Il semblerait que les voitures sans
conducteur (on les appelle driverless) devront être équipées d'un logiciel
répondant à la question : « Si
les freins devaient lâcher qui faut-il sauver en priorité ? Autrement
dit : quelle est la hiérarchie des éventuelles victimes ? Mieux
vaut-il épargner un adulte ou un adolescent ? Un homme ou une femme ?
Une maman ou deux enfants? Un chasseur
ou un blaireau ? Deux immigrés clandestins ou un magistrat ?
Un lièvre ou un chat ? Un
vieillard ou un chien ? Un vieillard
ou deux chiens ? Un vieillard ou trois chiens ? Un vieillard ou dix
chiens ? À partir de combien de chiens doit-on sacrifier le vieillard ?
mardi 30 octobre 2018
dimanche 28 octobre 2018
Le Plaisir de tuer (le parler franc de Monsieur de Boisguilbert)
Interrogé sur
Europe1 par la journaliste Wendy Bouchard, l'ancien
porte-parole de la Fédération nationale de la chasse Pierre de Boisguilbert a récemment déclaré : « Je
tue par plaisir et j'assume. [...] Je chasse par amour, parce que j'ai un amour
immodéré pour la nature. »
Les
critiques ont foisonné, portant notamment sur le caractère contradictoire de
ces déclarations. C’est un tantinet emphatique, peut-être, mais cela décrit
honnêtement la perception que beaucoup de chasseurs ont de leur pratique. Monsieur
de Boisguilbert a le mérite d’être franc, alors que beaucoup de chasseurs,
aujourd’hui, trouvent plus opportun de cacher leur « plaisir de tuer » derrière
des argumentations de type écologiste*. Est-ce que Monsieur de Boisguilbert est
un psychopathe comme le prétendent plusieurs commentateurs ? Est-il un homme particulièrement
violent comme le laissent entendre les lecteurs de la revue 30 Millions
d’Amis ? Faut-il avoir peur de lui ? Je n’ai aucun élément pour
répondre à ces questions.
Ceux
dont en revanche j’ai peur, et que je ne voudrais surtout pas rencontrer, sont les commentateurs de 30 Millions d'amis dont je reporte ici les propos. Ils n’aiment pas la
chasse, ce qui est tout à fait compréhensible. Sont-ils pour autant moins violents et mortifères que Monsieur de Bosguilbert ?
*J’en
profite pour renvoyer à mon vieil article, disponible en ligne, “L’invention du chasseur écologiste : un
exemple italien”, Terrain, 13 :
130-9.
vendredi 26 octobre 2018
Le sens de la chasse
Faut-il psychanalyser les chasseurs pour mettre au clair leurs mobiles refoulés? Peut être. En attendant, voici une bonne recette pour la préparation des cailles :
" Cailles au nid. Prenez six artichauts, six cailles; mettez blanchir vos
artichauts, parez-les en enlevant toutes les feuilles et le foin, ne laissez
que le fond; mettez les fonds dans une casserole avec un bon morceau de beurre
fin, poivre, sel, jus de viande, laissez mijoter une heure, en veillant à ce
que les fonds ne s'attachent pas. Faites blanchir une demi-livre de rognons de
coq, nettoyez, enlevez les peaux, ayez quelques petites truffes rondes que vous
nettoyez et pelurez, mettez rognons et truffes dans la casserole, ajoutez un
roux aux fonds; d'autre part, faites rôtir les cailles; dégraissez, arrosez
avec du jus de viande. Au moment de servir disposez vos fonds d'artichauts sur
un plat, mettez sur chacun quelques rognons, une truffe et une caille. Très
joli plat".
Catherine de Bonnechère, La cuisine du siècle : dictionnaire pratique des recettes culinaires et des recettes de ménage, Les magasins du Bon Marché par Impr. P. Brodard (Coulommiers)
mercredi 24 octobre 2018
Donner en spectacle (Putin, les Pussy Riot et les montreurs de souffrances)
Image obtenue en mixant deux clichés repérés dans le net. Elle n'est pas d'un goût très sûr, mais elle a le mérite de mettre Putin et les Pussy Riot sur un plan d’égalité.
Pourquoi Putin a le droit de se montrer torse nu alors que les Pussy Riot, avec un comportement analogue, finissent en prison ? Sur un autre plan : quelle est la place du plaisir dans la mise en spectacle de la souffrance animale ?
J’aborde ces question dans l’article: « Le show "animalitaire". Mises en scène de la souffrance animale », in (Emmanuel Pedler & Jacques Cheyronnaud éds.) La forme spectacle, Paris, EHESS, coll. Enquête, vol 13.
lundi 22 octobre 2018
Libido castrandi (faut-il couper les cornes des vaches suisses ?)
