samedi 14 septembre 2024

À table avec le chat

Hot-dog géant

Les immigrés de la ville de Springfield, selon des sources dignes de foi,  mangent des chiens et des chats.

Les habitants de Vicenza aussi, c’est connu, mangent des chats :

Veneziani, gran Signori;

Padovani, gran dotori;

Visentini, magna gati;

Veronesi ... tuti mati;

 

Vénitiens, grands seigneurs ;

Padouans, grands professeurs ;

Vicentins, mangeurs de chats;

Véronais... tous dérangés.


A Vicenza il y a une importante base militaire américaine.

Si j’étais Donald Trump, et j'arrivais à gagner les prochaines élections présidentielles,  je proposerais de la déplacer ailleurs *


* À Vérone, par exemple.

mercredi 11 septembre 2024

Mon carnet est réapparu (après avoir toujours été là)



Je cite :  « C'est un chien  de chasse qui ne chasse pas ».

J’ai retrouvé mon carnet. Ma prise de notes est une lista à la Prévert. Voici quelques échantillons, juste des bribes montrant moins la variété des thèmes traités à l'École de Fornara que le côté très ciblé de mes intérêts :

- « Human-Animal Studies. Études qui nous apprennent à dialoguer avec les animaux »*.

- « Animaux qui trichent : le chien de berger qui commence à en avoir marre et se met à boîter pour faire de la peine ».

- « 1923 – Création du Parc National des Abruzzes. Bataille vertueuse entre l’État et les Régions pour l’institution des parcs. L’élan, aujourd’hui n’est plus le même ».

- « Il faut que l’aliment cesse d’être une marchandise pour redevenir un médicament ».

- « La chute du prix de la laine ».

 - « Transhumance : plus une pratique diminue, plus sa valeur symbolique augmente ».

- « Paramètres faciaux pour mesurer le seuil de souffrance des animaux. Recours à l’intelligence artificielle » 

 - « La brebis a été inventée il y a 10.000 ans » 

 - « Nous et les loups : des loups différents confrontés à des hommes différents ».

- « Le loup contemporain naît dans les banlieues. Son univers olfactif est celui d’un citadin ».

- « Les habitants des Apennins ne mangeaient jamais de viande » 

- « Les préférences des éleveurs changent : les ovins diminuent, les équins et les bovins augmentent ».

- « Colliers radio pour les herbivores.** ».

Je reviendrai prochainement, peut-être, sur l’arrière-plan théorique et politique de ces fragments que j’ai sélectionnés de façon égoïste, en fonction de mes champs de recherche personnels. 

* Avant de les manger?

**À quand les bracelets électroniques ? 

dimanche 8 septembre 2024

Carrière théatrale

 


J'ai appris plein de choses à l'École de Fornara, rencontre estivale atypique (quatre jours de débats en pleine verdure autour des thèmes de l'écologie), qui se déroule depuis huit  ans dans un site ravissant à Acquasanta Terme, à la frontière entre les Marches et les Abruzzes. Ayant perdu mon carnet de notes,  pour l'instant  je me limite à  reporter cette définition suggestive dont j'ai oublié l'auteur: "  Le paysage, cet immense  conteneur de la fatigue de l'homme"*. J'y pense à propos de la photo ci-haut, figurant une carrière de travertin. Sa présence  est intrusive, c'est vrai, mais elle a quelque chose de théâtral.

*(et de l'animal, ajouterait-on aujourd’hui)

mardi 3 septembre 2024

Travail bestial et mondes ruraux

 

Cohabiter dans une montagne de plus en plus fragile et de plus en plus convoitée. Je sais à peu près comment ça se passe dans les Alpes, haut lieu depuis longtemps du tourisme international. Mais pour ce qui concerne les Apennins ? J’aurai les idées bien plus claires après avoir participé, à partir du 5 septembre, aux rencontres de l’École de Fornara, dans le Parc national des Abruzzes, Latium et Molise.

Voici le lien pour ceux qui voudraient en savoir plus : https://aps.emidioditreviri.org/scuola/scuola-8

samedi 31 août 2024

Gibier Folio


Arthur Fitzwilliam Tait, Rabbits on a Log, 1897, huile sur toile, 25,4 x 30,8 cm, Metropolitan Museum of Art


L’ouverture de la chasse approche. Je parcours le site de la revue « Chassons » (je me documente)* et je découvre la formule : « Gibier de poche ». Je connaissais les lampes de poche, les livres de poche, mais pas le gibier de poche.

