jeudi 21 mars 2019

Traumatisme de guerre (aux innocents) 5 : l’affaire des grenouilles suite et fin



Marbre du Tholonet
Revenons donc aux grenouilles. Je tiens à rappeler - parce qu’on a tendance à l’oublier - que toutes les grenouilles que nous mangeons ont été tuées par quelqu’un.  J’aurais deux épisodes à raconter. Je me limiterai au second. Moi et la grenouille nous étions dans la cuisine. J’ai admiré pendant un moment le contraste entre son dos brun et rugueux et son ventre lisse et polychrome que l’on dirait marbré. Je l’ai posée sur la planche qu’on utilise normalement pour couper la viande. En réalité je ne l’ai pas posée,  je l’ai aplatie sur la planche en la serrant avec ma main. Dans ces conditions, la grenouille pulse comme un cœur. Je lui ai coupé la tête. Lorsque j’ai ouvert ma main la grenouille a bondi et est allée se prendre dans le rideau.
Il était clair, dans mon esprit, qu’un carnivore adulte doit assumer ses responsabilités. Bien qu'horrible, l’acte sanglant était donc justifié. Mais je m’en souviens encore aujourd’hui*.

*J’ai parlé d’une grenouille au singulier mais il y en avait une bonne dizaine.

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