lundi 27 février 2023

Pourquoi on stérilise les oeufs de goéland

 Maurice version « Ange de la Dénonciation »

Je crois avoir compris pourquoi, tous les printemps, on stérilise les œufs des goélands. C’est que ces gros oiseaux marins, logés sur les toits,  remarquent  plein de choses qu’ils ne faudrait pas voir et ils risquent d’en parler. L’autre jour, par exemple. Maurice m’a fait noter que depuis quelques temps, si on regarde l’océan à partir du square Beautemps-Beaupré*, la vue n’est plus la même.  L’océan   s’est réduit. Et il m’a montré deux ou trois protubérances toutes neuves qui bouchent l’horizon. Avec son langage de syndicaliste il a ajouté : « Le panorama est un bien collectif, on n’a pas le droit de le confisquer… ». « Toi, lui ai-je répondu, t’as juste la chance de ne pas être comestible ».

* C'est entre la gare et le port de commerce  et n'a rien à voir avec la photo.

vendredi 24 février 2023

Agir sur et avec les animaux

 
Photo C.Ferret, Iakoutie 2015, débourrage

 

UE286 - Séminaire De l’humain animalisé au vivant humanisé

Lundi 27 février de 12h30 à 14h30,

 

Campus Condorcet-Centre de colloques,

Salle 3.06, Centre de colloques,

Cours des humanités 93300 Aubervilliers 



Carole Ferret  (CNRS, Laboratoire d’anthropologie sociale)

  

« Agir sur et avec les animaux. Techniques pastorales d’Asie intérieure »


Je présenterai ma proposition d’une anthropologie de l’action élaborée à propos de l’étude du dressage des chevaux en Asie intérieure et, plus généralement, des techniques pastorales en Sibérie et Asie centrale. Agir sur des animaux, c’est agir sur des êtres vivants eux-mêmes dotés d’une capacité d’agir. Cela revient donc bien souvent à agir à la fois sur et avec eux. Je m’intéresserai alors aux modalités de la manipulation (faire faire), montrant que ces deux constructions (« agir sur » et « agir avec »), loin de devoir être opposées, sont concomitantes.

 

mercredi 22 février 2023

Une ville attachée à ses traditions


 

Pas mal, finalement, je m’attendais à pire. J’apprécie le sens de la mesure qui a inspiré ses concepteurs. J'aime tout particulièrement les lignes jaunes. Une belle trouvaille : des rayons de soleil dans les brumes de l’Iroise qui vont nous mettre de bonne humeur. Le bâtiment à notre gauche, en revanche, vieillot et disproportionné… on dirait qu'il s'appuie sur le grand pour faire son intéressant. Pourquoi l’avoir conservé ?

lundi 20 février 2023

No Future

 

Je regarde cette image et je fantasme. Je me promène dans une ville inconnue. Il y a plein de gens avec des chiens. Ils sourient. Leurs chiens aussi.  Je demande : «Qu’ont-ils fait, ces chiens,  pour être si joyeux ? On me répond : « Ils ont renoncé à leur postérité ».

samedi 18 février 2023

Le Mouvement pour la libération des toutous en pleine nature (MLTPN)

 

Source : Il Gazzettino

Ça monte sans arrêt comme le réchauffement climatique. Je suis étonné par le  nombre de promeneurs qui se baladent avec leurs chiens dans les pâturages alpins. Ils font semblant de les tenir en laisse et derrière le col, lorsqu’ils pensent que personne ne les voit, ils les libèrent.  Lucky, le chien de la photo, accompagnait son maître dans une sortie hors-piste. Excité par la présence d’un « perdreau»*, il a fait une dégringolade de 500 mètres. Arrivés sur place en hélicoptère, les secours  ont pu le sauver.
Comme dirait le perdreau : « Tout est bien qui finit bien »**.

* À en juger du paysage, je suppose qu'il s'agit d'un lagopède, que les Italiens appellent  la pernice bianca.

** Le nom du quadrupède  doit avoir joué un rôle central dans l'issue de cette histoire. J'avoue mon admiration pour ce skieur très habile,  capable de faire du hors-piste avec un chien tenu en laisse.

