Cette image publicitaire nous invite à « capturer la nature sauvage ». La jeune fille sur la photo, manifestement, n’est pas d’accord. Elle décide donc d’immortaliser un paysage rural : l'exemple même de la nature domestiquée. Je propose cette interprétation parce que je n’oserais pas affirmer que cette jeune fille est ridicule, et qu’elle n’a rien compris à la notion de « nature sauvage ». Vis à vis de l'auteur de la publicité j’aurais envie d’être moins diplomatique, mais je me retiens. Disons qu’il est emblématique. Il représente à la perfection les « nouveaux curés », comme je les appelle, qui sont en train de monopoliser le discours sur le sauvage en mélangeant morale, business et approximation.
lundi 31 juillet 2023
samedi 29 juillet 2023
Du goupil au renard. Mise en abîme
Portrait de renard victorien (Etsy € 20,49)
Le bon prince, disait Machiavel, doit être à la fois golpe (renard) et lione (lion)*. Aujourd’hui, en italien, on dit volpe avec un v. Mais dans la Toscane de Machiavel on utilisait le g. Le mot golpe rappelle de près le français goupil, tombé en désuétude depuis un long moment (à cause du grand succès du Roman de Renart, comme on sait**).
La formule « tomber en désuétude » a l’air un
peu obsolète. Elle tombera bientôt en désuétude. Ainsi que le terme « obsolète », qui est en train de devenir tout aussi désuet.
*Deux façons d'être prédateur, remarquera quelqu'un.
** C'est comme si on avait remplacé le nom « berger allemand » par « Rintintin » ( « L'autre jour j'ai visité un élevage de rintintins »).
jeudi 27 juillet 2023
Le prix des huîtres en Bretagne et ailleurs
Huîtres gratuites dans la rade de Brest (cliché SDB)
- Regardez qui est là. T'habites toujours en Bretagne ? Moi j'y suis passé en mai. Rennes, Saint-Malo, le Mont Saint-Michel. Ils sont fous, ces
Bretons. J’ai vu des pommes de terre en vente à 6 euros le kilo alors que les
huîtres ne coûtaient que 9 euros. C’est
dingue.
- Effectivement ... Tiens, tu me donnes une idée : on pourrait créer un élevage d’huîtres dans les Dolomites.
mardi 25 juillet 2023
Co-évolutions
Turgut Aygün, Les "danseurs" d'un chien africain, 2019. Détail*
Je cherche l’auteur de ce passage prophétique :
« L’Île était tellement petite que tout était sous contrôle. Depuis longtemps, désormais, les termes domestique et sauvage étaient tombés en désuétude. À leur place, des noms de famille mettaient les différents partenaires - humains, plantes, animaux - sur un plan d ‘égalité. Tous les chiens étaient beiges ».
* Pour tout dire, j’ai éliminé les queues blanches du chien (c'est toujours le même mais il bouge) pour faire coller l'image à mon propos. Je me suis interdit de recolorier le chien en beige. J’invite le lecteur à retrouver ce très beau tableau dans son entièreté.
samedi 22 juillet 2023
Les visiteurs de mon Blog (7). Le Portugais.
Pas mal d’Américains, ces derniers jours, trop nombreux pour être vrais. Ça va se terminer comme avec mes visiteurs de Singapour, juste une bulle de savon.
Je découvre en
revanche l’apparition d’un Portugais qui pourrait être authentique. C’est bon
signe, je me dis, mon public s’élargit. Assis sur la terrasse je regarde dans le noir (les journées commencent à se
raccourcir, ici) et je cherche à deviner où se trouve le Portugal. À ma droite, je crois,
derrière la montagne où se couche le soleil.
Cherchez le chien 2
* On les appelait comme ça, c’est très joli.
** Ils les chassent au double sens du terme.
jeudi 20 juillet 2023
Cherchez le chien (1)
« La montagne est à tout le monde. Et d’ailleurs, pourquoi devrais-je tenir en laisse mon chien ? » C’est ce que doivent avoir pensé les propriétaires du chien d’appartement que l’autre jour, libre comme un oiseau, est allé molester un troupeau de vaches qui pâturaient tranquilles à l’ Alpe di Siusi, en Haut-Adige*. Effarouchées, les vaches ont attaqué des touristes parfaitement innocents qui transitaient dans le coin. Résultat : deux blessés graves héliportés à toute vitesse vers les centres de secours.
