C’est notre goéland de Noël. Nous l'avons appelé Maurice. Il revient tous
les ans ( est-ce le même?). À la différence de la poularde de l’autre jour, qui était délicieuse, nous ne le mangeons pas. Nous lui donnons même à manger. Et nous sommes émus. C’est bien de faire un geste charitable, à Noël.
Cette année il chante une jolie chanson. Elle s’appelle : « Bande d’hypocrites ».
lundi 31 décembre 2018
samedi 29 décembre 2018
Opinions d'un clone
Barbara Streisand a fait cloner sa chienne
Samantha, décédée à l’âge de 14 ans. Est-ce que Samantha aurait apprécié? Peut-être pas. En tout cas, cela donne des idées.
Avec trois clones de Barbara Streisand, par exemple, on pourrait réaliser une version nord-américaine du Trio
Esperança*.
* J’aborde la question du clonage dans le n. 4
de la revue Sésame (Science
et société, alimentation, monde agricole et environnement) – novembre 2018.
jeudi 27 décembre 2018
Moraliser la langue pour moraliser les mœurs
L’autre jour, à Franceinfo,
quelqu’un voulait «
tordre le cou à des idées reçues ».
Je trouve ce propos cruel et discriminatoire. On commence par les idées
reçues et après …
mardi 25 décembre 2018
Moins de contiguïté (propos pour le nouvel an)
Quel drôle de personnage Jean-Claude Juncker. Matteo Salvini l’a qualifié
d’ « ivrogne »*. D’autres n’aiment pas ses accolades, qu’il
dispense équitablement aux hommes et aux femmes comme si on pouvait faire la même chose avec les deux catégories. S'il continue, on l’ a même menacé de porter plainte.
Cela dit, indépendamment des motivations de Juncker et de ses victimes, je trouve
que la question du contact corporel lorsqu'on se salue subsiste bel et bien : avec tout ce que nous avons
appris sur le fonctionnement de l’inconscient, de la libido etc. peut-on encore
tolérer les accolades ? Cela vaut aussi, et à plus forte raison, pour la bise. Et maintenant que j’y pense … un collègue, l’autre jour, a
cherché à me serrer la main (avec succès). Je m’interroge.
* Où a-t'il trouvé son inspiration?
* Où a-t'il trouvé son inspiration?
dimanche 23 décembre 2018
Gastronomie pré-végane (pour un Noël franc et sans scrupules).
J’annonçais l’autre jour la fin imminente des discours gastronomiques qui évoquent le corps des animaux, sa matière, ses humeurs, sa géographie. J'y pense à nouveau en lisant cette recette à la fois
désuète et originale qui pourrait surprendre nos invités lors du repas de Noël. Elle a été publiée au temps de la révolution dans : La
Cuisinière Bourgeoise (…). À
l’usage de tous ceux qui se mêlent
de la dépense des maisons. Contenant la manière de disséquer,
connoître et servir toutes sortes
de viandes. Paris, Les Libraires Associés, 1793 :
On aura peut-être du mal à
trouver tous les ingrédients.
vendredi 21 décembre 2018
Prises de guerre et écologie
Pas trop d’idées ce soir. Tout juste cette
image curieuse : un « Catch
and release » qui a mal tourné, vraisemblablement. En tout cas, j’aime bien le fer à cheval en haut à droite.
mercredi 19 décembre 2018
Jésus, le Père Noël et le syncrétisme religieux
À chaque fois que
la fin de l’an approche je pense aux rapports difficiles que l’enfant Jésus
entretient avec le Père Noël. Le 24 décembre 1951, comme le rappelait Claude
Lévi-Strauss dans un article célèbre*, le Père Noël a été brûlé publiquement
sur le parvis de la cathédrale de Dijon. 250 enfants ont assisté à l’exécution
de cet "infiltré" n’ayant rien à faire avec
la tradition chrétienne. Avec le temps on s’est réconcilié avec lui (mais
pas avec la citrouille d’Halloween qui suscite encore des réactions véhémentes).
La question des rennes reste ouverte : faut-il les discriminer ou ont-ils droit à une place à côté de l’âne et du bœuf de la crèche**?
*“Le Père Noël
supplicié”, Les Temps Modernes. N.
77, 1952, p. 1572-1590. Paris, Gallimard.
** On m'a fait remarquer que le mot "renne", en français, n'est pas féminin comme en italien, mais masculin. Cela me perturbe. Déjà que le Père Noël, parait-il, n'existe pas ...
