Pas beaucoup d'idées, ce matin. Juste l'image de cette vache qui cherche à se faire passer pour un mouton.
Dans la région alpine, découragés par la présence des loups, certains bergers mettent fin à leur activité. Ici et là, on les remplace par des silhouettes métalliques rappelant leur ancienne présence dans les lieux.
Tu te souviens de Beatrice, celle qui tient ces beaux discours sur le bien être animal? Eh bien, je l’ai choppée avant-hier au supermarché avec un sac plein de crabes bleus. Je lui ai demandé : « Mais ils ne souffrent pas? » Elle m’a répondu : « Tu sais … c’est une espèce invasive… Et j’ai ma technique : je les place deux heures dans le congélateur, lorsqu’ils sortent ils sont tellement engourdis qu’ils ne s'aperçoivent de rien.
Cliché du photographe luxembourgeois Pol Aschman (emprunté dans le site : https://www.ifp.cz/fr/galerie-35/event2506-exposition-luxembourg-annees-50#/
En Italie, à cause des événements récents, on est revenu sur les accords de Schengen. Il faut rétablir les contrôles aux frontières pour empêcher l’arrivée de terroristes isolés, ces improvisateurs autodidactes moins faciles à repérer que les membres d’un réseau. Dans un premier temps, pour les définir, la presse italienne a utilisé la formule « cani sciolti » (chiens en liberté). Après, on doit avoir trouvé que cette métaphore ne convenait pas (à qui? à la communauté canine, peut-être, qui ne mérite pas ces généralisations arbitraires). Depuis deux jours on parle donc di lupi solitari, à savoir de « loups solitaires ». J’attends les remontrances des amis du loup*.
* Tout en étant solitaires, ces loups solidarisent avec les terroristes organisés. On pourrait donc les qualifier de lupi solidali (loups solidaires). L’esprit de solidarité, on le sait, est une des principales caractéristiques de ces canidés sauvages.
Nature morte du photographe Patrick Mollema exposée à la Biennale de Tulle la semaine passée
J’ai appris beaucoup de choses à la Biennale Européenne d’histoire locale de Tulle. La première qui me vient à l’esprit est que la truffe, inodore tant qu’elle est vigoureuse, développe son parfum en mourant. C’est poétique et décadent à la fois. Une esthétique fin de siècle.
J’ai pu aussi constater que, lorsqu’on quitte les grandes concentrations urbaines pour se déplacer au coeur du Pays, on peut parler des animaux qu'on aime et mange à la fois (une chose n’empêchant pas l’autre) sans trop de dérangements.
Pieter Brueghel le Jeune, Douzième nuit, 1619
A partir de mardi prochain je profiterai de ce blog, où je traite habituellement des thèmes abordés dans cette rencontre (le végétarisme, l'antispécisme, le bien être animal, la mort animale, le statut de la viande, le statut du chasseur et celui du gibier etc.), pour restituer par écrit mon intervention.
Il y a un animal dont je regrette la disparition. C’est le petit oiseau de Twitter. Je n’ai jamais su utiliser convenablement ce « service de microblogging » particulièrement frugal, propice à des manières d’argumenter différentes des miennes. Mais la bestiole de l’icône était très attachante. Le nouveau symbole m’intimide. Il me fait penser à des codes secrets, à des plans militaires pour la conquête de la planète, à des bagnoles noires de ploutocrate garées sur le trottoir. Bref, je ressens dans cette substitution des ondes mortifères*. Lugubre, la lettre X remplace quelque chose qui n’est plus-là. Elle signifie : « Circulez, il n’y a plus rien à voir. L’oiseau est parti».
* C'est ma perception, bien évidemment, et il ne faut pas me prendre au sérieux. D'autres trouveront dans ce changement de logo quelque chose de dynamique, novateur, captivant etc.
« Alors que j’étais encore un adolescent, en 1946, j’allai signer mon nom de l’autre côté du ciel durant un fantastique voyage « réalistico-imaginaire ». Ce jour-là, alors que j’étais étendu sur la plage de Nice, je me mis à éprouver de la haine pour les oiseaux qui volaient de-ci, de-là, dans mon beau ciel bleu sans nuage, parce qu’ils essayaient de faire des trous dans la plus belle et la plus grande de mes œuvres. Il faut détruire les oiseaux jusqu’au dernier. »*
Vraiment un drôle de type, ce Klein. Un cancre charmant. J’aurais bien aimé, je ne dirais pas le rencontrer (je n'aurais rien eu de fabuleux à lui raconter et ça m'aurait embarrassé), mais être assis dans une table à côté de la sienne, dans un restaurant niçois, et écouter en cachette ses élucubrations. J’ai bien connu son sosie (dont la ressemblance n'était pas que physique), qui nourrissait pour lui une admiration sans bornes.
P.S. Kafka non plus n’aimait pas trop les oiseaux. Leur chant insistant le perturbait.
*Yves Klein, « Manifeste de l’hôtel Chelsea, New York, 1961 » ,
sur www.yvesklein.com,
1961
Il faut dire que dans la villa palladienne de Maser le rapport aux chiens est assez particulier. Il est courant que, dans les grandes propriétés, on utilise des chiens au tempérament agressif* pour inviter les inconnus à ne pas entrer. Ici - et le panneau n'est pas récent -, on invite les inconnus à ne pas laisser sortir les chiens.
* On serait tenté de qualifier ce tempérament de fascistoïde, mais on se tromperait.
* On nomme d'ailleurs Palladiennes ce genre de surfaces obtenues par l'agglomération de marbres précieux.