Q. – Que lis-tu actuellement ?

R. – Attends, je regarde (dans ma poche). Je suis en train de lire … juste un moment ... Ah oui, je suis en train de lire … Lapin.


*Eux aussi aiment se documenter, et tiennent beaucoup à partager les informations.

mercredi 28 août 2024

Canitude

Pas d'idées ce matin. Juste cette image baroque illustrant à la fois l'humanité canine et la canitude humaine.

dimanche 25 août 2024

L’ours, le loup et le « bovarisme zoologique »


Encore un mot sur le terme « classe » et sur nos identifications aux animaux les plus « stylés ».

« En réalité, j’ai le sentiment que derrière l’engouement pour les grands prédateurs se cache parfois un certain snobisme. Un snobisme symétrique et inverse à l’amour affiché pour les bêtes les moins attrayantes – cet amour militant, souvent très bien argumenté, qu’on peut éprouver pour les chauves-souris, les chats sans poils ou les mygales. On pourrait le caricaturer par le propos suivant : je n’aime pas les animaux d’ici, trop courants et faciles d’accès. Et je ne m’identifie pas à des espèces grégaires comme les vaches et les moutons. Cette attitude se voudrait moderne («J’ai saisi la notion de chaîne trophique, de biotope, etc., et c’est pourquoi j’exige le retour des grands prédateurs »), alors qu’elle est romantique. Elle fait penser à Goethe et à sa réflexion sur les affinités électives : derrière des apparences différentes, le loup et moi partageons les mêmes dispositions, la même nature, la même alchimie. Je m’identifie au loup parce que je suis aussi noble que lui. Cette attitude fait également penser à celle que Flaubert prête à Emma Bovary: pourquoi j’aime l’ours et le loup? Parce qu’ici on s’ennuie beaucoup. Parce qu’ils sont des étrangers, et les étrangers, quoi qu’on en dise, ont leur charme. L’ours et le loup ne sont pas des étrangers, pourrait-on rétorquer, ils ont seulement disparu pendant une courte période et ils sont revenus. Cela est vrai, mais ils gardent le charisme de l’étranger, tout comme ces migrants qui ont quitté les mêmes régions montagneuses pour faire fortune ailleurs et sont revenus cinquante années plus tard, avec des mœurs qui ne sont plus les mêmes, et des fils qui parlent allemand. Les nouveaux loups viennent d’Italie, d’Espagne et parfois même d’ailleurs, selon une rumeur persistante. Les ours, assez souvent, sont slovènes. Ils mettent un zeste d’exotisme dans la fadeur locale. Ils ont tout pour plaire. Et étrangers ou pas, ils ont une certaine classe. Tout comme nous. C’est pourquoi ils nous aiment, ce qui est d’ailleurs réciproque. Songeons aux titres de quelques best-sellers : si l’on accepte de danser, c’est bien avec les loups, non pas avec les koalasSi l’on court avec un animal, c’est encore avec les loups, pas avec les marcassins. Ce n’est qu’une parodie, je le sais, les gens sont bien plus sérieux que je ne le suggère et leurs arguments bien plus respectables.

S’il y a quelque chose de vrai dans cette plaisanterie, si cet amour « provincial » pour ce qui est plus beau, fort et éloigné est davantage qu’une insinuation malveillante, on peut le qualifier alors de « bovarysme zoologique ».

Extrait de Faut qu’ça saigne, Écologie, religion, sacrifice, éds. Dépaysage, 2020, p. 73. «Bovarisme animalier» serait peut-être encore plus approprié. J'ai du mal à choisir.

 

vendredi 23 août 2024

Eco-fanfaronnades

 Vincent Van Gogh, Éco-semeur, (1888)

Le matin, plus je mange plus je deviens honnête. C’est que j’ai acheté les flocons d’avoine d’une marque qui a comme devise : « L’éco-honnêteté à chaque bouchée »*.

L’éco-honnêteté, on le sait, va de pair avec l’éco-modestie.

