dimanche 28 juin 2020

Récompenses (la valeur d’une vie)


La bibliothèque municipale de ma ville natale
Les histoires de « récompenses » et de « créatures d’exception » évoquées dans les billets précédents ont réveillé chez moi un ancien souvenir.  Il remonte à l’époque où je préparais  ma maîtrise, en Italie. Pendant l’été, l’université étant fermée, je passais mes matinées à la bibliothèque municipale pour lire la presse locale du XIXème siècle (du point de vue ethnologique, c’est tout aussi enrichissant que faire du terrain). Parmi les aficionados il y avait un drôle de retraité, je ne sais plus s’il était géomètre ou comptable. Il parcourait les journaux avec fébrilité.  Il ne parlait pas, mais ses soupirs saccadés, sortes de râlements,  attiraient l’attention. Sans lever le regard, il surveillait tout le monde. Dès qu’un lecteur s’adressait à son voisin  pour demander des informations, il fonçait sur lui comme un chien de garde en criant (j’exagère à peine) : Ma dove crede di essere ? Questa è una biblioteca pubblica. Esca subito di qui !  (« Mais où vous croyez-vous ? Ici on est dans une bibliothèque publique. Sortez immédiatement !). J’avais lu, à l’époque, qu’un chercheur américain - un psychologue je crois - prétendait  avoir repéré chez les propriétaires des grands chiens de défense la  tendance à s’immiscer dans la vie d’autrui (oui, parce que le penchant à « fliquer » son prochain, selon lui, répondait à une configuration psychologique)*. (À suivre).

* Cela pourrait ouvrir sur un débat intéressant sur les vocations.

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