lundi 30 janvier 2023

La liesse des étourneaux

 

 Lieto
- gai - (allegro) joyeux - (felice) heureux

letizia : joie - far letizia (rare) : exulter
letame : fumier
letamaio : fosse/trou à fumier - FIG porcherie

ETYMOLOGIE [ Treccani ]
- lieto
du latin laetus «fertile», puis «gai/content / lieto» , voir letame
- letame
du latin laetamen, dérivé de laetare «engraisser, fumer / concimare» (lui-même de laetus «gai, content / lieto», sens d'origine : fertile)

Treccani signale que lieto a toujours le sens de fertile/luxuriant -terrain, plante...- (registre poétique/vieilli) :
- l’erba è più lieta qui che altrove = l'herbe est ici plus luxuriante qu'ailleurs [ Pietro Bembo ] .

Amusants, ce glissement sémantique de fertile à content et ce cousinage avec le fumier*.

*J'ai emprunté cette définition et le commentaire au site suivant :  http://projetbabel.org/forum/viewtopic.php?p=223361

 

vendredi 27 janvier 2023

La nature sauvage : un « protectorat »

 

Je me souviens encore de ce moment crucial. À la dernière minute, devant préciser  mon sujet et délimiter mon territoire, j’ai fini par appeler ma thèse La nature sauvage et ses consommateurs. Des stéréotypes du récit de chasse aux lieux communs de la prose écologiste, mais dans un premier temps elle devait s’appeler : La nature sauvage, ses protecteurs et ses consommateurs. On a trouvé que c’était trivial. J'ai laissé tomber.

Aujourd'hui, même le discours sur le sauvage a ses protecteurs et ses consommateurs. Les consommateurs consomment et les protecteurs, espèce proliférante,  se tirent dessus comme à l'époque d'Al Capone .

mercredi 25 janvier 2023

Mort d'un ours

 

J'ai emprunté cette photo au Corriere della sera

Parc National des Abruzzes. L’ours Juan Carrito, devenu en peu de temps l’emblème du parc, vient d’être tué par une Golf Volkswagen. Dans le Corriere della Sera, la journaliste et romancière Dacia Maraini s’en prend à l’humanité, à la technologie, aux voitures. Trop facile. Moi je pense à un complot.*

 

* Plus j'y pense, d'ailleurs, plus j'en suis certain : qui est à l'origine de cet accident simulé? les bergers? les chasseurs? les autorités religieuses voyant dans le "culte de l'ours", qui attire les touristes par milliers dans ces endroits paumés, les résurgences du paganisme et de la zoolâtrie"?


lundi 23 janvier 2023

Des trains et des chats

 

L’histoire du chat coupé en deux à la gare de Montparnasse pour des raisons de ponctualité, atroce dans sa froide banalité, a la puissance d’un récit mythique. J’y reviendrai.

samedi 21 janvier 2023

Quand on n'a que l'amour (scènes émouvantes de tendresse ordinaire )




jeudi 19 janvier 2023

Au nom du vivant (annonce)

 

UE286 - Séminaire De l’humain animalisé au vivant humanisé


Lundi 23 janvier de 12h30 à 14h30, Campus Condorcet-Centre de colloques, Salle 3.06, Centre de colloques, Cours des humanités 93300 Aubervilliers

 

 

Karine Bonneval "Saccharumania"

 

 

André Micoud

 

De quoi « le vivant » est-il le nom ?

 

A partir d’un examen de l’histoire de l’apparition des noms et de leurs usages, avec ce qu’ils entraînent avec eux à la fois de percepts, de concepts et de préceptes, je me propose d’interroger la signification de l’usage du substantif Le vivant dans les discours actuels tant de l’écologie (avec le concept de la biodiversité), que de la biologie (avec les pratiques de la brevetabilité). Ce sera pour moi l’occasion de revenir sur plusieurs de mes travaux sur des objets concrets aussi divers que les associations de protections de la nature, l’évocation des différents patrimoines, les OGM, les changements des rapports aux animaux…. Je me demanderai pour finir, avec l’anthropologie cette fois, si l’expression des formes de vie (au pluriel) ne permettrait pas de mieux échapper aux risques de toutes les ontologies identitaires.

mardi 17 janvier 2023

Encore sur le Dogue (du Gévaudan)

 


03/07/2019 - Saint-Rémy-l’Honoré, dans les Yvelines. Une jeune femme entre la vie et la mort après avoir été attaquée par 6 dogues argentins.