Parfois je rêve d’être le protagoniste d’un film de Tarantino et disposer, comme lui, d’un lance-flammes.

 * Je m’en suis aperçu trop tard.

mercredi 21 août 2024

Avoir la classe

 

«Les loups attaquent. Deux chevaux dans le ravin sauvés par hélicoptère».

« C’est stylé», « C’est classe »,  ai-je entendu dire chez des jeunes*.  De quelle classe parlent-ils ? De la classe sociale? Surtout pas. Et pourtant ... : « L'origine de cette expression, apparue au cours du XXe siècle, repose sur l'acception restreinte de "Classe" comme "Classe supérieure, première catégorie", et désigne ainsi la qualité supérieure d'une personne à être élégante »**.

Employer cette formule, autrement dit, revient à reconnaître l’existence de classes supérieures et de classes inférieures. On a beau se dire anarchiste, égalitariste etc. Lorsqu’on dit : « C’est classe », on hiérarchise les êtres. Donc on est classiste. 

- Si tu devais faire un choix, juste sur le plan de l'image, préférerais-tu être un âne ou un pur-sang ?

- Pour moi c’est pareil, tous les êtres se valent - répond l'hypocrite.

S’il y a de vrais démocrates ce sont bien les loups. Ils adorent éventrer les ânes, mais s’ils rencontrent des chevaux c’est pareil.

On le disait, peut-être, et c'est déjà fini. Cela change très vite.

** https://www.linternaute.fr/expression/langue-francaise/7371/avoir-de-la-classe/

lundi 19 août 2024

Des chiens, des os et des noyaux. Rectificatif

 

 

J’écris et je creuse. Je n’ai plus rien à planter (ni à raconter, peut-être), mais je continue. Tout à coup, je décide d’installer dans le jardin des marches artisanales, question de creuser encore un peu*. Je déterre un clou old style, de ceux qu’on forgeait à la main, deux fragments de poterie parfaitement insignifiants et après … des os miniscules. Ces os fragiles et pointus contredisent le propos de mon dernier billet et confirment le manque de fiabilité de mon blog**.  

Il est vraiment temps de passer à autre chose.

* «T’es d’un signe de terre », m’a-ton fait remarquer.

** Je cherche un coupable. Je pense tout de suite à Graf et à ses enfouissements compulsifs. 

samedi 17 août 2024

Des chiens, des os et des noyaux (7). Épilogue

Flutes préhistoriques taillées dans des os de poule d'eau. J'ai emprunté cette image au site suivant : https://www.4-33mag.com/decouverte-de-flutes-prehistoriques-taillees-dans-des-os-de-poule-deau/

(Suite et fin) La dernière phrase du billet précédent résume à elle seule l’absurdité de ce blog. Dans un monde plein de problèmes sérieux et de sujets ravissants à traiter (comme celui de la photo ci-dessus, par exemple) il y a un type qui prétend entretenir son public en lui expliquant pourquoi il n’y a pas d’os de poulets dans son jardin. Et par surcroit, il n’avance pas de certitudes mais de simples hypothèses.

En fait, j’ai quelques certitudes. Il n’aurait pas fallu mais, dans la diète de notre chien, au départ, il y avait aussi  des os de poulet. Il les croquait doucement sans laisser de traces. Nous découvrîmes par la suite que sur le plan cynégétique cela pouvait entraîner des effets collatéraux : approchant d’une caille ou d’un perdreau chassés par mon père, le fidèle compagnon, habitué à manger des bipèdes ailés, avait tendance à se dire : « Tiens, on me propose un nouveau bipède ailé. C’est très gentil ».

Mais le vrai problème est ailleurs. il y a quelques années, dans mes divagations estivales, j’ai consacré une série entière au thème de la jalousie*.  Lorsqu’un chien est confronté à des os de poulet ou de lapin il les mange avec plaisir et, normalement, avec précaution. Si les chiens sont deux, en revanche, c’est la foire d’empoigne. L'antagonisme et la précipitation poussent les deux rivaux à ingurgiter à toute vitesse les débris coupants et pointus qui s’enfoncent dans leur cavité orale voire plus loin. Est-ce que les conséquences de ce réflexe naturel pénalisent davantage les plus avides ? Ce serait un bel exemple de « dessein intelligent », comme le diraient les Créationnistes américains. 