** On m'a fait remarquer que le mot "renne", en français, n'est pas féminin comme en italien, mais masculin. Cela me perturbe. Déjà que le Père Noël, parait-il, n'existe pas ...
lundi 17 décembre 2018
Et pourquoi pas une crèche ? La mémoire des lieux
Je viens de lire que l'abattoir d'Argenton-sur-Creuse
deviendra un centre de soins pour animaux sauvages. Cela me fait penser aux
abattoirs de La Villette transformés
en établissement
culturel, ou à l‘ancien abattoir du
Testaccio, à Rome, qui héberge actuellement une école de jazz.
Certes, dans les couloirs de ces immeubles
lugubres rendus joyeux par leur nouvelle fonction on n’entend plus les cris des anciens pensionnaires. Je
me demande toutefois si les espaces n’ont pas une mémoire, si le passé d’un lieu n’influence pas son présent.
Oserait-on transformer une vieille prison en
Hotel 5 étoiles ?*
*La réponse est oui, bien entendu, les
exemples foisonnent.
samedi 15 décembre 2018
Chacun est libre (d'être un poulet)
« Les fermiers de Loué, le bon goût de la
Liberté ».
J’en ai déjà parlé, je crois, mais à chaque fois que j’entends ces mots à la
radio je m’émeus*. On dirait du
Paul Eluard :
« Et par le pouvoir d’un mot
Je recommence ma vie
Je suis né pour te connaître
Pour te nommer
Liberté ».
jeudi 13 décembre 2018
Abattre, abattu, abattoir. Autour de la mort de Cherif Chekatt*
Fallait-il tuer Cherif Chekatt, l’éliminer
ou le liquider ?
France Info, manifestement,
a donné la consigne à ses journalistes d’utiliser le verbe
« abattre «**. J’imagine
la rédaction en train de choisir la formule adéquate :
-
On ne va pas dire « tuer », quand même, ce n’est pas un assassinat …
.
- D’accord. Mais alors, est-ce que je
peux dire « trucider »
ou « flinguer » ?
- Ne fais pas le crétin.
- Moi je propose « bousiller », mais je trouve que « buter » sonne aussi très bien .
- Arrêtez avec vos conneries.
-
Je pencherais plutôt pour « révolvériser », cela porte
l’accent sur l’exploit technique, ou « cadavérer », qui met en avant le résultat.
- Et pourquoi pas
« refroidir » ? C’est à la fois sobre et élégant.
*
***
P.S. du 14 décembre. Je viens d’écouter le journal de Franceinfo de 16h. Dans la version d'aujourd'hui Cherif Chekatt n'a plus été « abattu», il a a été « mortellement atteint ». C'est décidément mieux, je trouve.
*Qui ne me suscite pas, soyons clair, la moindre sympathie.
** Ils ne sont pas les seuls et je reviendrai
sur le sens implicite de cette formule consensuelle.
Il faut faire vite, Noël approche
Le monde se divise en deux catégories : ceux
qui achètent leur sapin de Noël au début de décembre et s’en débarrassent le 6
janvier. Ceux qui l’achètent à la dernière minute et le gardent jusqu’au Carnaval.
Moi j’appartiens à la seconde.
mardi 11 décembre 2018
La naïade, le gastronome, et la liberté de la presse
Je me souviens de l’époque où Libération consacrait à la corrida des
pages entières avec des commentaires dignes d’un aficionado. Peu charmé
par l’art tauromachique, je trouvais néanmoins l’initiative courageuse. Et je trouve tout aussi courageuse
la manière voluptueuse, à la limite de la provocation, avec laquelle Jacky
Durand, dans ce même quotidien, tisse les éloges du « Noir de Bigorre », un porc
aux propriétés gustatives hors du commun :
« On est chez Patrick Escudé et les
siens, éleveurs de ce cochon doux comme un agneau et soyeux comme une naïade. La viande grésille sur la
plancha tandis qu’on se régale de préliminaires : sur une tartine chaude
débarque la ventrêche, l’habit de lumière de ce porc au gras généreux et
savoureux comme un sein lourd. Les
papilles s’y enfoncent dans un sous-bois tiède rempli des parfums de fruits
secs. Il y a un fromage de tête à vous faire tourner la boule … »*.
J’ai de la chance, me suis-je dit, je vis à
une époque où l’on peut encore parler des animaux sous l’angle gastronomique.
Est-ce que dans dix ans ce sera toujours vrai ?
* Jacky Durand (photos de Guillaume
Rivière) « Le noir de Bigorre. Au nom du porc », in Libération,
24 et 25 novembre 2018, p. 54-55
dimanche 9 décembre 2018
Souffrir comme un potiron
Comment sculpter
une citrouille pour Halloween ? © Capture Pinterest buzzbee.hubpages.com
L’autre jour, pour
faire le crétin*, je proposais d’enlever du vocabulaire la formule « Qui
veut tuer son chien l’accuse de la rage ». Et je commentais en plaisantant : « Ce dicton pourrait donner des mauvaises idées ».