Il y a quelques jours, on m’a posé des questions autour d'un referendum qui aura lieu le 25 novembre en Suisse : faut-il encourager les éleveurs pour qu'ils ne coupent pas les cornes de leurs vaches? Je n’en savais strictement rien, donc j’ai répondu en anthropologue, en
rappelant les associations symboliques qui, dans de nombreuses sociétés, relient les cornes aux organes génitaux (que l’on songe au trophée
de chasse) :
couper les cornes revient à châtrer. Était-ce la bonne réponse? Je n'en suis pas très sûr.
samedi 20 octobre 2018
Des aigles, des valeurs et des Baci Perugina (vive la Patrie)
Elle hibernait dans le grenier, une boite vide de
chocolat de la marque Perugina. Sur le côté, en écriture cursive, on pouvait
lire : « Vi dico e vi autorizzo a ripeterlo che il vostro cioccolaato è veramente squisisto, « Je vous dis et je vous autorise à le répéter que votre chocolat est vraiment excellent ». J'ai rougi en me disant que l’auteur de ce propos solennel était peut-être mon grand-père. Après j’ai décrypté la signature. Il s’agissait d'un grand-père, en effet, mais pas du mien. C'était le grand-père d'Alessandra Mussolini, une femme politique assez connue en Italie.
jeudi 18 octobre 2018
Le propre de l’homme (violence manifeste et sadisme latent)
C’est la société ? Ce sont les gènes?
C’est le destin ? C'est le diable? Toujours est-il que les sœurs de
Cendrillon sont jalouses et méchantes. Leur méchanceté est
indépendante de leur orientation politique, de leur QI et de leurs préférences alimentaires.
On peut aimer les animaux et, en même temps,
faire partie de ceux qui jouissent de la souffrance d’autrui. En fait, c'est une évidence, hormis les saints et les hypocrites nous sommes tous ambigus : à la fois altruistes et envieux, ouverts et jaloux, bienveillants et cruels (voire sadiques, le sadique étant celui qui aime « faire
subir » et « voir souffrir »). Ce qui change d’un individu à
l’autre est moins la présence/absence
de ces sentiments peu honorables que
leur intensité. Je connais des personnes pour qui ce
qui compte, ce qui donne le plus de plaisir, est moins sa
propre réussite que l’échec
des autres. Qu’ils mangent ou pas de la viande, par rapport à la question du taux de méchanceté, devient secondaire.
Je me demande si ce plaisir malsain pour la
déconfiture de son prochain (un
plaisir de guillotineur) existe aussi chez les autres animaux.
mardi 16 octobre 2018
Bienvenus dans le meilleur des mondes (et un grand merci aux réconciliateurs)
Le monde apaisé après l'intervention démiurgique du mouvement antispéciste
et de ses leaders.
Je reviens sur les
ambiguïtés de la position antispéciste. D’un côté, on ne peut que remercier ces conseilleurs bien intentionnés qui nous poussent
à réfléchir sur les implications morales du régime carnivore. De
l’autre, en allant un peu plus loin, on aurait envie de s’interroger sur les raisons profondes de leur « surdité »,
non dépourvue d’une certaine arrogance,
face aux arguments de la
majorité spéciste. Parfois je me demande comment
serait le monde si les antispécistes
étaient au pouvoir. De
temps en temps je trouve quelques réponses :
« (…) Il me semble
qu’il faut limiter les animaux de compagnie à quelques espèces adaptées, comme
les chiens et les chats, auxquels on pourrait fort bien rajouter les cochons,
les chèvres ou les chevaux par exemple. Il faudra aussi revoir complètement la
gestion de ces animaux de compagnie. Leurs propriétaires devront posséder un
certificat de capacité, c’est à dire une autorisation attestant qu’ils
présentent toutes les garanties pour pouvoir accueillir l’animal qu’ils ont
choisi (si c’est un chien, il ne peut pas habiter dans un appartement de 12
mètres carrés et un lapin ne peut passer ses journées dans une cage). Le
propriétaire ne sera plus propriétaire
mais tuteur. Il faut évidemment
supprimer le système des animaleries et des élevages. Il sera interdit de faire
du bénéfice sur la vie d’un être sensible. Les chats, les chiens et autres
animaux de compagnie seront gérés par un organismes d’Etat à but non lucratif.
Cet organisme tiendra à jour l’état civil des animaux de compagnie (...) » Aymeric
Caron, Antispéciste Réconcilier l’humain,
l’animal, la nature. Coll. Points,p. 206-207.
Le lecteur avisé
saura retrouver dans ce passage irréprochable toute une série de
consonances littéraires et
politiques. Il va sans dire que la réalisation de ce genre de projets ne
pourrait pas se limiter à la réglementation de nos rapports aux animaux.
dimanche 14 octobre 2018
Au secours (des secouristes partout)
« Pompiers et chiens de secours. Le
calendrier le plus attendu de l’année ».
On comprend cette excitation : la société contemporaine, pour reprendre la formule d'Ulrich Beck, est la « société du risque ». La passion pour les secouristes, par conséquent, est naturelle, "physiologique" (je suis en danger, j'adore être secouru).
