lundi 25 février 2019

Agir comme des ingrats




 
Jeune berger bodaado (Cliché de Yassine Kervella-Mansaré)


« [Chez les Peul] les vaches ont chacune un nom. Leur généalogie est parfaitement connue, autant qu’elle peut l’être sur une échelle de temps analogue à celle de la famille. Celles qu’on agrège autour d’elles, quand elles ont été acquises par achats ou échanges n’ont évidemment pas le même statut. S’il est nécessaire de le faire, un éleveur Peul peut se séparer de ces dernières, mais jamais – sauf situation de misère extrême – de celles dont la valeur symbolique à ses yeux excède largement la valeur marchande. Sinon il agirait à la façon d’un ingrat ou d’un inconscient pour qui le travail accompli par ses aïeux ne compterait pas. Il trahirait leur mémoire ». Yassine Kervella-Mansaré,  « Le Peul au miroir de sa vache » article à paraître dans une publication en ligne du CTHS dont je donnerai bientôt le titre.


Et chez nous ? Sommes-nous propriétaires de ce que nous héritons ? Tout dépend du sens que nous donnons au passé. Pour certains l’héritage n’est qu’un prêt. S'ils reçoivent quelque chose c'est pour la transmettre, pour que l’aventure continue. D’autres en revanche se considèrent comme le terminus. L’histoire s’arrête avec eux.  Pas d’ancêtres à honorer, pas de mémoire à préserver. « Après moi le déluge. Je déguste, je flambe, j'ai trouvé tout ça fort bon, merci beaucoup et au revoir ». D'où viennent ces entorses  téméraires  à la règle du don et du contre-don? De la Modernité? De l'Individualisme occidental? C'est psychologique? C'est social? C'est génétique? Va savoir.

2 commentaires:

  1. Il s'agit très probablement d'une spam, mais je trouve cette histoire jolie.

    RépondreSupprimer
  2. «(...) Arjuna : Vyasa, tu connais la fin de ton œuvre ?
    Vyasa : Je ne suis pas sûr qu’elle ait une fin.
    Arjuna : Es-tu sûr au moins, si la mort nous agrippe, que quelqu’un, quelque jour, survivra ?
    Vyasa : Oui, j’en suis sûr, j’en ai même la preuve : cet enfant qui m’accompagne, qui m’interroge et à qui je raconte le chaos du passé. »*
    *« Le Mahabharata, la partie de dés » adaptation théâtrale et texte de JC Carrière.

    RépondreSupprimer