mardi 29 novembre 2016

Des trains et des chats




Chat vertueux

Hier matin, dans le train,  à côté de moi  il y avait un chat. Il s'est comporté  d'une  façon exemplaire.


J'ai avancé  quelques hypothèses sur les causes de son calme olympien : 

Zylkene;  Feliway Spray;  Anxitane M &L;  Locox; Calmex; Cartimax; Beaphar Collier calmant; Zzen sirop nouvelle formule; Parematil clément Thékan; Homeopet Anxiété; Armagnac; Cours de yoga; Hypnose;

"Mais non, m'a répondu sa propriétaire, c'est qu'il a l'habitude de voyager".*

* S'agit-il vraiment d'un chat? Je lui trouve, notamment dans le nez,  quelque chose d'anthropomorphe.  

dimanche 27 novembre 2016

La cigarette de Lucky Luke et le sanglier d'Astérix



Tofu aromatisé au goût de lapin chasseur


L'hygiène, physique et morale, progresse. On a censuré la cigarette de Lucky Luke. On a enlevé le whisky au Capitaine Haddock. C'est bientôt  le tour du sanglier d'Astérix. Un monde meilleur s'ouvre à nous.

vendredi 25 novembre 2016



Montreur d'ours sortant d'une discothèque 

Un ours muselé vient d'être  exhibé dans une discothèque de Guipry-Messac (Ille-et-Vilaine, Bretagne) à côté d'un serpent et d'un perroquet. Cela se faisait autrefois mais, depuis, nous avons évolué. Les réseaux sociaux n'ont pas du tout apprécié :  « Pitoyable », « honteux », « scandaleux ».


Je crois partager ce sentiment. J'ai toujours trouvé obscène que l'on exhibe des animaux (y compris son propre chien, son propre chat,  son propre cheval,  pour ne pas parler des cochons d'Inde, des hamsters ou des chinchillas).

mercredi 23 novembre 2016

Tuer un (presque) humain


Un gibier pas tout à fait comme les autres 

Sur un plan zoologique la cible du chasseur est un "non-humain". Sur le plan fantasmatique les choses sont moins claires.

Je développerai cette idée à l'occasion du prochain séminaire EHESS (IIAC-Centre Edgar Morin) "L'appropriation de la nature entre remords et mauvaise foi. La prédation comme spectacle". 2e et 4e lundis du mois de 15 h à 17 h (salle 10, 105 bd Raspail 75006 Paris), du 14 novembre 2016 au 12 juin 2017.

"Tuer un presque humain" deuxième épisode.

Au cours de cette séance nous reviendrons sur le caractère récurrent, dans la tradition occidentale, des stratégies symboliques permettant de construire et de déconstruire l' "humanité" du gibier en vue de son abattage.  Le spectacle de la poursuite et de la mise à mort de la proie est d'autant plus "passionnant", sur le plan fantasmatique, qu'il a pour objet  non pas un "simple" animal mais une créature qui se rapproche de l'humain aussi bien sur le plan extérieur (grâce au jeu narratif et pictural) que par son  intériorité physique et psychologique.


La séance est ouverte au public.

Pour ceux qui lisent l'italien : voici le lien d'un article sur lequel je compte revenir prochainement (troublé par la véhémence des commentaires) :

http://video.repubblica.it/socialnews/eschilo-il-dobermann-ucciso-dai-cacciatori/259998/260306?ref=HRESS-17

lundi 21 novembre 2016

Cultiver son jardin


Clorophytum en pleine santé

Il y a quelques années il m'arrivait  de me rendre régulièrement, tous les deux mois environ, dans une grande ville française. J'avais la clé d'un appartement et je pouvais y passer la nuit.  À côté du bureau, sur le bord de la cheminée, il y  avait une plante maigrichonne toute seule. Elle appartenait à la famille des clorophytum, espèce que je n'aime pas énormément, pour être franc.  Nous avons néanmoins sympathisé. De temps en temps, notamment en été,  je me souvenais de cette petite créature. Elle m'attendait patiemment en sachant que dès mon arrivée, une fois posée ma valise,  je lui aurais donné l'eau dont elle avait besoin (pas trop pour éviter le choc, deux mois sans boire c'est long).

Encore aujourd'hui, notamment en été, je me demande ce qu'elle est devenue*.


*Cela dit, se donner un air de sauveteur juste parce que l'on a arrosé une plante, c'est vraiment gonflé.

samedi 19 novembre 2016

Un chasseur est mort : trinquons



Dans les Alpes de Vénétie un chasseur vient d'être terrassé par un  infarctus après avoir tué un cerf. Les membres du mouvement 100% Animalisti fêtent l'évènement en buvant du champagne. 

