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mardi 6 juin 2023

Le poisson le plus gros (autour d’une libération animale)

 


Il ne fallait pas le relâcher après le selfie, paraît-il, puisque il n’est pas autochtone. Il entre même dans la catégorie des espèces invasives. Toujours est-il que le pêcheur de ce silure long de 285 centimètres  a fini par le libérer (dans un acte de clémence vis-à-vis du vaincu). La vidéo diffusée aujourd'hui par le Corriere della Sera nous montre un poisson qui, au lieu de nager, flotte comme une épave. Mais ce qui compte est le geste. Je me demande combien de cochonneries a dû avaler ce poisson silure, pendant son existence vaseuse dans les eaux polluées du  fleuve Pô, pour devenir aussi gros.

samedi 22 avril 2023

L'esprit du large

 

Pas trop d'idées, aujourd'hui. Juste ces deux photos prises au port de commerce, où se passe toujours quelque chose.


La traversée de la jetée dure quelques minutes. À l'aller la seiche bougeait encore un peu. Au retour elle ne bougeait plus.*

* On constate ces micro-événements sans trop y penser, notre mémoire ne les retient pas. On les stocke ailleurs.

mardi 8 novembre 2022

Les pêcheurs de la jetée (5) Épilogue écologiquement peu correct (mais joyeux)


 Paysage brestois (cliché de SDB)

(Suite et fin)

Bref, j’aime  l’atmosphère de la nouvelle jetée et le fait que les gens puissent y pêcher tranquillement, chacun à sa guise et avec ses motivations. J’aime bien que les gens puissent pêcher en général, chasser, et je dirais même braconner*.

Il y a une ambiance de complices dans ce no man’s land sur pilotis. Après, bien sûr, ça peut déplaire à certains. Les « amis du vivant » les plus intransigeants diront que ces adeptes de la prédation portent atteinte à la faune du port, que leur pratique est dangereuse (on s'assoit sur la rambarde, on se distrait ... et après qui paye le SAMU?), que les poissons sont bourrés de métaux lourds ... C'est qu'ils sont jaloux. En attendant qu’ils fassent installer des caméras pour surveiller la zone, et des éthylotests obligatoires pour trier les promeneurs, je multiplie mes déambulations. Le vivant est là, en train de pêcher et de pécher.

* Dans un sens très précis que j'explicite dans l'épilogue de l'ouvrage collectif  L'appel du sauvage. Refaire le monde dans les bois (Presses Universitaires de Rennes, 2016). Il s'intitule  :  « Éloge du braconnage ».

dimanche 6 novembre 2022

Les pêcheurs de la jetée (4). Effacer les traces ?


 

(Suite) Les anthropologues insistent beaucoup sur les précautions prises par les chasseurs-cueilleurs pour cacher les traces de leurs « animalicides ». Le sang du phoque sur la neige est une tâche criarde qu’il faut vite effacer. Les Pygmées aussi, de leur côté, cherchent à éliminer tout indice susceptible  d’attirer l’attention du Maître des animaux. Dans la jetée du port de Commerce les traces restent là, difficiles à laver : c’est l’ancre des seiches, preuve incontestable que quelque chose s’est passé. Quelque chose de quel genre ? De triste? De sale? D'utile? De normal? De joyeux? 

Quelque chose  de triste, de sale, d'utile, de normal et de  joyeux tout à la fois.

(À suivre).

vendredi 4 novembre 2022

Les pêcheurs de la jetée (3). Tu pêches? Moi aussi


 "Puis-je prendre une photo?" ." Allez-y". "Merci" . J'ai juste accentué  l'ambiance sépia.

(Suite) On pêche les mêmes poissons, sur la jetée, mais pour des raisons différentes. Je cherche à m’imaginer la vie de ceux qui comptent sur la capture d’un maquereau  ou d’une aiguillette, avec son long bec et son corps de serpent, pour assurer leur repas du soir. Ils semblent patients et concentrés, l’air nonchalant comme si leur nervosité éventuelle risquait de se transmettre aux poissons par le fil de la canne à pêche. Ils côtoient d’autres pêcheurs, à l’apparence tout aussi cool,  dont les objectifs, manifestement, sont d’ordre ludico-sportif.

samedi 29 octobre 2022

Les pêcheurs.euses de la jetée (2). (Du poisson et du sang).

 

Pêcheuse à Brest (mon cliché)

(Suite) Sur la jetée il y a des femmes qui pêchent, ce qui ne devrait pas m’étonner. Même chez les chasseurs, proportionnellement, le nombre de femmes augmente. En les observant de loin, je pense néanmoins aux études d’Alain Testart  sur l'interdit de verser le sang imposé aux femmes dans les sociétés traditionnelles (il généralise beaucoup)*. Oui, mais tout ça est très loin, et le sang des poissons  ne se remarque pas trop. Sur le plan symbolique, de ce point de vue, on peut  hameçonner le palais d'une dorade sans enfreindre le tabou. Et le thon alors, qui teint de rouge, avec son sang copieux,  les surfaces marines  où il est traqué et harponné ?**

C’est vrai, le thon … et ben … pour confirmer le schéma proposé par Testart, il faudrait tomber sur la règle suivante : les femmes aussi  peuvent  pêcher le thon, mais au filet ***.

*Alain Testart, L’amazone et la cuisinière. Anthropologie de la division sexuelle du travail, Paris, Gallimard, 2014

** Pour ne pas parler des globicéphales. Dans mon billet du 6 mai 2021 je commente le traitement médiatique de leur pêche/spectacle dans les  îles Féroé,  qui attire tous les ans des centaines de journalistes à la fois joyeux (pour le « scoop ») et très indignés.

 ** Le monde change, certes, mais les grands schémas d’organisation de la pensée symbolique n’évoluent pas à la même vitesse, et c’est toujours amusant d'essayer leur pertinence ou leur inadéquation sur les nouvelles manifestations de la  contemporanéité.


(À suivre).