lundi 20 août 2018

Des chèvres au cimetière




Chèvre célèbre

J’ai eu l’occasion de diner avec un entrepreneur du nord-est, comme on les appelle en Italie. Il fait partie de ces chefs d’entreprise cultivés, polyglottes, ouverts sur le monde, avec une vision lucide de ce qui se passe en Europe. Bref, ce qu'il y a de plus branché. Il nous a appris plein de choses. Tout à coup, pour illustrer à la fois un disfonctionnement local et une mentalité, il nous a parlé de sa visite au petit cimetière de montagne où est enterrée sa mère : « J’entends une sorte de béguètement, je me retourne … il y avait deux chèvres. Je me dis : mais ça va pas ? Des chèvres dans le cimetière ! J’ai demandé des explications au fossoyeur, il m’a dit que ça pouvait arriver. Le maire m’a promis qu’il fera quelque chose, tu parles. J’ai consulté la législation en la matière : pas d’animaux dans le cimetières, même pas les chiens. Des chèvres dans le cimetière … et puis quoi, alors ? ». 

De mon point de vue la chose n’était pas très grave. Je la trouvais même sympathique : un collectif alpestre (des humains, des animaux, des edelweiss etc.)  réuni dans l'enclos pour partager le deuil. Le jour après j’ai découvert que même les autres commensaux étaient de son avis : « Des chèvres dans le cimetière c’est inacceptable!». Pourquoi? *



* J’y reviendrai

2 commentaires:

  1. Aujourd'hui, en cherchant autre chose (toujours dans le cimetière mais autre chose), je suis tombé sur ce canon. Je suppose qu'il y en a de tas comme ça, mais je le partage quand même. C'est le 48e canon du concile de Trêves (1277) :
    "Item, sacerdotes firmiter praecipiant subditis suis, ut coemiteria eorum firmiter serventur, ne pecora, & alia animalia intrent."
    On noter l'insistance sur "firmiter".

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  2. Merci pour ce témoignage précieux. Il prouve à la fois l'ancienneté du tabou et le caractère coutumier de sa trangression.

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