mercredi 8 juillet 2020

Pas d'inconscient chez les amis des animaux?


 

Sigmund Freud venant d'avouer à sa fille Anna que la découverte de l'inconscient était un canular  

Encore un mot pour reconnaître la fragilité d’une démarche  attribuant au « montreur de souffrances », à côté de ses  motivations conscientes, des motivations inconscientes qu’il ne maîtrise pas*.
En fait, qui m'autorise à poser l'existence de mobiles occultes  qui échapperaient à la conscience des individus? Et éventuellement, si ces mobiles devaient vraiment exister, pourquoi aurais-je le droit de les interpréter? À quel titre?  Ne serais-je pas en train de projeter sur l’autre  des motivations inconscientes issues de  mon inconscient à moi ?  

* Inutile de préciser que je me considère tout aussi double que le montreur de souffrance que j’accable ici.

5 commentaires:

  1. Dans les années 80, une chaîne de télé française a diffusé une série de reportages sur la condition animale, notamment dans l’élevage industriel, portés par Brigitte Bardot.
    Ce fut une sonnerie du réveil pour moi. Ce qui avait été présenté comme un progrès était une monstruosité, acceptée par l’immense majorité.
    Paradoxalement, alors que ce modèle était censé régler les problèmes alimentaires dans le monde, les images d’enfants décharnés et le ventre gonflé par la famine fleurissaient partout, sur les murs du métro, en couverture de magazines.
    Quarante ans et des milliards d’images atroces plus tard, les problèmes alimentaires ont pris de nouvelles formes tout en gardant les anciennes. L’obésité et ses conséquences sur la santé croise la sous-alimentation dans une danse infernale cadencée par le capitalisme « triomphant ».
    Le trop et le trop peu alimentaires sont des anomalies, des « dysfonctionnements ».
    L’élevage industriel n’est pas vécu comme anormal, bien que très récent au regard de l’Histoire.
    Pourtant, les images de la simple réalité de ce qu’il implique sont des violences qu’on « ne veut pas voir » au même titre que celles des guerres, famines, sévices...
    Je pense qu’on ne devrait en effet pas pouvoir supporter ces images plusieurs fois. Il suffit de penser que la victime est un proche et on détourne les yeux par réflexe.
    Les américains ne montrent jamais leurs morts dans les médias, paraît-il. C’est un indice sur leur cynisme et peut-être une confirmation que certaines images sont indécentes.
    Comment trouver la juste mesure entre l’information et la manipulation ? Entre la responsabilisation et la culpabilisation ? (Entre la compassion et la délectation - sadomasochiste - ?)

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    1. C’est bien la question centrale : quand est-ce que l’animal martyrisé, exhibé dans sa chosification et souffrance, cesse d’être un témoignage de la barbarie humaine pour devenir une attraction ? (« Regarde le chien que je viens de prendre en photo. Il est manifestement plus souffrant que celui que tu as filmé samedi dernier ...»)

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    2. J’étais en particulier dans le constat que l’exhibition de ces images manque d’efficacité dans la lutte contre le système d’exploitation industrielle des animaux.
      Sur son rôle inconscient, je subodorais que le corollaire de névroses sadomasochistes du sentiment de culpabilité (inséparable de notre culture), prospère aussi placidement que le grand capital.

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  2. Soudain, vos analyses finissent par me faire penser à moi-même. Tous les jours, je vérifie le nombre de malades du coronavirus dans tous les pays du monde. C'est très intéressant de voir comment l'épidémie évolue et cela permet de faire des anticipations (ou des prophéties pour épater ses proches).
    Or je viens de me rendre compte que, en regardant la situation des Etats-Unis (et d'un certain nombre d'autres pays) et leur nombre de nouveaux cas quotidiens délirant, j'éprouve, à côté d'un frisson d'horreur, un frisson d'amusement et, pire, de profonde satisfaction.

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    1. Je m’identifie pleinement dans votre description : je découvre que le coronavirus, aux Etats-Unis, vient de contaminer 65.000 personne en une seule journée. Je pense aux rodomontades de Trump (« Tout est under control »), j’ai du mal à retenir un vague sourire. Juste après, je regrette mon cynisme et mon manque de fair-play.

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