochtonie.

Ce qui singularise cette race à viande est une bosse sur le dos qui la rapproche, quelque part, du zébu. En fait, dans ses gènes il y a du zébu.


On  vient tous de très loin, c'est bien connu.

mardi 29 novembre 2016

Des trains et des chats




Chat vertueux

Hier matin, dans le train,  à côté de moi  il y avait un chat. Il s'est comporté  d'une  façon exemplaire.


J'ai avancé  quelques hypothèses sur les causes de son calme olympien : 

Zylkene;  Feliway Spray;  Anxitane M &L;  Locox; Calmex; Cartimax; Beaphar Collier calmant; Zzen sirop nouvelle formule; Parematil clément Thékan; Homeopet Anxiété; Armagnac; Cours de yoga; Hypnose;

"Mais non, m'a répondu sa propriétaire, c'est qu'il a l'habitude de voyager".*

* S'agit-il vraiment d'un chat? Je lui trouve, notamment dans le nez,  quelque chose d'anthropomorphe.  

dimanche 27 novembre 2016

La cigarette de Lucky Luke et le sanglier d'Astérix



Tofu aromatisé au goût de lapin chasseur


L'hygiène, physique et morale, progresse. On a censuré la cigarette de Lucky Luke. On a enlevé le whisky au Capitaine Haddock. C'est bientôt  le tour du sanglier d'Astérix. Un monde meilleur s'ouvre à nous.

vendredi 25 novembre 2016



Montreur d'ours sortant d'une discothèque 

Un ours muselé vient d'être  exhibé dans une discothèque de Guipry-Messac (Ille-et-Vilaine, Bretagne) à côté d'un serpent et d'un perroquet. Cela se faisait autrefois mais, depuis, nous avons évolué. Les réseaux sociaux n'ont pas du tout apprécié :  « Pitoyable », « honteux », « scandaleux ».


Je crois partager ce sentiment. J'ai toujours trouvé obscène que l'on exhibe des animaux (y compris son propre chien, son propre chat,  son propre cheval,  pour ne pas parler des cochons d'Inde, des hamsters ou des chinchillas).

mercredi 23 novembre 2016

Tuer un (presque) humain


Un gibier pas tout à fait comme les autres 

Sur un plan zoologique la cible du chasseur est un "non-humain". Sur le plan fantasmatique les choses sont moins claires.

Je développerai cette idée à l'occasion du prochain séminaire EHESS (IIAC-Centre Edgar Morin) "L'appropriation de la nature entre remords et mauvaise foi. La prédation comme spectacle". 2e et 4e lundis du mois de 15 h à 17 h (salle 10, 105 bd Raspail 75006 Paris), du 14 novembre 2016 au 12 juin 2017.

"Tuer un presque humain" deuxième épisode.

Au cours de cette séance nous reviendrons sur le caractère récurrent, dans la tradition occidentale, des stratégies symboliques permettant de construire et de déconstruire l' "humanité" du gibier en vue de son abattage.  Le spectacle de la poursuite et de la mise à mort de la proie est d'autant plus "passionnant", sur le plan fantasmatique, qu'il a pour objet  non pas un "simple" animal mais une créature qui se rapproche de l'humain aussi bien sur le plan extérieur (grâce au jeu narratif et pictural) que par son  intériorité physique et psychologique.


La séance est ouverte au public.

Pour ceux qui lisent l'italien : voici le lien d'un article sur lequel je compte revenir prochainement (troublé par la véhémence des commentaires) :

http://video.repubblica.it/socialnews/eschilo-il-dobermann-ucciso-dai-cacciatori/259998/260306?ref=HRESS-17