mardi 30 avril 2019

La prolifération des signes (il s’agissait bien d’un complot)


 

Vladimir Poutine sortant des eaux à proximité du pont de la Concorde
Notre-Dame brûle, les Socialistes gagnent les élections en Espagne et les Norvégiens tombent sur un béluga télécommandé par l’armée russe. Il y a sûrement un lien.

dimanche 28 avril 2019

Le destin des agneaux* (gastronomie et esthétique).




 
Agneau de Lozère chez MeatCouture


« Prenez un dépliant. Que vous sachiez, au moins, ce que vous allez manger. C’est pour votre culture personnelle ».

Donc j’ai pris le dépliant. On dirait qu'il est conçu exprès pour susciter des commentaires.

* Après le destin des canards.

vendredi 26 avril 2019

Le complot de Notre-Dame




Paris. Pigeon pyromane  faisant le guet sur un bâtiment religieux

À l’époque du yéyé, Edgar Morin expliquait la célèbre Rumeur d’Orléans* par l’angoisse : « D’où viennent ces angoisses ? Des menaces extérieures qui planent sur le monde ? Des déracinements non compensés par de nouveaux enracinements ? Du réseau serré de micro-répressions par lesquelles il faut acheter les avantages et les sécurités de la vie urbaine ? »**. Même pour l’incendie de Notre-Dame c’est l’angoisse, peut-être,  qui nous fait préférer la théorie du complot à la banalité tragique d’une cause accidentelle.  L’angoisse ou l’ennui.

* On avait accusé  des commerçant juifs  de kidnapper leurs clientes pour les envoyer en sous-marin vers des lieux de prostitution exotiques. Ce délire collectif a proliféré un peu partout. J’en connais aussi une version romaine (mais avec des Arabes à la place des Juifs).

**Edgar Morin, La rumeur d’Orléans, Paris, Seuil, 1969.p. 106

mercredi 24 avril 2019

Traumatisme de guerre (aux innocents) 7 : crimes de Pâques



 

Je viens de manger un innocent. Son épaule pesait à peine plus d’un kilo.  Dans le cours de l’action j’ai fait de mon mieux pour mettre entre parenthèses les  hésitations morales. Je l’ai trouvé excellent.  Ce que je vais dire est absurde et provocateur, mais j’ai pensé : « Mon acte est normal » - je l’ai pensé deux ou trois fois de suite pour me rassurer - « et si j’arrête de faire ça,  tout va s’arrêter »*.


* C’est commode, je sais, de penser comme ça.

lundi 22 avril 2019

Sauvetage d’une taupe (c’est dire si nous sommes sensibles)







La  tondeuse passe : « Oh, regarde ! Qu’il est mignon ! C’est quoi ? Un bébé taupe, je crois.  Il a eu de la chance eh ?  Il vibre  comme un  smartphone».  « Ne le touche pas. On va le déposer un peu plus loin et sa maman, peut-être … ».
Cela ne nous empêche pas, dans un monde parallèle (le même que celui-ci, mais demain, à une autre saison, dans un autre cadre),  de donner la chasse aux taupes qui infestent notre jardin.
On est faits comme ça : on sauve les petits et on extermine les grands.

samedi 20 avril 2019

Mots à rayer du dictionnaire : canarder


Canarder

(ka-nar-dé)



1)  Faire feu d'un lieu où l'on est à couvert. Les soldats embusqués canardaient les assaillants.
Pourquoi faudrait-il interdire ce verbe ? Parce qu’il naturalise une pratique de chasse (comme si les canards avaient été créés pour être canardés). 

2) Tirer du hautbois ou de la clarinette un son rauque ou nasillard comme le cri du canard.
Pourquoi  censurer cette deuxième acception ? Parce qu’elle stigmatise certains joueurs de hautbois et de clarinette (tout en stigmatisant les canards). 


jeudi 18 avril 2019

Comment jouent les hyènes ?



Je dois avouer que  je ne m’y connais pas trop en football.  L’autre soir, une équipe sponsorisée par une célèbre marque de lessive (je crois) rencontrait une équipe arborant les couleurs du drapeau breton. L’entraineur de cette dernière à déclaré à la presse : « Mes gars, ce soir, devront jouer comme des hyènes »*. C'est beau et énigmatique à la fois.
* Von Karajan aurait utilisé une autre métaphore.

P. S. Les hyènes ont perdu. Mauvaise tactique : il fallait se battre comme des lions. 

mardi 16 avril 2019

Notre-Dame brûle : conjectures et présages



Notre-Dame brûle et cela nous désole. Comment ne pas y voir un signe ? Mais un signe de quoi, au juste ? Ces flammes orange dans le ciel parisien sont comme des tâches de Rorschach. On peut y projeter ce qu’on veut.

dimanche 14 avril 2019

Néopuritanisme 3. Damnatio memoriae








Je reviens  sur la scène surréaliste d’un groupe d’étudiants qui quittent la salle de cours dérangés par le contenu « machiste » d’un article d’Yvonne Verdier consacré au sang cataménial et aux effets qu'il peut produire, selon la croyance populaire,  sur la mayonnaise, les cornichons, le saloir, le vin, les miroirs et les champignons*.  Quelques jours plus tard j’ai  fait part de mon étonnement à des membres du corps enseignant. Mon étonnement s’est accru lorsqu'on m'a répondu comme l'étudiant de géographie du post précédent: « Oui, d'accord, on ne veut plus entendre parler de ces croyances. Mais finalement, est-ce que ce n’est pas mieux comme ça ? ». Je suis sorti de la réunion avec le sentiment d’être un réactionnaire obtus qui n'a rien compris aux changements sociétaux. Simultanément, dans mon for intérieur, une petite voix – la même qui m’a empêché d’être un stalinien rigoureux à dix-huit ans et un camarade exemplaire à vingt-cinq – posait  la question suivante : « Où sont finis les bigots d’antan ? ».