01 sept. 2019 - Une septuagénaire bousculée et son Jack Russel Terrier tué par deux dogues argentins.

Un dogue argentin a attaqué et tué un chihuahua dans l'après-midi du samedi 22 février 2020 à Saint-Nazaire (Loire-Atlantique)

22 mars 2022 - Un chien tué par deux molosses en pleine rue à Sedan. Les deux animaux, un croisé dogue argentin et un croisé american staff, étaient identifiés et vaccinés et n'étaient pas classés comme ...

28 sept. 2022 — La propriétaire d'un dogue argentin de Lubersac (Corrèze) a été condamnée, mardi 27 septembre 2022. Son animal avait attaqué un autre chien .

13/09/2022 - Saint-Nazaire (décidément …)  un dogue argentin en liberté mord un promeneur et tue son petit chien.

31 oct. 2022 -  Cette nuit, une gramoune âgée de 85 ans est décédée suite à une attaque d'un Dogue Argentin à Saint-Paul. Selon l'autopsie, elle a été attaquée au niveau du cou ce qui a entraîné un arrêt cardiaque.

13/09/2022 - « Italie :  Asia le Dogo tueur a trouvé une nouvelle maison. Dans la province de Trente en Italie, les protestations des voisins du couple qui a décidé d’adopter le Dogue argentin qui à Catane, a massacré devant sa mère le petit Giorgio âgé d’un an et demi. Pour le président de l’association Arcadia : “Maintenant l’animal est fiable“ ».*

Asia est fiable, c’est l’essentiel. Tout est bien qui finit bien. Et arrêtons avec les préjugés!  

*https://www.easydogs.fr/blog-chiens/la-chienne-qui-a-tue-un-bebe-mois-a-trouve-une-nouvelle-maison-934.html


 

dimanche 15 janvier 2023

Des rites partout (Brest et la cérémonie du Sapin Malin)


 


Le terme « rite » désigne plusieurs choses à la fois. J’emprunte au  Larousse les deux acceptions suivantes :

- Action accomplie conformément à des règles et faisant partie d'un cérémonial : Rites de la remise d'une décoration.

- Manière d'agir propre à un groupe social ou à quelqu'un, qui obéit à une règle, revêt un caractère invariable : Ses journées se déroulaient selon un rite immuable.

À Brest, depuis quelques années, on assiste au rite du « Sapin malin »* : à la fin des fêtes de Noël, les habitants du quartier déposent à un endroit bien précis, sur la place Wilson, leurs sapins desséchés.  Lorsque le monceau est suffisamment haut, les porte-flambeaux se présentent et allument le bûcher.  Les adeptes approchent  et savourent ravis ce spectacle gratuit, tout aussi prenant qu’un feu d’artifice. On attend sereinement l’arrivée des pompiers qui vont clore la cérémonie.

* J’en parle dans mon ouvrage La langue des bois. L’appropriation de la nature entre remords et mauvaise foi, Paris, Muséum d’Histoire Naturelle, 2020. 

 

vendredi 13 janvier 2023

Des dogues dans les bois

 

 

 

Dans la perception contemporaine, le chasseur est porteur d’une faute originelle : il tue les animaux, ce qui n'est pas bien*. Donc il a tort a priori.  Si un accident se produit, inutile d’entendre ses explications. Son tort est "ontologique", consubstantiel à son identité. Il précède l'événement.

