samedi 29 avril 2023

Anachronismes

Scientifiques romains dans le cadre d'un colloque sur le réchauffement climatique

Voici quelques perles sorties d’un cours  consacré à la question environnementale :

« Au cours des siècles passés, les questions autour de la place de la biodiversité se sont multipliées ».

« Le rapport de l’homme avec la nature et  les animaux a eu et a toujours un impact sur le développement durable ».

« Depuis la montée des courants écologistes, la sensibilité contre la souffrance animale est de plus en plus importante et est avancée par des personnes influentes comme Brigitte Bardot plus récemment, ou encore  Freud et Thoreau ».

« Les premiers enseignements d’anthropologie datent de 1990 grâce à un certain Philippe Descola, ce célèbre anthropologue pensait que les plantes étaient des interlocuteurs, qu’elles n’étaient pas des objets inanimés. Peu à peu les discours changent, les perspectives également » (À suivre).


jeudi 27 avril 2023

L'art et la vie (qui imite qui?)


Comme le disait Oscar Wilde, "La vie imite l'art bien plus que l'art n'imite la vie". 

Parfois la vie imite le Land art.

dimanche 23 avril 2023

L'asphodèle des Alpes


Au mois de mars, dans l'Ile de Beauté, il y en avait partout. J'aime bien les asphodèles. Coutumier des gentianes et des edelweiss, je les trouve exotiques. Et ils sont très chargés symboliquement. Ils représentent la communication avec l'au-delà, l'autochtonie, la sobriété alimentaire ... Juste avant de rentrer sur le continent  j'ai pensé : et si j'en ramenais quelques bulbes chez moi? C'est dire si je suis bête. J'ai pas mal travaillé autour des invasions biologiques. J'ai appris beaucoup de choses, mais j'ai encore une belle marge de progression.

 

samedi 22 avril 2023

L'esprit du large

 

Pas trop d'idées, aujourd'hui. Juste ces deux photos prises au port de commerce, où se passe toujours quelque chose.


La traversée de la jetée dure quelques minutes. À l'aller la seiche bougeait encore un peu. Au retour elle ne bougeait plus.*

* On constate ces micro-événements sans trop y penser, notre mémoire ne les retient pas. On les stocke ailleurs.

jeudi 20 avril 2023

 

Dans le billet du 16 avril je commentais les propos de Gianluca Mercuri, journaliste du Corriere della Sera, qualifiant Pablo Picasso de porc en raison de ses conduites déplorables à l’égard des femmes. Ce qui me laissait perplexe, dans cette histoire, était le fait de repousser les porcs dans le versant de l’altérité. Sans pour cela vouloir justifier la violence et la misogynie de Picasso (j’ai horreur des machos et de leurs admiratrices), je trouve que dans la sexualité humaine il y a fatalement une composante animale, aussi bien chez les garçons que chez les filles.  Parallèlement, je trouve que dans la sexualité porcine il y a quelque chose d’humain.

Les origines de cette proximité sont clairement expliquées dans le récit suivant, livré par l’anthropologue Galina Kabakova dans le dernier numéro de la revue  La Grande Oreille consacré aux contes étiologiques* :

 

« Adam, le premier homme sur terre, avait tant de fils qu’il en était honteux. Un jour Saint Pierre vint lui rendre visite et Adam, pour ne pas lui faire voir ses enfants, les avait enfermés dans une pièce. Saint Pierre, qui entendait le tapage que faisaient les enfants, demanda :

- Adam, qu’y a-t-il dans cette pièce ?

- Des cochonnets, répliqua Adam.

Alors saint Pierre dit :

- Des cochonnets ? Eh bien qu’ils le deviennent !

Et il partit. Quand Adam alla chercher ses fils dans la pièce, il les retrouva transformés en cochonnets. C’est pour cela qu’on dit que les cochons ont des entrailles comme les êtres humains. »**

Tout me semble clair, dans ce récit, sauf la psychologie de Saint Pierre.

* J'inaugure ma collaboration avec cette revue consacrée aux contes, aux conteurs et aux arts de la parole et du récit. Restituons sa place à l'imaginaire, ça nous fait du bien.
** « Des questions, une réponse ! »  (Comment est né le cochon – Sardaigne). In La Grande Oreille, "Pourquoi?" n. 90, Avril 2023, p. 86

mardi 18 avril 2023

Mille ours de trop

 


Ces derniers temps on parle beaucoup des ours italiens. C'est qu'ils ont fait ce qui était prévisible : après avoir blessé plusieurs randonneurs (c'était pour s'entraîner),  ils ont fini par en zigouiller un*. Je m'aperçois que j’ai déjà publié 17 billets sur les ours.  Le premier, datant du 20 octobre 2015, était terriblement optimiste. J’écrivais :

« Personnellement  je ne crains pas les ours. La possibilité d'être agressé par un ours dans la chaîne alpine dépasse à peine celle d'être écrasé par une météorite. Si pendant mes promenades en montagne je devais être assailli par un ours, il ne faudrait pas en vouloir au Ministère de l'environnement mais aux caprices du  destin ».

