mercredi 30 septembre 2020

Transitions écologiques et progrès moraux



Mme Barbara Pompili, Ministre de la Transition Écologique, vient d’annoncer des mesures fortes en faveur des animaux sauvages en captivité. Qu’aurais-je voté dans le cadre d’un référendum ? Au départ j’aurais peut-être eu des doutes, en songeant à la richesse et à la complexité des univers qui vont bientôt disparaître en raison de ce choix.   Mais j’aurais fini par cautionner cette décision inévitable : le spectacle d’un animal emprisonné, conditionné, humilié, torturé, n’est plus compatible avec  la sensibilité d’aujourd’hui (y compris la mienne).

Il se peut, cependant, que la tendance à exploiter  les animaux souffrants à des fins spectaculaires*,  à jouir même de leur souffrance sous prétexte de la dénoncer, soit toujours là, de mieux en mieux dissimulée.

* Avec tous les profits qui en découlent.

lundi 28 septembre 2020

L’arbre qui cachait la faculté (celtitude et raison pratique)

L'arbricide a eu lieu (mais, encore une fois, pour des raisons irréfutables). En tout cas, on ne pourra pas accuser les responsables de l’Université de Bretagne Occidentale de connivence avec les mouvements néo-druidiques.

samedi 26 septembre 2020

L’âme des érables

 


On va couper  quelques arbres sur le parvis de l’Université de Bretagne Occidentale (site Victor Segalen). On  prévient les usagers que cela fera du bruit. Quelqu’un, doué du sens de l’humour, demande sur le net s’il s’agira des cris des arbres en question.  D’autres internautes, juste après, regrettent l'"arbricide". On leur fait comprendre que c’est pour des raisons objectives. Pas de quoi polémiquer. 

jeudi 24 septembre 2020

Pigeons d’antan

 

- Y avait-il  vraiment un bar, là-bas ?

- Oui, juste à côté du théâtre, avec des chaises dehors, les pigeons  et tout le reste.

- Tiens,  j’ai complètement oublié.

lundi 21 septembre 2020

Un miracle contemporain : la multiplication des sangliers

Alsace. Peluche de sanglier coiffée d'un calot français de 1939 (cliché de Steve Lazzaris).

Les sangliers prolifèrent et menacent nos vignes. Qui va les neutraliser? Ceux-là mêmes qui les ont disséminés*

*Je n'ai rien contre la chasse, mais je cherche à garder un minimum d'objectivité.


samedi 19 septembre 2020

"Chasses traditionnelles" : un concept très vague qui crée de la confusion

 

Derrière la formule « chasses traditionnelles », se cachent des mondes fort différents, parfois incompatibles. Voici, sans livrer le fond de mon analyse, un bref passage de Faut qu'ça saigne* où je décris la chasse à courre :

« Aujourd’hui encore, il n’y a pas que les chasseurs qui prennent du plaisir à la reproduction cérémonielle de cette pratique anachronique largement folklorisée. Autour de ce cortège en costume, comme le montrent Michel Pinçon et Monique Pinçon-Charlot*, orbite une nébuleuse de badauds, de vacanciers, de riverains qui admirent, ravis, le spectacle. Les médias aiment beaucoup ce genre de représentations, notamment les organismes de propagande qui trouvent dans cette « survivance » – que l’ethnologue désenchanté interpréterait plutôt comme une « réinvention de la tradition » – de quoi prouver que « la chasse est culture ». Les opposants à la chasse aussi l’ aiment beaucoup, parce qu’elle leur permet d’ illustrer, dans un cadre exemplaire, le bien-fondé de leur position »**.

*Foncièrement charmés, je trouve,  par ce gymkhana en style Renaissance faussement interclassiste. Michel Pinçon et Monique Pinçon-Charlot, La chasse à courre : ses rites et ses enjeux, diversité sociale et culte de la nature, Paris, Éditions de Montbel (Bibliothèque du roi Modus), 2018

**Sergio Dalla Bernardina, Faut qu’ça saigne. L'amour de la nature, entre écologie et religion, Éditions Dépaysage, 2020.

jeudi 17 septembre 2020

Le crucifix et le trophée


C’est la rentrée. Pas trop de temps à consacrer au blog. Mais j’ai une solution : je vais remplir les vides avec quelques passages de mon dernier ouvrage. Voici le premier, consacré à une tentative de lecture profane de la figure du Christ sur la croix:

« D’un point de vue extérieur, en schématisant, on pourrait définir le crucifix comme le condensé d’une histoire, celle d’un être qui a été persécuté et mis à mort. Décrit dans ces termes, qui ne prennent pas en compte la singularité de l’événement, le Christ sur la croix n’est pas très différent des têtes et autres restes de l’ennemi battu et soumis à une sorte de recyclage symbolique (il était un ennemi, il est devenu notre ami) qu’on a pris l’habitude de qualifier, avec beaucoup d’ approximations, d’ objets apotropaïques. Cela aplatit la portée du message évangélique, indiscutablement, mais nous permet de tisser des liens avec l’ethnographie, le folklore et la mythologie ».

 

Sergio Dalla Bernardina, Faut qu’ça saigne. L'amour de la nature, entre écologie et religion, Éditions Dépaysage, 2020

lundi 14 septembre 2020

Jésus était bon, mais il n'était pas végan*.

 

Des écrevisses participant (à quel titre?) à la Dernière cène.  

J’avoue avoir péché des écrevisses. C’était interdit, je crois. On y allait la nuit, en longeant des cours d’eau qui descendaient de  la montagne, cachés par la  végétation, dans une alternance de terrasses et de cascades.  On plongeait un bras dans l’eau et on fouillait sous les pierres.  L’écrevisse pinçait, mais pas trop.  On la posait  précautionneusement dans un sac. Au cœur de l’action, enivrés par la fatigue et par les parfums de la nuit, on perdait le sens de notre unité psychophysique et on devenait, à la fois, l’écrevisse, le torrent,  le hibou mélancolique  qui chantait au loin ...**. Rentrés à la maison, même si c’était l’aube,  on préparait un risotto. 

* Y aurait-il donc  meilleur que Jésus?

** J'exagère juste un  peu.