vendredi 29 janvier 2021

Errare humanum est (et Castrare aussi)

 

C’est une bonne nouvelle, vraisemblablement, qui justifie le sourire de Monsieur Dombreval (en haut à gauche dans l’image). Le bon sens, la rationalité  scientifique et la bonté triomphent.

Je pense au sourire tout aussi extasié du chat errant :  « Finalement, se dit-il, quelqu’un qui s’occupe de moi »*.

* C’est vrai que la manière la plus immédiate pour « errare », dans la tradition médiévale (et, dans certains milieux, jusqu'à nos jours)  était de s'accoupler.

mardi 26 janvier 2021

Goélands d’appartement






Autrefois il n’y avait pratiquement que des gattare (femmes à chats). Aujourd’hui, paraît-il, les gattari augmentent*. Ici à Brest il y a aussi des femmes et des hommes « à goélands », mais c’est interdit. Et j'ai compris pourquoi. On nourrit le goéland une ou deux fois et il finit par s’incruster. Après il se met à faire de la peine : il regarde immobile pendant que l’on mange, il ouvre grand son bec pour montrer qu'il a faim, il pousse des cris mélodramatiques, il frappe contre la vitre. Un véritable emplâtre.

*Tout récemment Anna Mannucci a consacré un article aux « gattari » dans le Corriere della Sera. N’étant pas abonné, j’ignore son contenu, mais je suis d’accord  avec elle a priori. 



dimanche 24 janvier 2021

Laissez moi libre (de tourner en rond)

 


Cliché emprunté au Corriere della Sera du 23 janvier

Je rentre à la maison et, cinq minutes plus tard, je m’aperçois que je n’en ai pas profité pour enlever mon masque.  On prend des habitudes et on a du mal à s’en débarrasser. J’y pense en regardant la photo de cette ourse. C’est une histoire atroce. Libérée après vingt ans passés dans une cage, elle continue de tourner en rond. La cage physique est devenue une cage mentale. Cette image hautement symbolique, qui semble sortir d’une fable d’Ésope, nous parle de la tragédie endurée par les animaux sauvages et domestiques confinés dans des espaces exigus. Elle nous parle aussi, d’une façon plus abstraite, de la condition humaine en général.

vendredi 22 janvier 2021

Au coeur de l'actualité. Élevage et biosécurité.

 

Voici l'annonce de notre séminaire de la semaine prochaine
 

 

EHESS - UE446 - De l’humain animalisé au vivant humanisé (deuxième année : risques et avantages de la proximité ontologique).


Lundi 25 janvier de 15h à 17h

 

 Frédéric Keck

 en webinaire : lien de connexion : https://webinaire2.ehess.fr/b/gui-zas-zrq

 


« Les maladies infectieuses émergentes dans les réservoirs animaux ».

 

Il s’agira de décrire comment les relations entre humains et animaux ont été perçues comme des facteurs de risque d'épidémie (grippe, SRAS, Ebola) et comment les mesures de biosécurité prises pour contrôler ces épidémies ont transformé les relations entre humains et animaux à partir d’une enquête dans le sud de la Chine.

 

mercredi 20 janvier 2021

L'intériorité des plantes

Le plantes pensent, paraît-il. Du coup je me demande si le bégonia que j'héberge dans mon bureau est de droite ou de gauche.

lundi 18 janvier 2021

Le futur insectivore de l’espèce humaine

 


 
 
Source : Wikipédia

On n’arrivera pas à me faire manger de la viande in vitro (en cachette, peut-être, pour me dire juste après « T’as vu ? elle n’était pas si mauvaise que ça »)*. Je n’aurais aucun problème, en revanche,  si on me proposait une friture de larves préparées convenablement. C’est l’aliment du futur, paraît-il, qui mettra fin à nos sentiments de culpabilité vis-à-vis de nos amis les bêtes : « Je ne mange pas d’animaux, moi, juste des insectes! ».