Comme tout bon citoyen j’admire les pompiers et j’apprécie les chiens
de sauvetage. Vite! Où acheter ce calendrier? Je meurs d’impatience.
vendredi 12 octobre 2018
Vive La Repubblica
Pour en finir avec les fake news de la presse cosmopolite
Parfois j’ironise sur le quotidien La Repubblica à cause de sa
façon mièvre et mélodramatique de parler des animaux. Au lieu de m’émouvoir,
ses reportages édifiants ont le pouvoir de m’exaspérer (dernier en date, le sauvetage d’un chaton piégé dans le moteur d’une voiture).
Cela dit, La Repubblica est un journal respectable qui joue un rôle précieux dans le bon fonctionnement des institutions démocratiques. Récemment, tout en prétendant que c’était « une manière de parler », les représentants de la majorité gouvernementale ont menacé de le fermer. Une blague, certes, mais de très mauvais goût.
Cela dit, La Repubblica est un journal respectable qui joue un rôle précieux dans le bon fonctionnement des institutions démocratiques. Récemment, tout en prétendant que c’était « une manière de parler », les représentants de la majorité gouvernementale ont menacé de le fermer. Une blague, certes, mais de très mauvais goût.
mercredi 10 octobre 2018
Les loups s'approchent de plus en plus des maisons (mais ce n'est pas grave)
Alpes de Vénétie. Il y a juste une semaine Brie, une petite chienne de race indéterminable,
a été dévorée par les loups. Deux ou trois jours plus tard, à quelques mètres de sa maison, Monsieur Fabio De Gasperi a pu constater que des loups avaient démembré un chevreuil. D’ici peu ils s’attaqueront à sa boite aux lettres*.
*Oui, je sais, les loups n’attaquent les
boîtes aux lettres que lorsqu’ils ont la rage ou se sentent menacés.
lundi 8 octobre 2018
Pékinois moyens
Blessure narcissique. Une recherche incontestable menée par l’université
britannique d’Exeter montre que notre chien n’est pas plus intelligent qu’un
phoque ou qu’un cochon.
On le savait déjà mais on aurait préféré le passer sous silence.
samedi 6 octobre 2018
Le syndrome de Big Brother. Liberté humaine et libération animale
Le Grand Frère regardant un mangeur de rognons
-T’es passé aux halles Saint-Louis ? T’as vu l’état des vitrines ?
- Les Vegans ? C’est impossible. Ils sont
gentils comme des nounours.
-
Et pourtant c’est bien les Vegans. S’ils ne mangent pas d’animaux, tant mieux pour eux. Mais empêcher les autres d’en manger … Ça vas pas quoi ? ».
Je n’arrive plus à trouver la référence, mais
des chercheurs américains * auraient prouvé l’existence d’un lien entre la possession d’un
berger allemand et la propension à s’immiscer dans la vie d’autrui pour le surveiller et lui imposer des
conduites plus convenables. C’est une fake new, vraisemblablement.
Mais cette tendance à vouloir dominer les autres sous prétexte de les
« améliorer » nous la
connaissons très bien. On pourrait l’appeler le syndrome de Big Brother :
« Pour la bonne cause, je te surveille et je t'empêche de faire des bêtises ».
Je soupçonne certains membres de la communauté
antispéciste d’être affectés par le syndrome de Big Brother. Ils prônent la lutte
contre la souffrance animale et en même temps, par leur intransigeance et leur
agressivité, ils montrent leur désir de dicter la loi : « Au nom de la souffrance animale, le chef c’est
moi ! ».
Je conseille aux antispécistes intolérants
l’écoute d’une jolie chanson de Paul McCartney (végétarien, par ailleurs) qui
s’appelle, tout simplement, « Freedom ».
*Toujours eux, c’est pratique, ils ont bon dos
ces Américains …
mercredi 3 octobre 2018
Brest. Groupuscule antispéciste saccage la vitrine d’un fleuriste
Tiens, me suis-je dit, ils ont vandalisé la vitrine du fleuriste. Mais pourquoi?
Ça doit être pour rappeler que « le spécisme est aux espèces ce que le
racisme est aux races », un vulgaire prétexte
pour dominer les autres créatures (toutes catégories confondues, de la vache à la marguerite). Donc, à bas les fleuristes !
C’était en fait la vitrine du boucher. Alors j’ai
pensé : on commence par les
bouchers, certes, mais ce n’est que l’apéritif.
mardi 2 octobre 2018
Pétition à Merlin l’enchanteur pour la préservation des forêts bretonnes
Engin mécanique en pleine Wilderness
Des monstres rôdent dans les forêts bretonnes. Mais que font donc les
néo-druides ? *
* Que l'on me pardonne cette provocation. En Bretagne comme ailleurs on plante des forêts pour les « cueillir »
une trentaine d’années plus tard
(exactement comme on fait pour les asperges mais à une échelle différente). Le "monstre" dénoncé dans la photo est tout juste l’instrument qui facilite la récolte. Bref, on plante et on prélève.Tout ceci est bien rationnel, mais les choses se compliquent du point de vue symbolique : ce cercle vertueux (on prend mais on remplace) empêche les arbres de vieillir
et de devenir « ancestraux ».
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