Il y a quelques jours, un chasseur a tiré sur un dogue argentin qui était juste un train d’aboyer vers son chien. Lorsque le propriétaire du dogue est allé juste lui signaler que ça ne se fait pas, il l’a menacé de mort. Les réactions se multiplient. En voici une :

Je comprends l’émotion de Monsieur Henry-Jean Servat, tellement forte qu’elle l’empêche d’imaginer que les choses puissent s’être passées autrement. Moi j’ai à l’esprit un scénario légèrement différent, avec un dogue argentin moins jovial que celui décrit par son propriétaire.  Selon les médias, le chasseur incriminé a l'habitude de boire quelques verres et en plus est récidiviste, ce qui réduit sa crédibilité. J’aimerais néanmoins connaître sa version des faits qui n'apparaît nulle part. 

Cela dit, je ne voudrais pas sembler partisan : lorsque je me promène dans une forêt,  je trouve rassurant qu’on puisse y rencontrer des chiens  de protection comme les dogues argentins les pitbulls et autres dispensateurs de sérénité bucolique. C’est agréable de se sentir protégé**.

 

* Il tue les animaux alors que nous ... . Ah s'il n'y avait que nous le monde serait bien plus humain!   

** Sur la personnalité du dogue argentin je renvoie à l'article de Wikipédia (où j'ai emprunté la photo que je propose ici). Sur la personnalité des propriétaires de dogues argentins je n'ai pas d'informations, juste des préjugés comme ceux qu’on peut avoir vis-à-vis des chasseurs.

mercredi 11 janvier 2023

Les chasseurs français ne sont pas des Italiens (mais ils le deviendront)

 

 
«Les Français sont des Italiens de mauvaise humeur, et les Italiens sont des Français de bonne humeur», disait Jean Cocteau. Il présentait les choses très gentiment, d’autres clichés, d’un côté comme  de l’autre des Alpes,  vont bien plus loin dans la description  des différences nationales.  Plus « latins » que les Français, les Italiens sont souvent considérés comme des individus impulsifs,  hédonistes et avec un sens de l’État moins développé. Ils ont réussi cependant, et depuis un moment,   à renoncer à deux journées de chasse par semaine. Et leur saison de chasse   est plus courte que celle des Français. Monsieur Willy Schraen, le président de la Fédération nationale des chasseurs,  trouve que renoncer à ces prérogatives porterait à de graves conséquences : « Dans cinq ans » a-t-il déclaré à propos de l’hypothèse  d’interdire  la chasse le dimanche, « la ruralité est à feu et à sang ».

Morale (je reviens  à  la formule de Cocteau) : ce n’est pas parce que le chasseur français est un Italien de mauvaise humeur qu'il a le droit d'avoir un comportement pire que le sien.

samedi 7 janvier 2023

Remèdes de cheval (annonce)

 

 


UE286 - Séminaire De l’humain animalisé au vivant humanisé


Lundi 9 janvier de 12h30 à 14h30, Campus Condorcet-Centre de colloques, Salle 3.06, Centre de colloques, Cours des humanités 93300 Aubervilliers
 

Sophie Bobbé

 

"Un remède de cheval : les implications ontologiques de l'hippothérapie"

 

Peut-on considérer l’animal comme un sujet compatissant? Le concept d’empathie est-il opératoire pour définir son rôle dans un contexte thérapeutique? C’est à partir d’un cas concret - l'introduction d’un cheval dans un processus de soins en services de gériatrie, d'oncologie pédiatrique et de soins palliatifs - que nous aborderons ces questions.

vendredi 6 janvier 2023

Le paysage de l'autochtone et le regard du technicien (annonce)

 


Penser les ruralités contemporaines

 

ÉCOLE DES HAUTES ÉTUDES EN SCIENCES SOCIALES (Paris)

 

  • Pierre Alphandéry, ancien chercheur INRAE (hors EHESS)
  • Christophe Baticle, maître de conférences, Aix-Marseille Université(TH) (hors EHESS)
  • Sophie Bobbé, chercheure associée au laboratoire LAP – EHESS
  • Sergio Dalla Bernardina, professeur, Université Bretagne Occidentale(TH) (LAP-LACI) Cet enseignant est référent pour cette UE

 


Salle AS1_08
54 bd Raspail 75006 Paris

lundi 9 janvier  15:30-17:30

 

 

Hugo Gassin

« Entre pensée globale et savoir vernaculaire. Une démarche paysagère en Basse-Navarre (Pays basque) ».


