Échelle menant au Paradis récemment rachetée par une firme américaine (en noir, les employés censés éloigner les intrus).
C’est hallucinant. Les
Allemands pensent pouvoir réaliser un vaccin contre le coronavirus d’ici
quelques mois (ce qui nous réconforte un peu). En apprenant la nouvelle, Trump a proposé de l’acheter et
d’en garder l’exclusivité pour les Américains. Cela me rappelle une
vieille légende que je reporte ici dans sa version corse*:
LA MÈRE DE SAINT PIERRE
La mère de saint Pierre avait été si méchante
pendant sa vie, que Dieu ne voulut pas la laisser entrer au Paradis après
sa mort. Saint Pierre en fut bien attristé : il ne mangeait
plus et maigrissait à vue d'œil. Le Seigneur s'en aperçut et
lui dit : « Pierre, pourquoi donc es-tu si triste ? »
Et Pierre lui répondit : « Seigneur, ne voyez-vous pas tous les
supplices que ma mère endure aux enfers ? ». « J'en suis
bien désolé, mais elle n'a que ce qu'elle mérite. Dis-moi, Pierre,
a-t-elle seulement fait une bonne action pendant sa vie? Cherche, et si
tu en trouves une, si petite qu'elle soit, je te promets de la faire
entrer au ciel ». Saint Pierre se mit aussitôt à feuilleter le
livre où était écrite toute la vie de sa mère. Il tourne et
retourne les pages, mais pas la moindre bonne action. Enfin, à force de
chercher, il réussit à trouver qu'un jour elle avait donné une feuille de
poireau à un malheureux qui mourait de faim. Triomphant, plein de joie, saint
Pierre courut vers le Seigneur : « Seigneur, Seigneur, elle a
donné une feuille de poireau » « Eh bien ! ce sera cette feuille de
poireau qui la sauvera ». A l’instant, saint Pierre prit une
feuille de poireau qui s'allongea, s'allongea tant et tellement
qu'elle arriva jusqu'aux enfers. La mère du saint s'y
suspendit sans perdre de temps. La voyant monter au ciel, un premier
damné s'accrocha à elle, un second suivit, puis un troisième, puis un
quatrième, etc. La feuille de poireau enlevait tout le
monde. En chemin, la méchante femme s'aperçut qu'on la
suivait. Furieuse elle donne de grands coups de pieds, « Lâchez-moi,
ce n'est pas pour vous que mon fils a envoyé cette feuille ».
« Laissez-les monter, ma mère, disait saint Pierre; ne soyez pas si
ingrate ». Mais sa mère n'écoutait rien et continuait à
donner de grands coups de pieds afin qu'aucun malheureux ne pût se
sauver avec elle. « Eh bien ! Pierre, dit alors le Seigneur,
que dis-tu de cela ? » Pierre baissa tristement la tête ;
puis, lâchant la feuille de poireau, il laissa retomber sa mère au
fond des enfers. (J.B. Frédéric Ortoli, Contes populaires de l'île de
Corse -1883).
* Il me semble que le poireau, dans la version italienne, est remplacé par un oignon.