Eh bien le mouvement PETA, que je n’oserais jamais accuser de
crétinisme, vient d’avancer une
proposition analogue en suggérant, par exemple, de remplacer "bringing home the bacon"
par “bringing home the bagels” et “putting all your eggs in one basket”
par "putting all of your
berries in a bowl”.
Bref, au nom de l’
Ethical Treatment of Animals , non seulement on stérilise la langue mais on
incite la population à la dévastation des forêts.
* Sinon, à quoi bon
tenir un blog ?
vendredi 7 décembre 2018
Chamanes de chez nous (invitation)
Engin déloyal pour la capture des alouettes
Séminaire EHESS-IIAC-LACI
L’appropriation de la nature entre remords et mauvaise foi : la prédation comme spectacle (3e année)
Séance du lundi 10 décembre 2018 - de 15 h à 17 h (salle 3, 105 bd Raspail 75006 Paris)
L’extase de l’oiseleur (première partie).
Pendant cette séance nous poursuivrons notre interrogation autour de la pertinence, à l'époque du relativisme culturel, du recours à des concepts « passepartout » supposant l’existence de mobiles et de dispositifs sociaux transculturels (sacrifice, bouc émissaire etc.). Peut-on décemment s’inspirer du monde révolu de la chasse-cueillette pour expliquer les agissements du chasseur contemporain ? Peut-on associer l’oiseleur des campagnes vénitiennes à la figure du Trickster ou à celle du chamane sans tomber dans le ridicule ?
mercredi 5 décembre 2018
Le rôle angélique des moineaux
Ça ne peut pas être un hasard. Ces moineaux
que l’on rencontre à l’intérieur
des gares et des aéroports ont sûrement une fonction. Pendant un moment
je me suis dit qu'ils étaient là pour nous transmettre des
messages. Mais je commence à penser que leur tâche est plus
générique : nous rappeler que
la réalité est énigmatique et qu’il faut la décoder. J’ai aussi une autre hypothèse : les moineaux dans les salles d’attente remplissent
le même rôle que les pianos mis à la disposition du public. « A vous de
jouer ce piano ». « A
vous de projeter un message sur ce moineau ». « Et à vous aussi de l’interpréter ».
lundi 3 décembre 2018
samedi 1 décembre 2018
Idées cadeau pour les fêtes de Noël. Un chien abandonné dûment stérilisé
Image extraite du site de la Fondation Brigitte Bardot
Je me demandais pourquoi les chiens
et les chats proposés en cadeau de Noël par la fondation Brigitte Bardot avaient l’air si triste (tout en me disant,
égoïstement, que la tristesses est contagieuse et que je ne voudrais surtout pas
un cadeau de ce genre)*.
Après, je suis tombé sur une annonce de La Fondation Assistance aux Animaux qui nous donne peut-être une explication :
“Près de 400 chiens et chats issus
des refuges seront présentés à l’adoption. Ils sont tous identifiés, vaccinés
et stérilisés”.
* C'est un sentiment ignoble, je sais.
jeudi 29 novembre 2018
Actéon et les autres (à propos d’une pièce de Philippe Saire)
« Dans ses fantasmes, le chasseur anthropomorphise sa proie. Parfois il la conçoit comme un dangereux rival, parfois comme un objet de désir aux traits féminins très prononcés ». Voici l’idée que je développe depuis un bon moment en me basant sur l’analyse des récits et des images de la tradition cynégétique.
Dans le mythe
d’Actéon relaté par Ovide, le chasseur surprend Diane entourée par ses nymphes
en train de se baigner. Pour se venger, la déesse transforme l’importun en
cerf. Ses chiens ne le reconnaissent plus et se mettent à le poursuivre.
J’ai assisté
l’autre soir à la dernière représentation d’ Actéon, pièce chorégraphique de Philippe Saire. J’ai été enchanté
par la manière dont il a su représenter l’état onirique et la confusion des
catégories qui accompagnent l’expérience du chasseur (un chasseur à la fois malsain et candide,
avec ses pantalons de scout, polymorphe et mystérieux). Quatre jeunes
hommes incarnaient à la fois les chasseurs et les chiens*. A la fin, comme dans
le récit d’Ovide, Actéon est transformé en cerf et les chiens le poursuivent. Double métamorphose, donc,
celle d’Actéon et celle de ses compagnons. Pas de trace de Diane, en revanche, ni
des nymphes.