Si j'ai parlé des os de mes chiens c'est que, pour planter mes herbes aromatiques, je n'ai creusé qu'en surface. Si j'avais creusé plus profondément, j'aurais sans doute trouvé les restes du célèbre Chasseur Haut-Vénitien qui, comme son équivalent français, s'est toujours limité à  prélever, dans une nature bien préservée grâce à lui, le strict nécessaire pour sa sobre alimentation.

FIN

* Cf. « Une sale bête : l'envie », à partir du 31 mai 2018.


jeudi 15 août 2024

Des chiens, des os et des noyaux (6). L'anthropocentrisme critique




(Suite) J’ai eu le soupçon – c’est dire si on peut être vaniteux et paranoïaque – que mon chien eût mis en pièces le jeune pêcher par rivalité. Les chiens, on le sait, ont une intense activité médiumnique. Ils parcourent l’éther comme des radars, ils interceptent des voix, des intentions occultes, des messages cryptés. Ils perçoivent des présences, captent des signes qui viennent du passé et du futur ... Il se peut que, dans ce grand trafic, Sam soit tombé sur mes sentiments bienveillants à l’égard du pêcher et qu'il les ait trouvés insupportables. Je lui ai vite pardonné, tout en lui expliquant que dans ma vision du monde les humains, les chiens et les pêchers n’ont pas le même statut* -  et que lui, en tout cas, était mon copain et qu'il était irremplaçable.

S'il avait lu La libération animale de Peter Singer il aurait pu m'objecter : « C'est flatteur, mais ça reste un raisonnement spéciste**». Je lui aurais répondu : « Effectivement je hiérarchise.  Je me sens plus proche d'une vache que d'un cerf volant par exemple, et j'ai plus d'empathie pour les chats que pour les  poules ».

Ce qui nous amène au dernier épisode de cette série, où je commente l‘absence d’os de poulet dans le cadre de mes fouilles jardinières. (À suivre)

* Par rapport au débat sur les ontologies, je qualifie ma position d’« anthropocentrisme critique ». Je précise ses caractéristiques dans un entretien avec Florent Kohler : Études Rurales n. 189 (Sociabilités animales, 2012) https://journals.openedition.org/etudesrurales/9558

** À la différence des Antispécistes, on le sait, les spécistes ne mettent pas tous les animaux sur un même plan.

mardi 13 août 2024

Des chiens, des os et des noyaux (5). Pouvoirs télépathiques


(Suite) Je n’ai jamais réussi à faire pousser des champignons, c’est vrai. En revanche, j’ai vu un os s'enraciner. Je dois préciser que les Italiens, comme les Français, sont censés dire nocciolo (noyau) et non pas osso (os) pour désigner le noyau de la pêche. Mais ils préfèrent l’appeler osso et moi je fais pareil*. Lorsque Sam (2ème) menait son existence discrète au fond du jardin, une pousse de pêcher s’était mise à grandir entre les dalles du chemin. Elle venait d’un os erratique qui, sans arrière-pensées écologistes ni de sa part ni de celui qui l'avait balancé, contribuait toutefois à la biodiversité du site. Je ne dirais pas que cette tige feuillue était devenue pour moi l’équivalent de la rose du Petit Prince, mais j’y pensais de temps en temps, en attendant la bonne saison pour la transplanter. Le moment venu, avant de m’endormir, je me suis concentré sur l’endroit le plus propice pour l’installer. Un nouveau membre allait prendre place dans notre collectif, il fallait bien le recevoir. Le matin, approchant du néophyte la pelle à la main, j’ai dû constater que Sam, après avoir cohabité avec lui pendant quelques mois en toute sérénité, venait de le massacrer. Le fruit du hasard ? Non, un cas flagrant de télépathie. Mais comment expliquer cette fureur destructrice de la part de mon chien préféré, le plus paisible du monde, avec qui j’avais une entente parfaite ? (À suivre).