 

mercredi 15 février 2023

Même pas dix ans et déjà à la retraite

 

Pourquoi Figaro a-t-il été mis à la retraite avant même de commencer sa carrière à l’Élisée ? Molosse édulcoré, ni féroce comme un rottweiler, ni « peace and love »  comme un bichon frisé,    Il aurait pu remplir un rôle précieux en matière de communication présidentielle. Et il aurait illustré à merveille la notion de mixité. Voici l’ensemble de races canines qui ont contribué à sa création :

« un peu de Pointer pour le flair, de Dogue Allemand Arlequin pour la taille, de Bull Terrier pour la robe (c’est la race qui dit-on a joué le rôle le plus important dans la construction du Dogo), de Boxer pour la force et l’agilité, de Bulldog pour la mâchoire, de Dogue de Bordeaux, Montagne des Pyrénées ou encore d’Irish Wolfhound » »*

Un chien mi-figue et mi-raisin. L’idéal  pour plaire à tout le monde.

*J’ai trouvé l’image et les informations dans le site : https://www.santevet.com/articles/emmanuel-macron-un-dogue-argentin-a-l-elysee.

lundi 13 février 2023

Rêveries égyptiennes

 


À l’époque du politiquement correct, il y a toute une série de formules faisant référence  à l’Étranger qu’il convient de ne plus utiliser. En italien par exemple, en parlant d’un tabagiste on disait Fuma come un Turco « Il fume comme un Turc ». À l’enfant indiscipliné qui, malgré les reproches,  continuait à faire ce qu’il voulait on criait : Parlo arabo ? « Est-ce que je parle arabe ? ». Et l’objet insolite dont on ne comprenait pas la fonction était qualifié d’affar cinese, le « truc chinois ». Pour indiquer le caractère exotique et fantaisiste d’une proposition on ajoutait le lexème d’Egitto (égyptien).  J’y pensais ce matin à propos d’une  phrase parfaitement idiote, qui m'est venue à l’esprit en parcourant le réseau : Ma quale ecologista, d’Egitto ? L’unica pianta che conosca è quella dei piedi. On pourrait la traduire par : « Un écologiste, tu rêves ? La seule plante qu’il connaisse est celle de ses pieds.

samedi 11 février 2023

Est-ce que Lévi-Strauss était raciste ? La même betterave partout

 

Pomme Hybride Golden X Cassou n°106

Je reviens sur  les apiculteurs autrichiens accusés de racisme parce qu’ils craignent  que les abeilles autochtones, au contact avec les étrangères,  perdent leur identité.

L’auteur de Race et Histoire serait-il donc raciste ? Ce serait le comble. On pourrait aboutir à cette conclusion, cependant, en lisant de façon politiquement correcte le passage suivant :

« Il n’y a plus rien à faire : la civilisation n’est plus cette fleur fragile qu’on préservait, qu’on développait à grand peine dans quelques coins abrités d’un  terroir riche en espèces rustiques, menaçantes sans doute par leur vivacité, mais qui permettaient aussi de varier et de revigorer le semis. L’humanité s’installe dans la monoculture ; elle s’apprête à produire la civilisation en masse, comme la betterave. Son ordinaire ne comportera plus que ce plat ». C. Lévi-Strauss, Tristes Tropiques,  Plon, 1955, Coll. Terres humaines, p. 36-37).

En craignant la monoculture (un univers « amélioré » où toutes les abeilles seront grises) Lévi-Strauss n’était pas raciste.  Il regrettait, simplement,  l'effacement des différences culturelles enracinées dans l'histoire et favorisées par la géographie. C’est un peu comme pour les abeilles autrichiennes : on peut regretter leur hybridation parce qu’on est raciste ; on peut la regretter parce qu’on est pluraliste (parce qu'on aime la diversité et on cherche à la préserver).   

Je me considère démocrate et progressiste*. Cela dit, je n’aurais pas envie que,  au nom de l’abolition des préjugés, on me propose le même miel et les mêmes betteraves partout.