J'imagine déjà le commentaire de mon amie Anna Mannucci : "Oui mais tu sais, les  Animalistes ... c'est un archipel, il y en a de toutes sortes"*. Encore heureux! 

* Ou peut-être festoie-t-elle aussi, qui sait?  

jeudi 17 novembre 2016

Du perspectivisme chez les chats



Ford Anglia  perspectiviste se prenant pour une Jaguar

Selon les indiens d'Amazonie le monde change en fonction du point de vue de celui qui le regarde. Les animaux prédateurs, les jaguars par exemple, se voient comme des humains. Quand ils rentrent chez eux ils perçoivent les objets de leur environnement comme des artefacts :  le sang de leurs proies est de la bière de manioc, les grillons sont de la viande rôtie etc. On qualifie cette conception du monde de "perspectiviste"*.

Cela me fait penser à une chatte siamoise que nous avions en Italie. Elle  se croyait un humain au même titre que  nous (ou elle l'était? Je commence à avoir des doutes ...). Un jour mon frère, de retour de ses vacances en France,  ramena sur sa Ford Anglia obsolescente  une petite chatte tigrée qu'il avait croisée  dans le métro parisien (station Porte Dauphine, pour être précis). Il la lui présenta. La siamoise la regarda juste un instant, d'un air méprisant, comme pour dire : " Quoi? Des chats ici? Et quoi encore ?".


*Cf. à ce propos, Eduardo Viveiros de Castro, Métaphysiques cannibales, Paris, PUF, 2009

mardi 15 novembre 2016

Pour un mouvement de libération des animaux d'appartement




Chiens sachant qu'ils doivent rester dehors (et qui se portent très bien)


A la différence des quelques millions de nounours en chair et en os, de pantouflards  qui vivent sous le toit de  leurs propriétaires même lorsque ce n'est  pas indispensable, ces deux chiens vivent dehors. 

Il prennent ça avec philosophie. Je les trouve épanouis, je dirais même réalisés. Le jour, ils font leur promenade. La nuit, lorsque le ciel est dégagé, ils voient passer les avions, les satellites et les étoiles filantes.  

dimanche 13 novembre 2016

Le langage des moules




Moule en forme de cœur. Autrefois, elle aurait été interprétée comme un signe à déchiffrer, comme un présage.

Aujourd'hui, puisque nous sommes devenus plus lucides, elle ne signifie plus rien.  

vendredi 11 novembre 2016

Homme animal : la distance se réduit



Goya : combat de chats


Des mesures  disciplinaires viennent d'êtres prises contre un médecin de l'hôpital de Sanremo - ville célèbre pour ses fleurs et son festival de la chanson - qui a utilisé les services de l'établissement pour vérifier l'état de santé d'un chat (écographie, prélèvement du sang et analyse des  selles).  Dans la salle d'attente, a-t-il expliqué  il  n'y avait personne.


Pourquoi le sanctionner? il s'agit tout juste d'un  pionnier.

mercredi 9 novembre 2016

Vox populi, vox dei. Dieu est-il populiste?





- Le Brexit, Donald Trump, ça commence à bien faire ... Je n'ai plus aucune envie d'améliorer mon anglais.

- Mais il faut analyser, il faut comprendre ...


 - Oui, d'accord : on analyse, on comprend ...  et on devient misanthrope.

mardi 8 novembre 2016

La prédation comme spectacle


Adepte du zoo safari en pleine action

Ce blog, on l'aura remarqué,  a une fonction semi-ludique. Je m'en sers pour exprimer mon point de vue de libre citoyen. J'y aborde des questions sérieuses de façon légère, polémique  parfois, passionnée ou ironique selon les cas. Je suis très reconnaissant aux quelques complices qui aiment bien jouer le jeu avec moi.

Je m'occupe de ces mêmes questions de manière moins subjective et plus structurée dans mon travail et, tout particulièrement, dans le cadre du séminaire que je tiens à l'EHESS consacré à notre rapport à la nature en général et aux animaux en particulier.

Ce séminaire, qui a lieu tous les 15 jours,  est ouvert au public.  Quelques lecteurs de ce blog pourraient être intéressés aux thèmes qu'on y traite. Ils seront les bienvenus.

Voici  la problématique de cette année et l'annonce de la première séance.