Je suis naturel, mon chien est naturel, les vaches sont naturelles, la nature également. Ça fait un collectif charmant, dans sa biodiversité. Vive la nature et vive la liberté**.
lundi 17 juillet 2023
Sauterelles (l’arroseur arrosé)
vendredi 14 juillet 2023
Lorsque le loup n’était pas là (être vache hier et aujourd’hui)
Vache méditerranéenne particulièrement libre et joyeuse
Toutes les vaches ne vivent pas dans la tristesse et la ségrégation. Partout, en roulant du Finistère jusqu’à Belfort et, après, de l’arrière pays bâlois jusqu’à Davos, de Meran à Bozen et encore plus loin, j’ai croisé des vaches bien dans leurs sabots. En pleine forme, je dirais. Elles prospéraient sereines dans les champs, alertes et mobiles dans les brumes du matin, peinardes sous les chênes quand il faisait chaud. À la fin de leur parcours on les mange, c’est vrai, mais dans le cadre d’un contrat qui donne à cette manducation une légitimité morale :
- On te nourrit, on te soigne, on te protège. Toi, en échange, tu te laisses manger.
- D’accord, répond la vache, mais alors, pourquoi as-tu réintroduit les ours et les loups ? Ce n’était pas dans le contrat.
- Moi réintroduire ? Tu plaisantes ? Ils sont revenus tout seuls. Et puisque je suis un démocrate, je protège tout le monde, les proies comme les prédateurs.
- Et que te donnent-ils en échange, les prédateurs ?
- Donc, voyons … que me donnent-ils en échange ... ?
Ah oui, j'ai trouvé : ils me donnent le spectacle. Le spectacle sanglant.
mercredi 12 juillet 2023
Psychologie aviaire (la complexité des oiseaux)
Il est gentil, le rouge-gorge. C’est lui, avec son bec fragile, qui a retiré les épines du front de Jésus au sommet du Calvaire. Et la tache qu’il porte sur sa poitrine est là pour rappeler cet acte de bonté. Sur le plan éthologique, toutefois, j'ai entendu dire que cet oiseau secourable n’est pas dépourvu d’une certaine agressivité. Peut-on être secourable et agressif à la fois ? Je le pense.
Morale : nous sommes des rouges-gorges.
jeudi 6 juillet 2023
Cagnottes d’hier et d’aujourd’hui
A-t-on le droit de discriminer les mots ? Je veux dire, a-t-on encore le droit de déclarer : « J’aime ce mot-ci, alors que celui-là me donne des boutons » ? Ça se discute : les tenants de la cancel culture diront que oui (« Certains mots doivent sortir du vocabulaire …), les wokistes diront que non (« Discriminer les mots, c’est discriminer leurs usagers … »)*. Le mot « cagnotte », en tout cas, ne me plait pas trop. Il me dérange autant que le mot « tiramisu » et que les emplois arbitraires de « problématique » et de « finaliser »** . Mais pourquoi ? Allez savoir. Je cherche son étymologie dans le dictionnaire : « De l’occitan canhòta - “ petite chienne“ ». Ce terme désigne aussi une « petite cuve utilisée pour la vendange »***. Rien de négatif, à priori***. Alors pourquoi je ne l’aime pas ? C’est à cause du diminutif en « otte », je crois, ce qui est bête et parfaitement gratuit : il y a des gens qui n’aiment pas les cerises, il y en a d’autres qui n’aiment pas les diminutifs en « otte ». C’est leur affaire.
Conscient du caractère injuste de mes idiosyncrasies je cherche à me soigner, mais je n’y parviens que partiellement. Tout récemment, je suis retombé sur le mot « cagnotte » et j’ai ressenti le même malaise que dans le passé, comme s’il recelait quelque chose d’intrinsèquement obscène.
* Ce passage montre à quel point je n’ai rien compris en matière de wokisme et de cancel culture.
** On n’a plus des problèmes, aujourd’hui, on a des problématiques. On ne finit pas, on finalise.
*** Fait-elle penser à une petite chienne ? Peut-être.
**** Même si les emplois du mot chienne, ne serait-ce qu’en italien (cagna), proposent des rapprochements extrêmement discutables (que j’aurais du mal à censurer, cependant, dans la mesure où ils contribuent à la richesse de la langue).
mardi 4 juillet 2023
Les visiteurs de mon Blog 6) Le(s) Palestinien(s)
En 9 années d’existence, mon blog n’a jamais été visité par le moindre Autrichien. C'est dommage, je trouve : en Italie je n’habite pas très loin du Tyrol, nous partageons le même biotope, nous avons des affinités folkloriques et sportives, nous utilisions la hotte et, encore aujourd'hui, les raquettes à neige. Nous aimons le speck ...
Pour des raisons que je crois connaître, parmi mes visiteurs réguliers il y a des Suisses et des Mongols (très rares mais assidus). Tout récemment, j’ai constaté avec plaisir l’apparition d’un Palestinien. Une nouvelle fleur dans mon jardin, me suis-je dit. Pourvu que ce ne soit pas un robot.
dimanche 2 juillet 2023
L'ourse s'explique (amalgame)
Techniciens du sanctuaire de San Romedio, en Italie, spécialisés dans la conversion des ours au véganisme
Jj4, l’ourse qui a tué un « runner » dans la région de Trente, a finalement donné sa version des faits : « L'individu courait très vite et risquait de blesser quelqu’un. Pour le neutraliser j' ai visé aux jambes, mais le runner a bougé ».