mardi 23 août 2016

Omnivores : la coprophagie chez le chien

  
Paysage nordique avec chien

Comme l'a clairement montré l'anthropologue Mary Douglas, les raisons qui poussent à valoriser ou stigmatiser une espèce animale sont essentiellement d'ordre symbolique : si le Lévitique interdit de consommer la langouste ce n'est pas pour des raisons matérielles, hygiéniques ou pratiques, c'est qu'elle met du désordre dans le système classificatoire. Il n'empêche que des comportements typiques de  certains animaux peuvent contribuer, dans des sociétés parfois très éloignées les unes des autres,  à leur mauvaise réputation. C'est le cas de la coprophagie chez le chien. Les exemples sont nombreux. Je me limiterai à évoquer deux témoignages sortis d'un ouvrage  que j'ai déjà cité:

Chez les Dörvöd  (bergers mongols)  "les chiens sont perçus comme des animaux pollués. (...) Leur simple présence dans l'enclos pollue le bétail et cause des maladies. Étant nourris avec les restes du repas, des glandes immangeables et des os, ils sont considérés comme des animaux sales. Lorsque les gens quittent la yourte pour déféquer, les chiens les suivent pour manger les excréments". (Bernard Charlier, "Du chasseur au loup, de l'éleveur au chien. Garder l'animalité à la bonne distance en Mongolie de l'Ouest", in Michèle Cros, Julien Bondaz et Frédéric Laugrand, Bêtes à pensées, Paris Editions des archives contemporaines, 2015, p. 39).

"Malgré la place qu'il occupe dans la société et l'unité symbolique et économique qu'il forme avec son propriétaire, le chien n'est pas considéré, chez les Inuit, comme un animal sacré. Les traitements qu'on lui fait subir ne correspondent pas non plus aux standards que les Occidentaux associent aux animaux de compagnie. (...) L'été il n'était pas nourri et devait trouver lui-même sa pitance. Il se nourrissait alors de fruits de mer, de petits animaux, de déchets, d'équipement en peau (harnais, fouet, vêtements etc.), d'excréments humains et canins ou même de cadavres canins et humains". (Francis Lévesque,  "Là où le bât blesse. Soixante ans de gestion des chiens au Nunavik (ibid.  p. 70).


3 commentaires:

  1. Ne peut-on parler du porc en des termes quasi identiques ? Et n'y-a-t-il pas plus de sociétés qui consomment du porc que du chien ? Proximité avec l'humain ?

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  2. Le chien, c'est vrai, n'a pas le monopole de la coprophagie.

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  3. Revu hier le film White God, du Hongrois Kornel Mundruczo, sorti en 2014.
    Le chien en Spartacus, le chien comme éclairage de l'humain et des dérives de celui-ci... L'animal comme prétexte... évidemment !

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