dimanche 25 août 2019

Le retour des loups à Huelgoat


Juliette Fontaine : Anachorète

Ma rentrée s’est passée sous le signe du loup. Elle a coïncidé  avec  une rencontre à Huelgoat dans l’espace d’art contemporain  Méandres, animé par  Brigitte Mouchel et Julie Aybès. C’était autour de l’exposition  « Lorsqu’on parle du loup » (avec comme sous-entendu, peut-être : « lorsqu’on parle du loup on parle aussi de plein d’autres choses». Derrière l’hétérogénéité des regards j’ai cru saisir un point commun :  le caractère  « anhistorique » des animaux représentés. Le loup et le faisan dans la neige proposés par la photographe Julie Fischer, par exemple, semblent surgir de nulle part, prêts à resombrer dans le néant*.  Le merle filmé par Juliette Fontaine (il chante à tue tête contre le vacarme du périphérique parisien  et fait penser à ce Pékinois tout seul,  place Tiananmen, face aux chars de l’armée chinoise) est un merle exemplaire (il incarne le « devoir être » des oiseaux).  Les petits animaux esquissés par Isabelle Richard font bien partie d’un passé (le sien), mais ils restent énigmatiques comme les dessins d’un rébus. Chez Sophie Mei Dalby le repêchage des anciens bestiaires devient un prétexte pour explorer moins des animaux particuliers que l’animalité en général. Chimériques, les sculptures de Myriam Martinez, plus proches de la mythologie que de l’histoire, remettent en cause les frontières morphologiques qui nous séparent des autres animaux. Bref, apparitions fugaces, bêtes imaginaires,  emblématiques,  sans racines.

Au beau milieu de la réunion un chat en chair et en os, dans toute sa concrétude, a traversé  la salle. Il semblait dire : « Regardez-moi, je suis  vrai, je participe à l’histoire de ce lieu et de ces gens ». Mais lui aussi, finalement, faisait penser à un animal allégorique. Juste après, dans le public, une dame âgée a pris la parole pour nous parler de son enfance, lorsque les loups, à Huelgoat, étaient encore nombreux : « Pour aller faire pipi, le soir, les enfants sortaient en groupe accompagnés par des adultes ». On a pensé à un anachronisme, la dernière prime pour la suppression d’un loup, dans les Monts d’Arrée, datant de 1884. Mais c’était  peut-être une histoire vraie : celle que lui racontait sa grand mère. 

* Loup ou chien errant ?  On a de plus en plus de mal à trancher.


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