 *On dit bien « la chair » d’une pêche (mais on ne dit pas, « une pêche en chair et en os). Un anthropologue hâtif ou désinvolte pourrait voir dans cet usage les traces de vieilles conceptions animistes ou d’un flou catégoriel mélangeant l’animal et le végétal. Ça pourrait plaire beaucoup et contribuer à sa carrière.   

dimanche 11 août 2024

Des chiens des os et des noyaux (4). Autour d'une cérémonie


(Suite)

- J’ai jeté les noyaux des cerises dans le jardin, il y aura des cerisiers partout …

- Ah oui, faisons-le aussi avec les graines des pastèques. Ce serait fabuleux, un jardin plein de pastèques. Elles monteront jusqu’au ciel comme les haricots des contes merveilleux.

J’ai le même réflexe avec les champignons. Après le tri, je verse dans une bassine l’eau du nettoyage et les parties spongieuses du chapeau qui ont été écartées. Je remue le cocktail et j’asperge le jardin dans une sorte de cérémonie néo-rurale dont je suis à la fois le ministre et le public. Je célèbre ce rite depuis des années. Je n’ai jamais vu pousser un seul champignon. (À suivre)

vendredi 9 août 2024

Des chiens, des os et des noyaux (3). Histoire d'un champion





(Suite) Parmi les chiens qui ont agrémenté notre existence - je parle de mon passé italien -  le plus grand enfouisseur d’ossibuchi* et de plats de côte a été sans doute Graf. Un véritable champion. Au milieu de sa carrière, ce setter irlandais au pelage de cocker, la silhouette d’un braque allemand et des boucles derrière la nuque qui lui donnaient un air de Cavaliere, avait disparu dans les brumes du fleuve Pô. Récupéré par un éleveur de chiens, il passa un bon semestre dans une sorte de pénitencier où il fut utilisé comme reproducteur** et attrapa tous les vices liés à la promiscuité. De retour à la maison il était méconnaissable. L’apparition de n’importe quel chien, même petit, suscitait chez lui le désir irrépressible de lui casser la figure.  Jaloux, agressif mais prévoyant, il accumulait son trésor à l’extrémité du jardin, en imaginant peut-être le jour où personne, vu son tempérament lamentable, n’aurait eu envie de s’occuper de lui. Sur le tard, au lieu de ramener les faisans à mon père qui allait les chasser dans la région de Trévise, il se cachait derrière les buissons pour les bouffer sur place (juste la poitrine) ou pour les enterrer dans le vain espoir de les récupérer la semaine d’après. (À suivre).

* « L’osso buco est un plat traditionnel milanais, très parfumé, constitué d'un ragoût de tronçons de jarret de veau, braisé au vin blanc sec et agrémenté de légumes que l'on sert généralement accompagné de risotto à la milanaise. La moelle est cuisinée et servie avec son os ». Wikipédia

** C'est absurde mais c'est vrai.

mercredi 7 août 2024

Des chiens, des os et des noyaux (2). Remise de prix


(Suite) En creusant des trous pour planter mes herbes aromatiques il m’arrive de tomber sur quelques os de mes chiens. Ça me fait toujours un certain effet. Je déterre la pièce avec précaution, en cherchant à me rassurer quant à son origine non-humaine. En amont du jardin il y a une église et autour des églises, on le sait, on découvre souvent des ossements. La trace nette de la scie du boucher montre clairement que j’ai affaire à une côte de bœuf ou à quelque chose de ce genre.  Dans ma famille donner un os au chien prenait une allure presque officielle. On ne lui donnait pas un os, d’ailleurs, on le lui remettait comme on remet une distinction : à la fin du repas, lorsque l’occasion se présentait, on ramassait les restes osseux du pot au feu ou de l’épaule d’agneau et, d'un geste de munificence de type médiéval, on les livrait au récipiendaire. Celui-ci réagissait très favorablement.  Pendant un moment il les mordillait, ne serait-ce que pour nous faire plaisir et pour vérifier leur authenticité*. Après, parfois, il les enterrait. (À Suivre).

* Autre geste médiéval repris, actuellement, par certains champions olympiques se faisant immortaliser la médaille entre les dents. 

lundi 5 août 2024

Des chiens, des os et des noyaux (1) We are the Champions


Je commencerai par deux préambules :

1) Dans ses belles études sur le folklore européen, l’ethnologue Nicole Belmont rappelle l’importance des os dans l’imaginaire collectif. La chair se défait, les os perdurent et, dans leur permanence, métaphorisent l’immortalité. Dans les billets qui suivent, pour reprendre une tradition estivale, je parlerai de mon jardin et des os qui y séjournent.

