samedi 17 octobre 2015

Bêtes symétriques (et inversées).


Si le Créateur existe,  il doit être structuraliste. Prenons l'ours et le loup.  A priori on n'y pense pas, mais ils ont été conçus l'un par rapport  à l'autre.  L'ours est individualiste. Il se déplace  en petit comité, avec sa compagne et ses deux enfants (ce  que les anthropologues définissent comme une famille nucléaire). Le loup, collectiviste, préfère la meute. L'un, plantigrade,  tend à la verticalité. Les autres rampent à la  queue leu leu dans la plus stricte horizontalité.  L'un - tout le monde le sait -  tue proprement :  il se limite à prélever une petite brebis, lorsqu'il en a besoin,  et l'amène silencieusement  dans les bois (enfin, sur ce point il faudrait demander des confirmations aux bergers ...). Les autres aiment le sang, se remplissent joyeusement la panse  et se livrent à des carnages parfaitement inutiles.  Par rapport à son corps, l'ours  a la tête petite. Le loup, affecté d'incontinence anale (dans l'imaginaire folklorique),  est une grande gueule béante. Sur le plan symbolique, le premier représente l'animal qui aspire à l'humanité. Le second, l'humain qui sombre dans la bestialité. Le chaînon intermédiaire est le loup-garou.   


Ce n'est pas moi qui le dis, c'est l'ethnologue Sophie Bobbé dans son ouvrage : L'ours et le loup, essai d'anthropologie symbolique. Paris, MSH/INRA, 2002

4 commentaires:

  1. Très beau billet. J'aime beaucoup la manière dont vous menez votre réflexion. J'ai de plus en plus de mal à me passer de vos petits articles...

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  2. Merci pour votre encouragement. On a toujours peur que cela tombe dans le vide.

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  3. Magnifique ! J'attends donc la suite sur les loups-garous. Mais y-a-t-il des ours garous ?
    Impatiente de vous lire à ce sujet.

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  4. Eh bien ... ils sont rares. Je vais me documenter.

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