vendredi 26 janvier 2024

Obsolescences programmées, obsolescences souhaitées : autour de l'adjectif : "jésuite".

Venise, basilique de Saint Marc. Adam nomme les animaux


Force est de reconnaitre que le Grand Architecte de l’univers, s’il existe, a programmé, parmi le nombre infini de merveilles,  notre obsolescence. Il avait sûrement des raisons sérieuses, qui nous échappent, mais en tout cas c’est comme ça. On gesticule, on cherche à ralentir ce déclin, on se donne du mal pour luire encore un peu.  Et pendant qu’on gesticule, même si ce n’est pas très élégant, on souhaite parfois l’obsolescence d’autrui. On souhaite le déclin d’un point de vue sur le monde qui ne correspond pas au nôtre, d'une habitude,  d’une idée « inadmissible » et des mots qui la représentent. 

Certains par exemple, déplorent l’emploi du terme « jésuite » pour indiquer, je cite le Larousse : « une personne qui montre une subtilité un peu retorse, qui manque de franchise et de sincérité ». C'est une sorte de stéréotype ethnique, finalement, mais appliqué au champ religieux : il discrimine une minorité.  Personnellement, je trouve que ce terme possède une capacité de description toute particulière. Comme les noms d’animaux qui, en dépit de leur faible correspondance avec la réalité éthologique, permettent de métaphoriser toutes sortes d’inclinaisons humaines, « jésuite », dans son usage vernaculaire,  est un mot précieux et fait partie, qu’on le veuille ou pas, du patrimoine immatériel de l’humanité.

Je reviendrai prochainement sur d’autres termes menacés de disparition et sur les synonymes (jésuitiques, justement),  qui prétendent les remplacer*.

 

* Cela dit, je n'ai rien contre les Jésuites, mais c'est un autre discours.

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