samedi 28 mars 2020

D’un masque à l’autre 3) Confiance et déception




D’un autre côté, pendant un certain temps, j’ai eu une grande confiance envers les masques à gaz. J’étais convaincu que,  à l’instar des autres fournitures de l’armée, ils  étaient   indestructibles. C’est ainsi que, le jour où on nous a emmenés au champ de tir pour que l’on prenne connaissance de notre équipement, j’ai soumis mon masque à  une série d’épreuves assez rudes. Je ne l’ai pas fait exprès. Le masque est toujours resté dans son étui, accroché à ma ceinture. Mais, tout au long de la journée, il m’a accompagné pendant les  bonds,  les rampements et autres galipettes qui me semblaient convenir à la situation. Ce n’est que dans le car, avant de rejoindre la caserne, que j’ai jeté un regard furtif à l’intérieur de la sacoche : mon pauvre masque à gaz avait perdu une lentille et l’autre était sérieusement abimée. Je l’ai déposé dans l’entrepôt, avec nonchalance,  en espérant que personne ne vérifie son état  et que la guerre n’éclate pas le lendemain.

1 commentaire:

  1. Le masque à gaz pouvait servir de répulsif contre la mort par effet miroir : en voyant sa tête, elle repartait en courant.
    Avec votre masque amoché, ça aurait pu marcher aussi : bien que son sens de l’humour soit très contesté, il paraît qu’on peut calmer les ardeurs de la faucheuse en la faisant rire.

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