jeudi 16 août 2018

Par taureau interposé


 

Christian Balzano : Io siamo resilienza

« Adesso tieni un attimo la bici e fammi una foto vicino al toro ». Le grand-père voulait être pris en photo à côté du taureau. Sa petite fille a refusé.  Il a dû se contenter  d’un selfie. Tout le monde n’a pas compris le message de cette sculpture monumentale  hébergée  par la ville de Trévise et âprement critiquée par les animalistes locaux. Moi non plus, pour être franc. Mais je reconnais que le bronze a toujours son attrait et que le martyre du taureau est un noble sujet.

8 commentaires:

  1. Oh ! Un taureau qui fait le poirier !

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  2. Je ne sais pas ce que les animalistes ont pu dire, mais comme chrétienne, je peux comprendre. La complaisance dans le spectacle permanent de la souffrance de celui qu’on est censé aimer au delà de tout me dépasse. En fait, j’y vois une hypocrisie sacrilège, parmi toutes les autres.

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  3. Je crains d’avoir manqué de clarté (ça ne va peut-être pas forcément de soi) : je parlais des représentations du Christ en croix.
    On trouvait à Rome, en 1984, des cartes postales en hologrammes avec un Jésus sanglant qui nous faisait un clin d’œil. J’espère que ça existe encore. (Peut-être y en avait-il où il faisait le poirier).

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    1. J’allais justement remarquer le caractère sibyllin de votre premier commentaire et, tout particulièrement, de la référence au christianisme (vous y revenez, de temps en temps, comme dans une sorte de coming out). Celui-ci me paraît un peu plus explicite mais j’ai encore du mal à saisir le lien (le taureau et le Christ : deux figures sacrificielles tournées en dérision ?)

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    2. Je trouve qu’imposer cette sculpture de taureau en place publique est d’une grande violence, la représentation systématique du martyr de Jésus aussi, ainsi que de tous les martyrs, dans les églises. Et aussi les campagnes publicitaires qui nous montrent la souffrance pour qu’on aide les malheureux. Comment peut-on supporter tout ça ?
      Le dolorisme catholique a une face cachée hideuse, qui fait, par exemple, intérioriser la souffrance comme une des clés d’accès à la Grâce.
      Pourtant, la première manifestation miraculeuse de la vie de Jésus dans les évangiles, c’est quand il change l’eau en vin aux noces de Cana, à la demande de sa fille-mère de mère.
      J’invente l’eau tiède, mais le message était libérateur, on en a fait un instrument de pouvoir (caricaturalement phallocrate). Le vin s’est à nouveau changé en eau, amère cette fois.
      Le clin d’œil de Jésus en hologramme, je le prends au premier degré.
      Car tout ça se termine bien, « on ira tous au Paradis, même moi ».
      Désolée de vous ennuyer avec mes débats intérieurs sur le catholicisme.
      Je ne comprends pas ce que vous entendez ici par « coming out ».

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    3. Maintenant tout est clair. Je crois être d’accord avec vous.(Coming out dans le sens où on affiche, on reconnait ouvertement, une appartenance, une option idéologique. Moi je fais du coming out, par exemple, lorsque je déclare ouvertement ma position de mangeur enthousiaste de pinçons et d'alouettes).

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  4. Ce que j’aime chez certains artistes c’est leur pouvoir à réveiller les consciences endormies... la provocation, la dérision... pour trouver l’eau moins amère ! Depuis le depuis de cet épisode taureau je repense beaucoup au « mouton noir » de l’art tchèque David Cerny (https://fr.m.wikipedia.org/wiki/David_Černy).
    Et merci à Sergio Dalla Bernardina de jouer comme ces artistes !!!

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    1. Merci. Je dois avouer que dans certains cas, comme celui du taureau exposé à Trévise (cela vaut aussi pour les saints écorchés vifs de l’art baroque et les théâtralisations sanglantes des animalistes), j’ai du mal à faire la part entre dénonciation et exhibition, entre militantisme et « pornographie »). Ce qui est pire - plus j'avance avec ce blog plus c'est évident : je suis tout aussi ambigu que mes cibles.

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