jeudi 31 juillet 2025

Sciences humaines et proxénétisme de la nature (3)


(Suite du billet précédent). Les parcs naturels ressemblent de plus en plus à des entreprises touristiques qui attirent les clients en mettant des animaux sauvages à leur disposition.  De ce point de vue, les responsables du Parc National des Abruzzes, Latium et Molise ont beau crier au scandale (« nous sommes envahis par les photographes professionnels et amateurs … ») : ils sont en fait à l'origine du phénomène qu'ils dénoncent.

Les réseaux sociaux ont bon dos. Ils contribuent largement au suivisme ambiant, c’est vrai, mais pour qu’il y ait imitation, il faut qu’il y ait des modèles à imiter. Ces modèles, comme nous le diraient René Girard ou Pierre Bourdieu, chacun à sa manière, sont les détenteurs de la légitimité sociale, les « médiateurs de prestige ». Aujourd’hui on parle d’« influenceurs ». Lorsqu’on a de la visibilité sociale, passer son temps à magnifier la rencontre avec un animal sauvage, présenter le tête à tête avec un fauve  comme un événement indispensable pour notre développement personnel, devient une instigation à la domestication du monde.

Les écrivains, anthropologues, philosophes qui, au nom de la Wilderness et du dialogue entre les espèces, poussent la population (c'est à dire leurs lecteurs, leurs « clients ») à la consommation du sauvage, contribuent largement à sa disparition.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire