(Suite et fin). Pour tout avouer, troublé par la réponse diplomatique (trop diplomatique, à mes yeux), de l’Intelligence Artificielle j’ai eu le sentiment qu’une instance transcendante, animée par un esprit normalisateur, œuvrait à l’invisibilisation de mon blog. Après je me suis dit : « Sois sérieux, c’est une belle manière de justifier ton échec sans assumer tes responsabilités ». Alors, j’ai cherché une issue compatible avec mon amour propre, mais moins complotiste. Je l’ai trouvée dans l’anthropologie des controverses de Bruno Latour et Michel Callon : pour avoir de la visibilité il faut appartenir à un réseau, appartenir à une paroisse. Les Cani sciolti, comme on les appelle en italien (les électrons libres dirait-on en français, mais je préfère « chiens sans laisse »), qu’ils mordent à fond comme des loups, ou doucement comme des brebis, sont censés s'évaporer dans les brumes de l’anonymat. C’est triste, comme constat, mais c’est déjà anoblissant. Cela fait Lonely Cowboy.
J’ajoute une dernière tentative d’explication (il y en aurait d’autres liées, par exemple, aux thématiques de René Girard, mais je vous les épargne) et j’ai fini.
Jeanne Favret-Saada, dans un passage remarquable de son ouvrage consacré, derrière la sorcellerie, à la méthode ethnologique, nous rappelle une évidence qu’on a tendance à sous-estimer : le regard fixé sur le « Je » ou sur le « Ils » du récit ethnologique tend à nous faire oublier que lorsque l’ethnologue dit : « Ils » (« Là-bas ils pensent ceci, ils font comme ça »), c’est par rapport au « Tu » à qui il s’adresse. Or, dans mon blog, le « Tu » à qui je m’adresse est trop générique.
Les chasseurs le savent bien : lorsqu’on voit passer un vol d’oiseaux, il ne faut pas tirer dans le tas. Il faut en choisir un en particulier, sinon on risque de tous les rater.
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À la fin du raisonnement, quand-même, j’ai été saisi par un doute :
Mais moi, est-ce que j’interviens dans les blogs des autres ?
Peut-être que le « Tu » à qui vous vous adressez est un peu comme vous un chien errant.
RépondreSupprimerArmelle Sêpa.
Errare humanum est. Le problème est que moi je persévère.
RépondreSupprimerNous aussi.
SupprimerMerci de persévérer !
RépondreSupprimerNicole Juin