J’ai vite compris ma superficialité et dans les billets suivants j’ai commencé à mettre en doute les certitudes scientifiques délivrées aux profanes  par les amis des grands prédateurs. Dans la région de Trente, actuellement,  le nombre d’ours adultes dépasse la centaine. En Slovénie il y en a plus de 2.000. On prévoit d’en éliminer la moitié pour éviter qu'ils ne se mettent à pulluler comme des sangliers.

Les plus malins diront : « Les ours augmentent? Laissons faire les loups ». Mais les ours ne sont pas des sangliers. Et encore moins des moutons.

* Je rappelle mon point de vue : si on a favorisé le retour des grands prédateurs, derrière les raisons d'ordre écologique,  c'est pour mettre de l'animation dans les espaces boisés.

dimanche 16 avril 2023

Cochonnitude et créativité. (À propos de Picasso et de ses défauts)

 

Dans son article « Le génie et le porc : qui veut effacer Picasso ? » le journaliste du Corriere della Sera Gianluca Mercuri nous rappelle l’importance de « ne pas occulter les bassesses de l’histoire et des personnages du passé pour éviter qu’elles se répètent et se perpétuent ». Ainsi, après avoir insisté  sur le fait qu’on ne peut pas nier la génialité de Picasso, il s’attarde sur le machisme prononcé de l’auteur des Demoiselles d’Avignon. On comprend le message : cacher les aspects peu honorables de la biographie picassienne ferait de nous  des complices. 

Là où je suis en désaccord c'est  avec l'usage  anachronique du substantif « porc ». Je ne le dis pas pour défendre le porc, cet animal goûteux et prolifique qui, au fil du temps, a généreusement contribué à mon alimentation*.  C’est que l’emploi de cette métaphore est historiquement  connoté :  dans la tradition catholique la référence à l’éthologie porcine servait à  stigmatiser la sexualité en général, à savoir les pensées, les désirs et les actes lubriques : « Vous avez pensé à cette chose là ? Et vous continuez à y penser ? Mais vous êtes vraiment un porc ! ».

Bref, être phallocrates et misogynes est une chose (c’était le cas de Picasso, vraisemblablement). Être des porcs en est une autre.

* Je  délègue cette tâche aux Antispécistes.

vendredi 14 avril 2023

Des bovidés errants (errare humanum est)

 

 

Celle de la photo n’est pas sauvage, elle se limite juste à déambuler sur le réseau communal. Mais les vaches sauvages, en Corse, ne manquent pas. J’en ai croisé deux, l’autre soir, à la fin d’une promenade. Une vache et son veau. Ils m’ont scruté pendant un court moment, immobiles. Après ils sont partis comme deux éclairs. On aurait dit des cerfs.

Pourquoi ai-je utilisé le masculin « Ils »,  alors que la vache était bien plus grosse que son veau ? J’aurais dû écrire « elles m’ont scruté », ça aurait été plus équitable, ne serait-ce que sur le plan quantitatif.  Voire, encore mieux,   « iels m’ont scruté … et après, iels sont parti.e.s. ».

Ça viendra, peut-être, mais plus tard, quand je serai très vieux.  

lundi 10 avril 2023

Chasseurs de casquettes et de panneaux routiers

 

« Ah ça ! me direz-vous, puisque le gibier est si rare à Tarascon, qu'est-ce que les chasseurs tarasconnais font donc tous les dimanches ? Ce qu'ils font ? Eh mon Dieu ! ils s'en vont en pleine campagne à deux ou trois lieues de la ville. Ils se réunissent par petits groupes de cinq ou six, s'allongent tranquillement à l'ombre d'un puits, d'un vieux mur, d'un olivier, tirent de leurs carniers un bon morceau de bœuf en daube, des oignons crus, un saucissot, quelques anchois, et commencent un déjeuner interminable, arrosé d'un de ces jolis vins du Rhône qui font rire et qui font chanter. Après quoi, quand on est bien lesté, on se lève, on siffle les chiens, on arme les fusils, et on se met en chasse. C'est-à-dire que chacun de ces messieurs prend sa casquette, la jette en l'air de toutes ses forces et la tire au vol avec du 5, du 6 ou du 2 - selon les conventions. Celui qui met le plus souvent dans sa casquette est proclamé roi de la chasse, et rentre le soir en triomphateur à Tarascon, la casquette criblée au bout du fusil, au milieu des aboiements et des fanfares ». Alphonse Daudet - Tartarin de Tarascon.

Même là où le gibier ne manque pas, l’exubérance pyrotechnique de certains   chasseurs peut aller au-delà du tir sélectif et du prélèvement ciblé*. Les casquettes sont devenues chères, c'est vrai, mais les panneaux routiers peuvent dignement les remplacer.