 

* C'est bien de  le rappeler de temps en temps. Ce que je trouve merveilleux - et il faut militer pour défendre cette cause - c'est qu'on peut être démocrate et progressiste sans faire partie des   « nouveaux-curés » (il n'y a pas d'équivalent au féminin - « nouvelle curée » voulant dire autre chose). Je parle de ces nouveaux gardiens de la morale prétendant s'exprimer au nom de la gauche et qui, en dépit de leur conformisme affligeant, se prennent souvent pour des grands révolutionnaires.

jeudi 9 février 2023

Des animistes bien de chez nous


UE286 - Séminaire De l’humain animalisé au vivant humanisé


Lundi 13 février de 12h30 à 14h30, Campus Condorcet-Centre de colloques, Salle 3.06, Centre de colloques, Cours des humanités 93300 Aubervilliers


Années 1990. Sanglier dans une boucherie parisienne. Image tirée de l’ouvrage  La langue des bois : l’appropriation de la nature entre remords et mauvaise foi, Paris, Éditions du Muséum d’Histoire Naturelle, 2020.

 

Sergio Dalla Bernardina  

 

Des animistes bien de chez nous

C ’est une évidence que nous avons tendance à oublier : le statut officiel des plantes et des animaux  ne correspond pas à leur statut fantasmatique. Le chasseur, a priori,  sait bien faire la différence entre un humain et un non-humain. Dans ses narrations, cependant,  dans ses rêveries, dans ses mises en rituel, il anthropomorphise sa proie.


mardi 7 février 2023

Vive la biodiversité (même chez les abeilles)

 

Des apiculteurs autrichiens - on vient de me transmettre cette information -  déplorent que des abeilles étrangères, aux teint plus foncé, soient en train de se mélanger  avec les autochtones. On renvoie ces producteurs de miel particulièrement  scrupuleux aux antécédents  racistes, voire carrément nazis, d'un certain nombre  de leurs compatriotes. La question est complexe. Qu’il y ait des racistes chez les apiculteurs autrichiens c'est  vraisemblable (il doit y en avoir même en France ou en Italie,  pourquoi pas en Autriche ?). Mais on peut être simplement heureux, en tant qu’apiculteur, d’offrir à la collectivité un produit singulier, lié à un lieu et à une histoire : « Mes abeilles sont comme ça, les vôtres sont différentes. Ensemble, nous contribuons à la multiplicité des saveurs, à leur diversité et c’est merveilleux ».  

Je n’aimerais pas manger les mêmes pommes de terre partout. Et je n'aimerais pas mélanger dans le même verre un  tiers de Bourgogne, un tiers  de Bandol  et un tiers de Muscadet. Je ne me considère pas raciste pour autant*. 

*Cf. aussi sur ce même sujet, mon post prémonitoire du 3 août 2016.

dimanche 5 février 2023

Nager à Brest

 


La piscine à rouvert.  Je nage, je médite.  Combien de longueurs ai-je parcourues dans ma vie ? Pas grand-chose, c’est sûr, mais j’aimerais bien savoir. Et combien de kilomètres à pied ? Et combien en voiture ?
Dans l’au-delà, peut-être, on nous donnera  les statistiques.

vendredi 3 février 2023

Le pont du diable et les frontières ontologiques

 

Le maître constructeur était en retard et demanda de l’aide au diable. « D’accord, répondit le diable, je vais t’aider, mais l’âme du premier vivant qui traversera le pont  m’appartiendra ». Le jour de l’inauguration, en premier, on fit passer  un chien. Dépité, le diable se jeta dans le fleuve et disparut.

À l'époque des faits, les humains, les chiens et le diable faisaient partie du même collectif.

mercredi 1 février 2023

Le chasseur moderne

 

C’est bête, je sais, mais je trouve cette image poétique. Ce personnage  improbable, qui ne descend même pas de sa mobylette, n’éteint  pas le moteur ...   il tire sur quoi ? Sur des corbeaux ? Il est moderne et pantouflard à la fois. Il incarne le progrès et le  confort. Bref, il fait tout pour déplaire tant aux chasseurs qu'aux animalistes (qui n’existaient pas, à son époque).  C’est un type humain parmi d’autres. Pittoresque. On dirait le protagoniste d’un film néo-réaliste.