Scène de séduction entre cervidés (détail extrait du Livre de Chasse de Gaston Fébus/Phoebus/Phébus composé entre 1387 et 1389)
Il y a longtemps, dans l’Utopie de la nature, je dessinais les traits de ce que, plus tard, j’ai pris l’habitude d’appeler l’« éco-voyeurisme ». En consultant les revues de voyage et les reportages naturalistes, j’avais constaté une certaine prédilection, chez les photographes et leur public, pour les scènes de poursuite/dévoration et de « fiançailles ». J’avais trouvé une confirmation explicite à cette prédilection chez les auteurs mêmes de ces reportages, comme par exemple chez Yann-Arthus Bertrand qui déclarait :
« Par la simple observation discrète vous obtiendrez souvent un scoop formidable. Les animaux sont dans leur territoire, vous êtes des intrus, en cage mais en trop. Respectez-les, ils vous accepteront. Une chose encore, ne brulez pas toutes vos pellicules le premier jour ; ce qui paraîtra exceptionnel à votre premier Game drive, vous le retrouverez presque tous les jours. A moins de tomber sur une chasse ou sur un accouplement, attendez que la lumière soit bonne ».*
Si on s’intéresse à ces séquences très dynamiques, et très chargées émotionnellement, c’est pour connaitre en profondeur la vie des animaux, mais pas seulement. On apprend et, en même temps, on fantasme, on s’identifie.
Cet éco-voyeurisme qui ne dit pas son nom vient de trouver une forme institutionnalisée : désormais tous les ans, entre septembre et octobre, les médias nous invitent à « ne pas rater » le brâme du cerf, car « c’est le moment propice ».
Puisque le moment est propice, n'hésitons pas à jeter un coup d'œil nous aussi sur ce fait de société. (À suivre).
* Cité dans L’utopie de la nature. Chasseurs, Écologistes, Touristes, Paris, Imago, 1996, dans le chapitre : Pornographie animale, p. 210 et suivantes.
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