Dans le billet du 16 avril je commentais les propos de Gianluca Mercuri,
journaliste du Corriere della Sera,
qualifiant Pablo Picasso de porc en raison de ses conduites déplorables à
l’égard des femmes. Ce qui me laissait perplexe, dans cette histoire, était le fait
de repousser les porcs dans le versant de l’altérité. Sans pour cela vouloir justifier la violence et la misogynie de Picasso (j’ai horreur des machos et de
leurs admiratrices), je trouve que dans la sexualité humaine il y a fatalement
une composante animale, aussi bien chez les garçons que chez les filles. Parallèlement, je trouve que dans la
sexualité porcine il y a quelque chose d’humain.
Les origines de cette proximité sont clairement expliquées
dans le récit suivant, livré par l’anthropologue Galina Kabakova dans le
dernier numéro de la revue La Grande Oreille consacré aux contes
étiologiques* :
« Adam, le premier homme sur terre, avait tant de fils
qu’il en était honteux. Un jour Saint Pierre vint lui rendre visite et Adam,
pour ne pas lui faire voir ses enfants, les avait enfermés dans une pièce.
Saint Pierre, qui entendait le tapage que faisaient les enfants, demanda :
- Adam, qu’y a-t-il dans cette pièce ?
- Des cochonnets, répliqua Adam.
Alors saint Pierre dit :
- Des cochonnets ? Eh bien qu’ils le deviennent !
Et il partit. Quand Adam alla chercher ses fils dans la
pièce, il les retrouva transformés en cochonnets. C’est pour cela qu’on dit que
les cochons ont des entrailles comme les êtres humains. »**
Tout me semble clair, dans ce récit, sauf la psychologie de Saint
Pierre.
* J'inaugure ma collaboration avec cette revue consacrée aux contes, aux conteurs et aux arts de la parole et du récit. Restituons sa place à l'imaginaire, ça nous fait du bien.
** « Des questions, une réponse ! » (Comment est né le cochon – Sardaigne). In La Grande Oreille, "Pourquoi?" n. 90, Avril 2023, p. 86