vendredi 13 décembre 2019

Trophées sur pattes


 
 Deux trophées sur pattes au zoo de Vincennes

Une des principales questions  qui émergent de la lecture de la publication collective De la bête au non-humain*, dont j'anticipe ici quelques éléments,    est la suivante :  à partir de quel moment les animaux  quittent leur statut d’objets, de comparses, de grégaires, pour devenir des interlocuteurs ?*

Dans son article :  « L’empire des bêtes. Zoos coloniaux et circulations d’animaux entre la France et l’Afrique (1930-1960) » Julien Bondaz croise l’anthropologie et l’histoire en nous parlant d’un temps où chasser les animaux était un geste politique. Les montrer aussi avait une portée politique. La mise en exposition des animaux sauvages à l’époque coloniale remplissait plusieurs fonctions. Dans la métropole, nourrie en bêtes exotiques par les explorateurs, les diplomates, les colons,  les missionnaires et les scientifiques elle « donnait à voir au public occidental un résumé du continent africain ».  Ces différentes sources d’approvisionnement fonctionnaient comme « (…) autant d’entreprises de requalification des animaux sauvages en marchandises, en “trophées vivants” ou en spécimens scientifiques, et, au final, en animaux de zoo».



* De la bête au non-humain. Perspectives et controverses autour de la condition animale. Paris, (Sergio Dalla Bernardina éd.) éditions du CTHS en ligne, 2020 (à paraître).

** Une des possibles réponses étant : « Ils ne sont pas devenus des interlocuteurs, ils l'ont toujours été … ». L'autre, plus perfide:  " Nous faisons juste semblant qu'ils soient devenus des interlocuteurs, mais ils restent foncièrement des assistés, des subalternes, des instruments ...".


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