* Ne généralisons pas trop. Rien n'est plus hétérogène que la famille des chasseurs.

samedi 8 avril 2023

Le randonneur qui a rencontré un ours (les effets collatéraux du projet Life Ursus)

 


Extrait de l'ouvrage de Dino Buzzati : La Fameuse Invasion de la Sicile par les ours

C’est bien un ours qui a tué le jogger retrouvé il y a quelques jours  en bas d’un chemin forestier  dans la Val di Sole, en province de Trente. Le mois passé, dans la même zone,   un randonneur s’en était mieux sorti avec juste des blessures. Certains estiment que  c’est le prix à payer pour restaurer la biodiversité. Et  on comprend leur raisonnement : on ne fait pas d’omelette sans casser des œufs.

C'est sans doute vrai. Il n’empêche que cela fait de la peine *.  

* Il semblerait que cet ours-là n’est pas comme les autres (dont la gentillesse est notoire). Il était sûrement un borderline. Malgré  le désaccord des Animalistes, les administrateurs locaux vont s’occuper de lui et tout rentrera dans l’ordre : des humains sereins dans les villes, des prédateurs sereins dans les bois.

jeudi 6 avril 2023

Un chien de chasse (et de défense) : le Cursinu

 

(Suite du post précédent)

 

- Parce que les défenses, vous les avez vues, elles sont comme ça, hein.  Et c’est …  presque de l’ivoire.

- Vous les gardez à chaque fois, donc ?

-  Non, on les jette. Des fois il y en a qui ont des défenses ... belles eh, …  Ils les jettent.

-  Moi j’ai pris celles-là parce qu’il m’avait estropié le chien, celui là.

-  Il fallait voir, parce j’ai tiré de loin, au fusil eh, dans la calanque.  Je tire, pan et …  plon, il est tombé. Le chien, il n’est pas arrivé ici. Je descends, il y avait du sang. J’ai dit : oh putain, il m’a tué le chien. Il l’avait tapé dans le cuissot, il avait une entaille comme ça, il lui avait fendu le cuissot. Il est monté d’en bas, il est arrivé ici, le chien. On l’a porté chez le vétérinaire hein.

- Et vous avez réussi à le guérir ou ...

- Oui oui, il a dit :  “il n’a pas touché …” Il avait perdu du sang.

- Et après ils repartent avec la même passion ou pas ?

- Oui, il y en a qui sont encore plus méchants. Terrible hein, le chien. Celui-là il se fait exterminer tous les ans. Il faut voir les entailles qu’il se fait.  Il se fait exterminer, il ne s’arrête pas.     

mercredi 5 avril 2023

Des chiens et des sangliers

 

Chien pour la chasse au sanglier dans la région de Calvi

De fidèles compagnons ? De collabos ? Ça dépend des points de vue. En tout cas, les chiens de chasse sont plutôt sympathiques. Il y en a de timides qui folâtrent dans les bois comme des farfadets.  Et il y en a de téméraires  qui foncent, s’exposent … et après il faut les recoudre. Tout comme les toréadors.


dimanche 2 avril 2023

Passions de Corse et d'ailleurs

 


L'autre soir  nous étions à Calvi, au cœur de la citadelle, dans la Cathédrale Saint Jean-Baptiste.  On y représentait des  « Méditations sur la passion »  animées par le groupe A Filetta, les Confréries de Calvi, la Truppa di U Segliu Calvese, mise en scène Orlando Forioso. Je sais que c’est un cliché, mais  la forte charge émotionnelle qui se dégage de ces expressions de religiosité insulaire, archaïques et novatrices à la fois, garde pour moi un grand  pouvoir hypnotique.  J’avais eu l’occasion d’écouter les artistes du groupe A Filetta, il y a longtemps, dans la cathédrale Santa Maria Assunta de Bastia pour l’Office des ténèbres du Jeudi saint.   Je les ai trouvés tout aussi  inspirés.

 *

*****

Le mot « passion » me rappelle un épisode très lointain. Il remonte  à l’époque où comme les autres enfants j’allais au catéchisme*. Nous étions dans l’église à côté de l’autel, serrés l'un contre l’autre comme une brochette de grives. C’était à l’occasion d’une cérémonie religieuse nocturne consacrée à la Passion du Christ. On entendait le mot Passio** mais on n’y comprenait pas grand chose.  Quelqu'un a demandé : « Qu’est-ce que le Passio ? ». Du fond de l’église une voix a répondu : « Vous allez voir : maintenant le Passio arrive et va vous donner une sacrée raclée ». S’agissait-il d’une plaisanterie ? Difficile à établir. Dans le doute, on a eu peur. Le curé a chanté des  psaumes, l’encens nous a étourdis mais pas assez. Plongé dans le noir, le portail de l’entrée restait particulièrement inquiétant. Le Passio, heureusement,  ne s'est pas présenté.    

* En italien on dit « andare a dottrina », d’où le mot indottrinare : endoctriner. 

** Passion en latin.