Séminaire EHESS (IIAC-Centre Edgar Morin)
L'appropriation de la nature entre remords et mauvaise foi.
La prédation comme spectacle.
2e et 4e lundis du mois de 15 h à 17 h (salle 10, 105 bd Raspail 75006 Paris), du 14 novembre 2016 au 12 juin 2017

Soucieuse de ne pas sur-interpréter et de ne pas projeter sur autrui les valeurs de l'Occident, l'anthropologie contemporaine cherche à connaître les manières singulières, propres aux différentes cultures, de penser les relations entre les humains et les non-humains. Dans ce but, elle s'intéresse aux représentations collectives, aux mythes, aux commentaires officiels définissant les conditions idéales d'échange avec les autres espèces. Là où un observateur candide et ethnocentriste verrait un fait "universel", l'observateur éclairé saisit des significations plus profondes : le combat de coqs à Bali, par exemple, au-delà de ses implications sanglantes, devient une "forme artistique" et "la réflexion d'une société sur elle même". La chasse au sanglier dans les Cévennes, en dépit de son issue fatale pour le partenaire animal, devient "un jeu avec l'animal". La chasse au pécari dans la forêt amazonienne est moins une traque qu'une drague (c'est la proie elle même, séduite par les charmes du chasseur, qui s'offre à lui). Ces lectures respectueuses de la doxa indigène nous rappellent la pluralité des conceptions du monde. Elle risquent néanmoins de laisser dans l'ombre les motivations "officieuses", inavouables ou tout simplement "inaudibles" de l'activité prédatrice et des autres formes de "prélèvement" de la vie animale. Le séminaire de cette année porte sur ces motivations officieuses. Nous nous pencherons sur le discours orthodoxe, conventionnel, entourant la "bonne mort" des animaux. Mais nous nous interrogerons aussi sur les gratifications éventuelles associées à l'expérience, plus ou moins directe, plus ou moins ritualisée, de leur poursuite et de leur abattage. Dans un de ses derniers essais Norbert Elias, en collaboration avec Eric Dunning, qualifiait de Quest for excitement l'engouement pour la violence que le spectacle sportif serait en mesure de satisfaire et de contrôler. Par quelques exemples choisis nous verrons comment les différentes cultures modulent cette disposition collective en lui conférant, au cas par cas, des connotations et des significations spécifiques.

Séance du 14 novembre (15h-17h) salle 10

Sergio Dalla Bernardina
Tuer un "presqu'humain". L'anthropomorphisation de la proie dans la tradition occidentale.

Pour donner libre cours à son activité, le chasseur occidental doit bien garder à l'esprit l'idée qu'une frontière ontologique le sépare des autres espèces. Dans ses témoignages, cependant, dans ses récits, dans ses expressions plastiques et picturales, il ressent le besoin d'anthropomorphiser sa proie en lui prêtant des traits psychologiques, parfois même anatomiques, proches de l'humain. En revenant sur d'anciennes recherches* et sur des matériaux récents, nous nous interrogerons sur les raisons et les implications de ce paradoxe.

*"Il simbolismo venatorio : Analisi di tre testi poetici dell'Ottocento bellunese", in Sergio Dalla Bernardina, Il miraggio animale, per un'antropologia della caccia nella società contemporanea, Roma, Bulzoni, 1987 p. 19-50. 
- "Une personne pas tout à fait comme les autres, l'animal et son statut" L'Homme, 1991, p. 33-50.- 
- L'utopie de la nature. Chasseurs, écologistes, touristes, Paris, Imago, 1996



Zoo safari pas très loin de chez moi 

dimanche 6 novembre 2016

Histoires de Lynx : Hillary Clinton, l'FBI et la tradition du lynchage aux USA


Lynx du Canada 

Lorsqu'on dit la force des préjugés ... . Je ne m'étais jamais penché sur l'étymologie du verbe "lyncher", mais j'avais tendance à penser, sans trop y réfléchir, qu'il venait du mot lynx. Je prêtais ainsi à cet animal souple et tacheté  des attitudes de lyncheur ("tous ensemble contre la proie ... ")  qu'il n'a vraisemblablement pas et qui de toute façon n'auraient aucun lien avec le verbe en question.

Le mot lynchage, lisons-nous dans la publication  en ligne du Centre National de Ressources Textuelles et Lexicales, vient d'un nom de famille :

"Emprunté  à l'anglo-américain  to lynch attesté depuis 1835 et formé sur le terme lynch de Lynch law, originellement Lynch's law «loi de Lynch» (...) désigne une pratique de châtiment et parfois d'exécution sommaire sans procès par  référence au Capitaine William Lynch (1742-1820) habitant l'État de Virginie, puis la Caroline du Sud, qui établit cette pratique".  

En le découvrant, j'ai tout de suite pensé  à l'actualité américaine, avec l'FBI qui, dans sa plus pure tradition, cherche à influencer le déroulement d'une élection démocratique en alimentant le  lynchage  médiatique d'une candidate qui n'est peut-être pas une  merveille mais qui est incomparablement  plus digne et mille fois moins dangereuse que son antagoniste.