* À côté des témoignages de  ses informateurs Verdier cite  des sources savantes qui vont de Pline à Sébillot.


vendredi 12 avril 2019

Un grand merci aux autorités britanniques



 
Saddam Hussein presque méconnaissable à l'époque de sa détention


C’est comme avec Hussein. Que cachait-il, Julian Assange, dans sa chambre à l'ambassade d'Equateur ? Des armes  de destruction massive*. Il fallait bien intervenir.

* À savoir des informations concernant des mensonges et des turpitudes d'État.





Julian Assange presque méconnaissable au moment de son arrestation

mercredi 10 avril 2019

Néopuritanismes 2. Pour l'abolition des règles.




L’autre jour j’ai présenté aux étudiants* un classique de l’anthropologie française. Il s’agit d’un long article d’Yvonne Verdier consacré à la manière dont les habitants de Minot, dans le châtillonnais, concevaient  la relation entre le cycle menstruel, la météorologie, l’agencement des saisons et les cycles lunaires. Cette étude magistrale montre toute la cohérence de la pensée symbolique et l’existence d’une cosmologie officieuse, vernaculaire, dont on trouve encore des traces dans l’imaginaire contemporain. Les étudiants n’ont pas apprécié. Petit à petit ils ont commencé à quitter la salle. J’ai dit : « Yvonne Verdier était une femme et n’y trouvait rien d’obscène.  Elle était même fière, je crois, d’avoir mené cette belle enquête ». Après j’ai demandé : « Personne, parmi vous, n’a jamais entendu parler de ces croyances, de ces préjugés ? ». Silence de mort. Un étudiant en géographie a alors pris la parole : « C’est mieux comme ça, n’êtes-vous pas d’accord ? « Peut-être », ai-je répondu, « mais alors c’est la fin de l’anthropologie ».

*C'était un cours transversal adressé aux étudiants de première année (psychologues, historiens, géographes etc.). 

dimanche 7 avril 2019

Envie de partir



Le bovarysme ou bovarisme, nous apprend Wikipédia, est un état ou sentiment d'insatisfaction, caractéristique du personnage d'Emma Bovary, héroïne du roman de Flaubert Madame Bovary.  Flaubert était né en 1821, la même année que Charles Baudelaire, auteur du poème suivant :
Les hiboux
Sous les ifs noirs qui les abritent,
Les hiboux se tiennent rangés,
Ainsi que des dieux étrangers,
Dardant leur œil rouge. Ils méditent.
Sans remuer ils se tiendront
Jusqu'à l'heure mélancolique
Où, poussant le soleil oblique,
Les ténèbres s'établiront.
Leur attitude au sage enseigne
Qu'il faut en ce monde qu'il craigne
Le tumulte et le mouvement,
L'homme ivre d'une ombre qui passe
Porte toujours le châtiment
D'avoir voulu changer de place.

vendredi 5 avril 2019

L’animal comme prétexte




Lorsque j’avais vingt ans il y avait des gens qui étaient staliniens (ou maoïstes) . Et il haussaient la voix, comme si cette option politique  leur donnait un surplus de dignité. On avait beau être de gauche. Pour eux  on ne l’était jamais assez. Et ils avaient toujours raison.  Que sont-ils devenus aujourd’hui ? Je veux dire, quel scénario ont-il choisi, après la chute du mur de Berlin,   pour faire semblant d’avoir changé tout en restant les mêmes?*  C’est la raison pour laquelle je milite contre le politiquement correct**.

* Ces mêmes individus qui adorent conditionner le comportement de leur prochain au nom du bien-être collectif.
** j'en profite pour rappeler que de mon point de vue le fascisme  et le stalinisme, avant d'être des choix politiques, sont des dispositions psychologiques. 

mercredi 3 avril 2019

L’esprit de la montagne (serions nous animistes ?)




En venant des Alpes on peut trouver la dénomination « Monts d’Arrée » quelque peu grandiloquente. Lorsque  les  Bretons décrivent ce massif comme un espace féerique et envoûtant on  se dit qu’ils exagèrent (à la manière des Italiens). Et pourtant c’est vrai :    les Monts d’Arrée ont une âme*. On s’y rend une fois, on tombe sous leur charme,  et on  prend l’habitude d’y revenir. On trouve ça naturel **.

* Est-ce un propos animiste ?

** Est-ce un propos naturaliste ?

mardi 2 avril 2019

Lorsqu'on est un chat

 
Chat noir immortalisé dans un cimetière de Milan par Anna Mannucci*

Le printemps est arrivé. C’est l’époque où les chats, tombés fous amoureux,  se font écraser par les voitures. Pas tous les chats, seulement ceux qui n’ont pas été stérilisés. Pour ne pas courir des risques, lorsqu’on est un chat, mieux vaut fréquenter les cimetières (au printemps et en général). 

*Me rappelant, l'autre jour, que les "gattare" prônent la castration de leurs protégés.