Dans le cadre de la réalisation d’un Plan de Paysage portant à la fois sur l’ensemble du Pays basque nord et le sud du département des Landes, la Communauté d’Agglomération Pays Basque et la Communauté de Commune du Seignanx réunissent différents acteurs lors de démarches participatives censées porter une réflexion collective sur l’aménagement futur des zones rurales ou périphériques. Ces dispositifs, organisés autour des perceptions du paysage, sont spécialement élaborés pour donner une place particulière aux « représentations des habitants ». Pourtant, certains éléments prononcés lors des discussions, tant dans leur dimension locutoire qu’illocutoire, peuvent laisser supposer que d’autres regards, ceux des techniciens, sont exprimés et échangés, se superposant alors à celui des habitants. Ces démarches participatives sont en fait des espaces de négociation des regards. Nous reviendrons sur une situation ethnographique particulière le temps d’une « Balade paysagère et patrimoniale ». Cela nous permettra de montrer comment le paysage (à la fois lieu et regard porté sur ce lieu) remplit le rôle de médiateur dans les projets politiques qui proposent de (re)penser les ruralités.




mercredi 4 janvier 2023

  Qui interprète les messages ?


Je reviens sur Paul Sébillot et son Folklore de France (1904-1906). À son époque, dans les campagnes,  on disposait de clés valides pour décrypter les signes. Un chat venait de se faire caresser par une personne qu’il ne connaissait pas ? Eh bien, cette personne allait bientôt être  trahie (ça ne marchait qu'avec les chats). Les bœufs ou les vaches étaient assis sur le même côté ? Aucun doute : le fils ou la fille de la maison allaient se marier dans l'année. À chaque fois le contenu du signe était clair, on en prenait acte et c’est tout.

Aujourd’hui c’est le chaos. Qui décode les présages ? Il y a des Pythies partout, « Je vais te déchiffrer ça, je vais t’interpréter ça … ». Merci, l’interprète c’est moi ! Hier matin, puisque je venais d’en parler,  une pie est venue me rendre visite. Avec un geste acrobatique elle s’est accrochée au bord d’un volet et elle a frappé à ma fenêtre. Il faut le faire.  J’ai compris tout de suite ce qu’elle était venue me dire : « Tu vois ? je suis une pie. Pas deux pies ou trois pies. Je suis une pie. Ta journée, pourtant, va bien se passer : l’interprète c’est toi, voici le message qu’il faut retenir ».

lundi 2 janvier 2023

Présages du nouvel an

 

« Les augures que l’on tire du vol ou de la vue des oiseaux sauvages sont rarement favorables. On peut cependant noter des exceptions : en Ardennes, celui qui en se levant voit voler des moineaux, des corbeaux, des pies ou des buses, réussira toute la journée au gré de ses souhaits. En Haute-Bretagne, une pie vue de bon matin annonce qu’on recevra une lettre ; dans le Loiret, un merle qui traverse le chemin devant quelqu’un lui porte bonheur ». Paul Sébillot, Le Folklore de France, La Faune, [1904-1906), Paris, Imago, 1984,  p. 204

Je suis embêté. Hier c’était le premier jour de l’an.  Je suis allé me promener. J’ai sûrement croisé des oiseaux, mais je ne me souviens plus lesquels.*

* En tout cas, mettons que j’aie croisé un merle, quel présage aurais-je pu en tirer, puisque je viens d’ailleurs et je ne me trouve  pas dans le Loiret ?