Pour ceux qui croient en  la métempsychose, cependant, il ne s’agira pas d’un véritable progrès.

* C’est ringard, je sais, mais je trouve dans la viande cultivée quelque chose de profondément pervers.

samedi 16 janvier 2021

Anthropomorphismes ruraux

 

Antonello Da Messina. Paon  (1474-1475)

« Les paysans croient que plusieurs oiseaux de basse-cour qui appartiennent à des espèces relativement peu communes et remarquables par leurs particularités ont des sentiments qui rappellent ceux des hommes. On prétend que le paon cesse tout à coup de faire la roue quand il jette par hasard les yeux sur ses pieds et devient tout honteux de les voir si laids Paul Sébillot, Le folklore de France, La Faune, (1904-1906) Paris, Imago, 1984, p.  230-231

mercredi 13 janvier 2021

Le beurre et l’argent du beurre (à propos de l’assaut du Capitole)

 

 

Je n’arrivais pas à comprendre pourquoi le déguisement de ce supporter de Donald Trump suscitait mon dégoût alors qu’il est ludique et pittoresque. Après j’ai trouvé. C’est le contraste entre le déguisement en chamane et le drapeau américain qui décore sa figure. Les patriotes américains, on le sait,  tiraient sur les chamanes comme s’ils étaient des lapins. Donc Il faut choisir : ou on est patriote ou on est chamane.

dimanche 10 janvier 2021

Devenir animal (alors qu'on l'est déjà)

Autrefois, lorsqu’un représentant de notre espèce outrepassait certaines limites sous l’emprise de la jalousie, de la haine ou de la fureur guerrière, on disait qu’il sombrait dans l’animalité. Aujourd’hui, grâce aux progrès de l’éthologie, cette manière de concevoir les choses  a perdu toute légitimité. J’en profite pour annoncer la prochaine séance de notre séminaire :

EHESS - UE446 - De l’humain animalisé au vivant humanisé (deuxième année : risques et avantages de la proximité ontologique).


Lundi 11 janvier de 15h à 17h

Steve Lazzaris

en webinaire : lien de connexion : https://webinaire2.ehess.fr/b/gui-zas-zrq

 

 « Hommes et animaux dans la guerre : sort commun

 et nature partagée »

Bête de somme ou bête de guerre, l'animal a toujours été très présent dans les luttes armées. La guerre serait une activité proprement humaine, l'expression d'une violence extrême, toujours plus forte, inconnue des animaux. Et pourtant il n'est pas rare d'entendre que les hommes en guerre se livrent à des actes qui renvoient leur nature vers ce que l'animalité aurait de plus féroce. Souffrir et mourir ensemble implique l'élaboration de liens et de représentations qui dépassent la simple relation pratique dépourvue d'affects, au point qu'il devienne, parfois, peut-être difficile de différencier le statut ontologique de l'humain de celui de l'animal.

vendredi 8 janvier 2021

Les bienfaits de la Covid (est-ce que Brigitte Bardot vient de souhaiter la mort à quelques milliers de personnes ?)

 


Je me trompe, probablement, je dois avoir mal compris. Et en tout cas  bien sûr, c’est métaphorique, il ne manquerait que ça … Il n’empêche que ce tweet de la fondation Brigitte Bardot a le pouvoir de semer le doute. Est-on vraiment en train de souhaiter la mort de ceux qui pratiquent la chasse à courre ? Je consulte les statistiques. Selon la Société de Vènerie les pratiquants  sont 10.000. On triche un peu, peut-être. Imaginons qu’ils ne soient que 7.000, voire 5.000*. Faut-il vraiment espérer qu’ils soient emportés par le virus ?

