jeudi 11 juin 2020

"Je suis encore plus gentil que Saint François" (Faut qu’ça saigne 4) *




On peut aimer les animaux tout en étant loup-garou sur les bords

Encore un mot sur l’attachement multiforme que l’on peut ressentir pour son prochain, humain et non-humain. La vulgate  animalitaire (représentée par des institutions du genre  People for the Ethical Treatment of Animals, la fondation Brigitte Bardot, 3O millions d’amis  etc.),  met en avant l’empathie et la bonté,  célèbre l’altruisme et  fustige la cruauté. C’est louable et sacro-saint.  Mais  dans les impulsions qui nous poussent vers l’Autre, il n’y a pas que de la solidarité franciscaine. Si dans un certain domaine de notre expérience (celui du rapport aux animaux, par exemple) nous nous montrons charitables,  c'est peut-être que nous avons choisi d'autres lieux pour exprimer notre agressivité, d'autres catégories   sur lesquelles déverser notre haine et notre misanthropie  (le boucher, le chasseur, le Musulman ...).
Le monde n'est pas dichotomique, les Saint François d’un côté, les Loups-garous  de l’autre. Dans chacun d’entre nous les deux tendances cohabitent, ce qui change est juste le dosage. Le problème est que le discours  ambiant ne donne la parole qu’à  Saint François laissant le Loup-garou dans l’ombre, ou  projetant son profil malsain sur les « autres », les redoutables « ennemis des animaux ». 

Dans le prochain billet j’illustrerai par un exemple personnel les difficultés que l’on peut rencontrer lorsqu’on se permet de jeter un regard froid et analytique sur les relations constructives que nous entretenons avec  les autres animaux.



*À propos de Faut qu'ça saigne. Écologie, religion, sacrifice, Éditions Dépaysage, à paraître fin juin 2020

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