dimanche 15 décembre 2019

Phénoménologie de la vache. Syncrétisme et acculturation




Disons-le clairement : la vache archétypale n’existe pas*. Il n’y a que des vaches localisées, à géométrie variable, dont le statut change en fonction du contexte.

Dans son article : « Le couple boeuf-cheval et les impérialismes américains, ou l’origine de la plus-value du capitalisme financier »** Frédéric Saumade s’attarde sur les implications idéologiques et économiques des transferts d’animaux d’un continent à l’autre. Une fois introduits en Amérique et s’adaptant au nouveau contexte environnemental, les bovins européens ont été soumis à deux formes d’exploitation presque antithétiques : « (…) Le modèle fermier anglo-normand [qui] est indissociable de la morale puritaine du travail productif et de l’éthique de sensibilité à l’égard des animaux domestiques (…), et le modèle américain du ranching, issu de la conjonction de l’élevage extensif ibérique, de la culture cynégétique-guerrière des Indiens, [et] de l’esprit de conquête économique des Anglo-Américains, [qui ] se situe sur la frontière de la domesticité et du sauvage ».

La protection d’un côté, la semi-liberté de l’autre (les deux chèrement payées à la fin). Si j’étais une vache j’aurais du mal à choisir.
Enfin non. Tout compte fait, je choisirais l'Amérique et les Cow-boys. En errant allègrement entre la Louisiane et l'Alabama j'écouterais Oh, Susanna dans la version de James Taylor.

* Sauf chez les Peuls, nous en avons déjà parlé.
** De la bête au non-humain. Perspectives et controverses autour de la condition animale. Paris, (Sergio Dalla Bernardina éd.) éditions du CTHS en ligne, 2020 (à paraître).

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