* Je n’en sais strictement rien, mais peu comptent les chiffres.

mercredi 6 janvier 2021

Y a-t-il des oiseaux dans le ciel? Eh bien, voilà ce qu'il faut en dire et en penser

Étourneaux brestois photographiés par moi-même et exploités  à des fins rhétoriques 

Je contemple des oiseaux qui évoluent dans le ciel mais je n’ai pas de mode d’emploi. J’attends l’avis des nouveaux Maîtres des animaux (la liste des associations est longue, celle des particuliers aussi*) pour savoir comment je dois me comporter.

*Les philosophes, ces derniers temps, ont beaucoup de conseils à donner (mais les ethnologues aussi, pour ne pas parler des éthologues).

lundi 4 janvier 2021

Pas assez de bruit dans Landerneau


 

Parmi mes souvenirs de l’année passée, il y a la visite au Fonds Leclerc, à Landerneau. C’était à propos de l’exposition « Cabinets de curiosités » que j’ai déjà eu l’occasion de commenter.  Voici un court fragment où  je décris mon étonnement face à une « curiosité » tout à fait surprenante :

 

« Non loin [du salon de la chasse] des visiteurs à l’expression indéchiffrable fixent, silencieux, une vitrine. Elle contient la dépouille momifiée de madame Germaine D., "Femme à barbe". Je pense plusieurs choses à la fois : ça doit être terrible de se retrouver ici, pour l’âme de cette dame dont on pérennise la pilosité (…). Connaissant la polémique déclenchée par les tribulations posthumes de la "Vénus hottentote", je fais part de mon étonnement à un jeune gardien qui livre des explications sur le contenu de la salle :

 

— Personne ne dit rien à propos de cette dame ?

— Si, il y en a qui ont des doutes. Mais des analyses sont en cours pour prouver que la barbe est vraiment la sienne* ».

 

*Faut qu’ça saigne. Écologie, religion, sacrifice,  éd.  Dépaysage, 2020, p.40

samedi 2 janvier 2021

Si j’étais un cheval (à propos d’un ouvrage de Bernadette Lizet)








Si j’avais été un cheval,  aurait-il été préférable que je naisse aujourd’hui ou, mettons, il y a cent cinquante ans ? Je me pose cette question peu sérieuse en parcourant le dernier ouvrage de Bernadette Lizet Le cheval dans la vie quotidienne (éditions de CNRS, 2020),   un beau livre exhaustif et richement illustré.  On y trouve tout ce que l’on voudrait savoir sur les transformations qui ont mené « de la harde sauvage au quadrupède domestique », et jusqu’aux adaptations les plus récentes. La réponse à ma question paraît évidente : tout dépend du  milieu. Au cours du XIXème siècle,  lorsque le cheval était omniprésent, travailler dans une mine ou attelé à des véhicules surdimensionnés était une tâche infernale. Vivre dans les écuries  du vicomte de Valmer ou du comte de Grammont, en revanche,  ne devait pas être désagréable. Mais au-delà des contextes plus ou moins favorables,  c’est la sensibilité générale qui a changé.  Aujourd’hui, en matière d’éthique animale, nous avons progressé.  Les chevaux  à viande destinés au marché japonais reçoivent tous les soins d’un produit de luxe. Les chevaux de travail employés dans les fermes écologiques pour remplacer les engins mécaniques, font l’objet de mille précautions. Ils disposent même d’un « datafficheur, petit appareil électronique permettant de mesurer la force de traction en fonction des conditions de travail ». Mais le futur est incertain.  Le devenir de l’hippophagie n’est pas assuré* et, parmi les défenseurs de la cause animale, nombreux sont ceux qui voient dans l’utilisation du cheval, que ce soit à des fins pratiques ou ludiques, une exploitation inacceptable.

Pour les chevaux, finalement, la perspective du  « bien-être animal »  semble se concrétiser. Leur espoir de naître, en revanche, là où il ne serviront plus à rien,   va forcément diminuer.  


* En fait, c’est comme la pratique de la messe, qui décline dans certains pays de la vieille  Europe mais pas forcément ailleurs. Au niveau mondial l’hippophagie est même en train de progresser.