2) Ici, je n’ai pas de télé pour regarder les Jeux olympiques et les informations que je glane à la radio me suffisent (We are the Champions et donc, par délégation, I am the Champion, c’est l’essentiel). Je me distrais agréablement en creusant des trous dans le jardin. C’est pour les plantes aromatiques. Il y en a qui, mal adaptées au contexte, ne passent pas l’hiver. D’autres succombent au cours de l’été. « Trop froid », « Trop chaud », « Trop d’eau », « Pas assez », « Le vent », « Une exposition au soleil trop faible », « La terre est trop grasse », « Non elle est trop maigre », « Il faut planter le romarin près d’un mur », « Mais loin du noyer, hein, parce que rien ne pousse au pied du noyer » …  Bref, dans l’indécision, j'achète mes herbes aromatiques par couples et je les plante à des endroits différents. Au cours de l'installation, je les exorte à faire preuve de leur capacité adaptative : « Trois, deux, un, c'est parti! ». C'est une  compétition à distance,  darwinienne et découbertinienne à la fois.  (À suivre)


vendredi 19 juillet 2024

Pour cause de vacances

 

 

Un Chinois. Combien il y en a -t-il en Chine ? 1,412milliard. Eh bien, depuis quelques jours, parmi les visiteurs de mon blog il y a un Chinois. Ce n’est pas encore le buzz, mais ça à de quoi rendre optimiste.

Avec ma ménagerie, nous avons décidé de prendre deux semaines de vacances. Nous espérons que le Chinois en question, à la rentrée, sera toujours là.

mercredi 17 juillet 2024

Comment réduire la sur-fréquentation touristique ? Les multiples de Trente


Est-ce une trouvaille pour réduire l’afflux de touristes dans une région à forte composante identitaire ? Toujours est-il que le coureur à pied strasbourgeois dont parle la presse du 15 juillet, aurait mieux fait d’aller courir dans les Pyrénées, où les ours sont d’une politesse notoire (bien gérés par les administrateurs locaux et mieux compris qu'en Italie du nord par une population plus empathique). À la différence d’Andrea Papi mort sur place en plein jogging sylvestre, le randonneur français a réussi à s’en sortir avec les jambes et les bras sérieusement abîmés. Le retour des ours, nous rappellent leurs défenseurs, aide à restaurer les équilibres naturels. Pour favoriser la cohabitation, ils proposent d’interdire aux promeneurs les territoires fréquentés par les plantigrades, qui pourront ainsi se propager sereinement dans des surfaces de plus en plus étendues*. Du point de vue écologique c’est clairement la bonne solution : davantage d’ours, moins de touristes et de bergers dans les espaces alpins, plus de Wilderness (et moins de « fascisme », si on prend au pied de la lettre le panneau que j’ai publiée dans le billet précédent).

* Tout en s’arrêtant gentiment à la frontière lorsqu’on leur demandera de respecter les accords.

lundi 15 juillet 2024

Le devenir de l’antispécisme


Manifestation à Trente après la suppression d'un ours "à problèmes"

 

 Tiens, me suis-je dit, j’ai passé des années à signaler les excès de l’antispécisme, les ambiguïtés de certaines fondations pour la défense des animaux, l’attitude presque religieuse des végétariens les plus intransigeants, et après, tout à coup, ma ferveur « savonarolienne  » s’est atténuée. À l’époque, je travaillais encore sur les espèces invasives et l’expansion de ces idéologies émergentes, de ces lectures alternatives de notre rapport à la réalité me paraissait irréversible - opportune dans une certaine mesure, mais inquiétante. Je crois avoir trouvé la raison de mon changement d’attitude. Ma perception de l’actualité a changé depuis que j’ai arrêté de consulter Twitter (ça s’appelait encore comme ça).  Sur Twitter je m’étais abonné à une brochette de sites dédiés à la nature et à la question animale. J’ai ainsi fini par faire coïncider le réel des relations que nous entretenons avec le « vivant » avec la réalité toute particulière des militants les plus engagés.   Depuis que j’ai arrêté avec Twitter le monde a pris une forme plus courante, avec ses carnivores décomplexés, des propagateurs de blagues salaces et/mais marrantes sorties des tréfonds de l’imaginaire collectif, des gens tout à fait normaux indifferents aux animaux et qui n’ont pas honte de le reconnaitre. Vue dans cette optique, la trajectoire de ces mouvements « fondamentalistes » qui me donnait le sentiment d’une dynamique colonisatrice portant atteinte à la biodiversité culturelle, me fait penser à l’évolution de certaines espèces invasives. On croyait qu’elles auraient saturé l’écosystème, elles finissent souvent  par se contenter d’une niche où elles prospèrent à côté des autres espèces, contribuant à l’harmonie collective (et à ses quelques dissonances).

