Tintoretto, La création des animaux, 1551-52
Je continue avec mon histoire de
« rituels ascétiques ». En résumant les analyses de l’anthropologue autrichien
Gerardo Reichel-Dolmatoff, son collègue français Philippe Descola décrit ainsi l’écologie des Desana, population
amazonienne qui ne compte désormais que quelques milliers de
représentants :
« Afin d’éviter les
déperditions entropiques, les échanges d’énergie entre les différents occupants
et régions du monde doivent être organisés
de telle façon que les prélèvements effectués par les humains puissent être
réinjectés dans le circuit. (…) Le moyen le plus commun de parvenir à ce
résultat est l’abstinence sexuelle. En bridant ses désirs charnels, le chasseur
opère une rétention et une accumulation d’énergie sexuelle qui pourra rejoindre
le stock général de puissance fécondante en circulation dans l’univers et
bénéficier ainsi à la reproduction des animaux chassés »*.
* Philippe Descola, Par-delà nature et culture, Paris,
Gallimard, 2005, p. 473