dimanche 20 avril 2025

La communauté des chasseurs et le principe de réalité

 

Rencontre interspécifique dans les Monts d'Arrée il y a deux ou trois jours

 

Dialoguer avec la presse cynégétique n’est pas forcément facile. Si on a une opinion qui, sans être défavorable à l’exercice de la chasse, ne correspond pas à la narration officielle, on a de fortes chances de ne pas être entendu.  Cette surdité remplit de joie, et peut être de fierté, les chasseurs les plus « pittoresques » (ceux que les anti-chasse s’amusent à canarder), mais elle porte préjudice à l’image de la chasse chez tous les citoyens doués d’un minimum de sens critique.

Voici le nouveau manifeste de la chasse tel qu’il sera apporté - annoncent les media du secteur - devant toutes les mairies de France. L’ensemble des requêtes a bien entendu sa légitimité, dans la mesure où elles correspondent aux souhaits d’une partie non négligeable (même si de plus en plus réduite) de la population française. Deux ou trois d’entre elles, toutefois, me semblent ne pas prendre en compte le principe de réalité. Je vous laisse deviner lesquelles.

 

La liste des 11 propositions du Manifeste de la Chasse.

  1. Reconnaissance d’intérêt général de la chasse française. Et inscription au patrimoine immatériel de l’Unesco de tous les modes de chasse.
  2. Arrêt du paiement des dégâts de grand gibier sur les cultures par les seuls chasseurs. Afin de sauver le système d’indemnisation pour les agriculteurs.
  3. Refus de l’interdiction du plomb dans les munitions de chasse.
  4. Suppression de tous les moratoires européens. Maintien de toutes les espèces chassables.
  5. Reconnaissances de la légitimité de toutes les chasses traditionnelles afin de garantir leurs pratiques.
  6. Animation d’une police de proximité rurale par les fédérations des chasseurs à dispositions des communes.
  7. Création d’un fond dédié aux fédérations pour financer les actions de réaménagement environnemental comme les haies pour le petit gibier.
  8. Permission aux chasseurs de céder leur gibier sans contrainte réglementaire disproportionnée.
  9. Réduction significative des populations de loup afin de sauver le pastoralisme et les population d’ongulés.
  10. Retour à la liste complète des nuisibles dans tous les départements et maintien partout du piégeage et du déterrage
  11. Liberté de continuer à chasser le week-end, les vacances et jours fériés.


2 commentaires:

  1. Comme souvent avec les responsables cynégétiques, ces 11 propositions sont un fourre-tout de revendications (je pense d’ailleurs que ce terme serait plus adapté que « propositions ») universelles, nationales, locales, partisanes, ….
    Si tous les modes de chasse (traditionnels compris) doivent être inscrits au patrimoine immatériel de l’Unesco alors il faut rapidement que les pêcheurs à la ligne, les adeptes de la course d’endurance et les ramasseurs de plantes et de champignons s’organisent pour demander l’équivalent pour des activités qui ont aussi contribué à l’épanouissement de l’humanité.
    A mon sens, deux points méritent vraiment l’attention :
    - la création d’un fonds pour financer des actions environnementales ; à l’évidence la perte des habitats est beaucoup plus problématique que la chasse en elle-même (sauf si son rejet relève d’une position philosophique que je respecte mais ne partage pas) ; mais il faut savoir que ce fonds financé entres autres par les fédérations de chasseurs existe depuis 1983 (Fondation pour la préservation de la nature, anciennement Fondation pour la protection des habitats français de la faune sauvage), ce n’est donc pas un scoop ; de plus, cela relève de la seule volonté des fédérations de chasseurs ce n’est donc ni une proposition, ni une revendication ;
    - la suppression des moratoires européens et le maintien de toutes les espèces chassables ; cette revendication souligne l’incapacité des responsables cynégétiques à prendre en compte les résultats de travaux issus de recherches autres que celles qu’ils financent ; elle souligne aussi les difficultés que rencontre la mise en place de la gestion adaptative, méthode prometteuse qui nécessite la volonté des chasseurs, scientifiques, militants de la protection de la nature et politiques, à travailler ensemble pour aboutir à des compromis favorables à la conservation de la faune sauvage.
    Pour le reste, cela relève plutôt de la tambouille politico-économico-électorale.
    J’ajouterai que je suis chasseur, pêcheur et ramasseur de champignons.

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  2. Merci pour ces observations très circonstanciées (nous sommes très loin du « pittoresque »). Merci aussi d’attirer l’attention, par vos remarques de chasseur-cueilleur, sur le caractère électoraliste des propositions les plus irréalistes, difficiles à négocier. La pire, à mon avis, concerne la création d’une « milice des bois » assurée par les chasseurs. Rien de plus malin pour les rendre populaires.

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