vendredi 12 juillet 2024

Des loups, des pétards et le sentiment du sublime

Pétards (le fait qu’ils s’appellent « Lupo » est une curieuse coïncidence)

 19h. La lumière commence à faiblir. Nous cueillons des russules, il y en a partout. Elles nous attendaient, très probablement.

 - Y a-t-il des ours et des loups ici ?

Moment de silence.

- Eh ben … oui. Mais nous n’avons rien à craindre. L’ours, peut-être, mais statistiquement … il faudrait avoir vraiment de la malchance…

- Oh, moi, les statistiques ...

 Je continue à ramasser en me disant : « il n’y a rien à craindre,  mais on y pense quand même ».

En rentrant, je cherche dans la presse locale quelques informations sur les dernières apparitions du loup dans la zone et je découvre l’existence d’un type de loup plus gênant que les autres : c’est le loup confiant :

“Les comportements du loup confiant – précisent les spécialistes - sont les trois suivants : « Le loup est repéré pendant plusieurs jours à moins de 30 mètres des maisons habitées », « le loup permet à plusieurs reprises aux personnes de s'approcher à une distance inférieure à 30 mètres » ou semble s'intéresser aux gens. Face à ces comportements, les forestiers pourront désormais mettre en place des actions dissuasives. Celles-ci sont toutefois précisées par écrit dans le décret présidentiel et seront mises en œuvre au moyen de « sources sonores (pétards, tirs à blanc et dissuasifs automatiques pour la faune), de sources lumineuses (phares) ou par l'utilisation de balles en caoutchouc d'un calibre ne dépassant pas 12"”/

(https://www.iltquotidiano.it/articoli/dai-proiettili-di-gomma-ai-petardi-fugatti-autorizza-).

Pour être plus tranquille, dorénavant, je ne partirai aux champignons qu’après m’être procuré  un forestier et des pétards.

mardi 9 juillet 2024

Après le vote

 

 


Maurice, l’autre jour, faisait profil bas et évitait de croiser mon regard. Je ne suis pas sûr que le résultat des dernières élections l’ait rempli de joie.

samedi 6 juillet 2024

Appeler un chat un chat (et garder les distances)



Je lis dans un quotidien italien: « non resiste alla scomparsa della sua umana e si lascia morire” “ il ne résiste pas à la disparition de son humaine et se laisse mourir ». Au départ je ne comprends pas : qu’est-ce que ça veut dire « son humaine ? ». Mais, oui, c’est évident, on parle d’un chien ou d’un chat qui a perdu sa maîtresse. On dit « son humaine » pour ne pas dire « sa maitresse », qui sonne mal. Le raisonnement est sans faille : si moi j’ai le droit de dire « mon chat », pourquoi lui n’aurait-il pas le droit de dire « mon humain » ? On peut apprécier cette nouvelle manière de s’adresser aux animaux. Personnellement je la trouve hypocrite On cherche à abolir par le langage une distance objective, un rapport asymétrique ancré dans la nature des choses. « Les rapports de pouvoir n’ont rien de fatal », commentera  l'auteur de l'article *, sortons des schémas du patriarcat». D’accord, mais évitons aussi de dissimuler le caractère contraignant des frontières ontologiques. Quittons le patriarcat, mais aussi le paternalisme.

Je croise un chat. Il me regarde. J’ai envie de le vouvoyer.

* Que j’instrumentalise ici, lui prêtant des intentions qui ne sont peut-être pas les siennes. Dans son humanitarisme il va sans doute me pardonner.