On est ce que l'on mange. Autruche se prenant pour un châtelain
Et nous voilà à la fin de notre séquence. Manger
de l’ours chez les membres de la Ligue du Nord est donc un geste identitaire et
folklorique à la fois. Mais le fait de fréquenter des restaurants branchés qui
proposent des larves de Ténébrion meunier et des scorpions caramélisés n’est
pas moins folklorique. Et cela dénote tout autant. D’autres stratégies propres
à notre société permettent de faire son intéressant en jouant sur le registre
alimentaire. Au lieu de manger
certains plats, on peut les refuser de façon spectaculaire : « Moi, je ne mange
pas de cadavres ». On peut même ne
rien manger du tout. C’est le chantage masochiste, comme l’appellent les
psychanalystes : « Je me laisse dépérir, je ne viens pas à table, et par cette
rupture de la commensalité je vous empêche de manger en rond, je vous oblige à vous occuper de moi ».
Parfois
j’ai presque l’impression (mais c’est du délire, bien entendu) que ceux qui ne
mangent pas de viande le font à des fins démonstratives : « Vous mangez de la
viande ? Eh bien moi, alors, je ne la mangerai pas ».
Ed eccoci alla fine della sequenza. Tra i membri della Lega Nord mangiare dell’orso è
dunque un gesto
folcloristico-identitario. Ma il fatto di frequentare dei ristoranti
alla moda che propongono larve di coleotteri o scorpioni caramellati non è meno
folcloristico. E denota altrettanto. Altre strategie permettono di mettersi in
mostra giocando sul registro alimentare. Invece di mangiare certi piatti, uno
può rifiutarli in modo spettacolare : “Io, cari miei, non mangio cadaveri”. Ma
può anche non mangiare del tutto. È il ricatto masochista : “Mi lascio
deperire, non vengo più a tavola e tramite questa rottura della commensalità vi
impedisco di mangiare tranquillamente, vi obbligo ad occuparvi di me”. A volte ho quasi l’impressione (ma è un
delirio, beninteso), che quelli che non mangiano carne lo facciano a fini
dimostrativi : “Mangiate della carne? Ebbene, allora io non ne mangerò”.
Je profite de cet espace pour annoncer la prochaine séance du
Séminaire EHESS-IIAC
L’appropriation de la nature entre remords et mauvaise foi : la prédation comme spectacle (2e année)
Le 22 janvier 2018 de 15 h à 17 h (salle 10, 105 bd Raspail 75006 Paris)
Anne-Marie Brisebarre, Directrice de recherche émérite au CNRS
Laboratoire d’anthropologie sociale
Collège de France
Les éleveurs ovins caussenards et cévenols face aux loups
Depuis 2011, inscription au patrimoine de l'humanité des paysages culturels de l'agropastoralisme des Causses et des Cévennes et, coïncidence, réinstallation des loups sur ce territoire, j'effectue une veille sur le "dossier loup" dans le cadre du conseil scientifique de l’Entente interdépartementale Causses & Cévennes qui gère l’inscription de ce "Bien" incluant le territoire du parc national des Cévennes et une partie du parc régional des Grands Causses.
Dans les quatre départements du sud du Massif Central concernés (Aveyron, Gard, Hérault, Lozère), divers systèmes d’élevage ovin se côtoient (sédentaires ou transhumants, pour la production de lait ou de viande), tous fondés sur le parcours extensif des troupeaux, donc particulièrement exposés à la prédation.
Mon intervention, appuyée sur les relations entretenues avec les éleveurs (sur le terrain, par mail et téléphone), mais aussi sur le recueil de très nombreux documents concernant les attaques par les loups (courriers, rapports, articles de presse…), montrera comment, confrontés à une gestion administrative jugée insatisfaisante de la prédation et à des accusations de "mauvaises pratiques professionnelles" entretenues par les associations pro-loup, des éleveurs se sont regroupés pour agir, dans la légalité, pour la défense de leurs brebis et de leur métier.