On s'inquiète beaucoup, et très justement, de ce qui se passe en Irak, on ne mesure peut-être pas assez la gravité de ce qui est en train de se  passer en Amérique.

vendredi 4 novembre 2016

Chacun chez soi ...



Espèce invasive et papillon


Je reviens sur les oliviers de Jardiland. Vont-ils nous envahir? Je me suis occupé pendant quelques années  de la question des "invasions biologiques" : on demandait aux ethnologues de recueillir les sentiments des  gens (il faudrait dire des "acteurs sociaux") confrontés à  la prolifération d'animaux ou végétaux exogènes. Je sais donc  à quel point  la formule "espèce invasive"  (de l'herbe de la Pampa au  Buddleia,  du cormoran au ragondin) peut alimenter des fantasmes xénophobes  : "Les algues vertes infectent les côtes bretonnes? C'est la faute aux touristes! La preuve?  Lorsqu'il y  avait moins de touristes, il y avait moins d'algues vertes". "Les oliviers posent problème? Eh bien , ils n'ont qu'à rester chez eux ."

mercredi 2 novembre 2016

Le Bon Dieu et le Secrétariat à la condition animale


Le Bon Dieu

"Aux origines, les animaux ont été des compagnons et des partenaires puis, en occident, sous l’impulsion de la religion, ils sont devenus des êtres inférieurs".

Cela commence par un mythe (celui de l'Âge d'or),   mais c'est très sérieux. Il s'agit du début de  l' "Appel à la création d’un secrétariat à la condition animale" lancé  il y a quelques jours par Elisabeth de Fontenay, Boris Cyrulnik, et une vingtaine d'autres intellectuels et scientifiques*.

Le document apporte toute une série d'informations  sur les progrès de la science montrant que "l’intelligence est née plusieurs fois sur la planète et qu’il n’existe pas, dans le cerveau, une catégorie de cellules spécifiquement humaine. Des neuroscientifiques internationaux affirment que tous les mammifères, oiseaux et autres créatures, y compris le poulpe, possèdent une conscience, ce qui veut dire qu’ils sont sensibles au plaisir et à la souffrance. Grâce à nombreux travaux, on sait aujourd’hui que la douleur et la souffrance existent chez les animaux, des poissons aux mammifères. L’intelligence, la conscience, l’empathie, la vie émotionnelle, le rire, la souffrance et même une forme de culture, ces attributs qui définissaient  l’homme et lui seul, appartiennent désormais à un répertoire commun à l’homme et à l’animal qu’il n’est plus possible de contester".

Tout ceci, évidemment,  le Bon Dieu le savait déjà. Et pourtant, dans la Bible, il déclare : "Vous serez un sujet de crainte et d'effroi pour tout animal de la terre, pour tout oiseau du ciel, pour tout ce qui se meut sur la terre, et pour tous les poissons de la mer: ils sont livrés entre vos mains. Tout ce qui se meut et qui a vie vous servira de nourriture: je vous donne tout cela comme l'herbe verte".

Cela me perturbe. Dois-je devenir croyant pour continuer à manger de la viande?

* Voici la liste complète : Françoise Armangaud (philosophe), Eric Baratay (professeur d’Histoire contemporaine), Denis-Richard Blackbourn (docteur en Ethnozoologie), Gilles Bœuf (professeur à l’Université Pierre et Marie Curie, Conseiller scientifique auprès du président du Muséum national d’Histoire naturelle, Georges Chapouthier (directeur de Recherche Emérite au CNRS), Valérie Chansigaud (historienne des sciences et de l’environnement), Yves Christen (éthologue, docteur en science), Philippe Cury (directeur de Rechercher à L’Institut de Recherche pour le Développement), Boris Cyrulnik (neurologue, psychiatre et éthologue), Fabienne Delfour (éthologue, spécialiste des cétacés), Vinciane Despret (éthologue et philosophe), Ludovic Dickel (professeur des Universités en Biologie des comportements), Elisabeth de Fontenay (Philosophe), Muriel Falaise (Maître de conférences en droit privé), Pierre Jouventin (éthologue), Christelle Jozet-Alvez (maître de conférences en biologie du comportement), Emmanuelle Grundman (biologiste, journaliste et spécialiste des grands singes), Thomas Lepeltier (Historien et philosophe des sciences), Karine Lou Matignon (auteure, journaliste), Baptise Morizot (Maître de conférences en philosophie), Eric Navet (éthnologue), Jean Marc Neumann (juriste et enseignant en droit de l’animal), Matthieu Ricard (Biologiste, Moine Bouddhiste)


Cf. : http://editionslesliensquiliberent-blog.fr/appel-secretariat-condition-animale/