Cette absence m’a intrigué
et a produit chez moi une « illumination » qui m’oblige à revenir sur
mes matériaux. Jusqu’à maintenant, en fait, j’ai vraisemblablement trop
« genré » les protagonistes de la fiction cynégétique. Mais faut-il
voir forcément dans la cible anthropomorphisée du chasseur soit un homme soit
une femme? Les rêveries qui accompagnent la poursuite de la proie transgressent,
justement, les clivages ontologiques : si elles ne respectent pas la
frontière humain/animal/végétal, pourquoi devraient-elles respecter la
frontière masculin/féminin ? Dans ce bouillon fusionnel qu’est le retour à
la Wilderness, l’autre devient le même et réciproquement.
Il s’en suit que
Diane n’est pas indispensable. Le regard sur elle d'Actéon est tout juste le déclic qui active la
métamorphose généralisée.
* Voici le nom des
danseurs : Gyula Cserepes, Pierre Piton, Denis Robert, David Zagari. J’ai
aussi été ravi par la qualité de la création sonore de
Stéphane Vecchione qui joue un rôle important dans la fabrication de cet
univers halluciné.
mardi 27 novembre 2018
Qui veut tuer son chien?
Tout récemment, un
habitant de Lamagistère (Tarn-et-Garonne) a pendu son berger allemand et l’a enterré dans le
jardin*. Devenu incontrôlable, le chien avait agressé le voisin: « Je ne l’ai pas fait avec plaisir, a déclaré le propriétaire pour justifier son geste, je n’avais pas d’autres
solutions ».
Considérée encore comme normale en milieu rural (éleveurs et
bergers éliminent d'eux mêmes les chiens et les chats indésirables) cette
pratique n’a pas plu aux juges qui ont condamné l’homme à 1.500 euros d’amende et à l’interdiction de détenir un
animal.
Si j’étais à leur
place j’irais encore plus loin. Je proposerais de rayer du dictionnaire le proverbe français « Qui veut
tuer son chien l'accuse de la rage ». Cela donne de mauvaises idées tout en banalisant des comportements criminels.
*https://www.ladepeche.fr/article/2018/11/16/2907858-juge-maltraitance-animale-propre-chien-ai-pendu-enterre-jardin.
dimanche 25 novembre 2018
Motion contre la paléopornographie (et pour une moralisation de la culture)
Les archéologues italiens viennent de découvrir une nouvelle fresque à Pompei. Elle représente les échanges érotiques entre une femme (une certaine Léda ) et un gros palmipède. L’incitation à la zoophilie est évidente. Je propose de détruire l’œuvre et de suspendre le financement de ces soi-disant chercheurs.
vendredi 23 novembre 2018
Faut-il rétablir les procès aux animaux ?
Lundi 19 novembre, à mi-chemin entre Venise et
l’Autriche. Le vétérinaire était
en train de soigner un veau. Le père du veau s’est approché, a transpercé d'une de ses cornes la poitrine du
soigneur et l’a éjecté de l’enclos. Il y
a encore quelque temps, on aurait mis ce comportement sur le compte de
l'instinct animal. Mais aujourd’hui, puisqu’on
(re)découvre que même les animaux ont une sensibilité, une
personnalité voire même le sens de la morale, la perspective a changé.
Ainsi, je propose que ce taureau assassin soit jugé par un
tribunal et mis en face de ses responsabilités*.
*Dépêche de dernière minute : j'apprends que le taureau n'a pas été jugé, il a tout juste été abattu. Ce n'était pas mon propos. Question annexe : va-t-on le manger?
*Dépêche de dernière minute : j'apprends que le taureau n'a pas été jugé, il a tout juste été abattu. Ce n'était pas mon propos. Question annexe : va-t-on le manger?
mercredi 21 novembre 2018
Balance ton Botticelli
Michelangelo (et Daniele da Volterra) "Le jugement dernier" (détail).
L’autre, jour, dans le cadre de notre
séminaire brestois, j’ai commenté quelques témoignages artistiques illustrant les rêveries du chasseur. "Dans ses fantasmes, je disais, le chasseur anthropomorphise sa proie et lui prête souvent des traits
féminins". Lorsque j’en suis arrivé au célèbre récit de Boccace « Nastagio
degli Onesti » mis en images par Sandro Botticelli une dame s’est levée et m’a demandé de
lui expliquer la scène. Elle a alors quitté la salle en déclarant :
« Moi je ne reste pas ici, c’est de l’apologie du viol ».
Horrifié, j’ai pensé à Daniele da Volterra,
surnommé « Il braghettone » (le faiseur de culottes) célèbre pour
avoir voilé les parties génitales
des saints de la Capelle Sixtine
sur ordre du cardinal Borromée.
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