Le stage de terrain, cette année-là, se déroulait dans une agréable localité de l’arrière-pays breton, un de ces sites boisés et romantiques qui attirent les touristes anglais depuis les temps de saint Jaoua*. Un vétérinaire à la retraite avait accepté de répondre aux questions des étudiants. Son témoignage était passionnant. À un moment donné, je lui ai demandé s’il avait croisé beaucoup de chasseurs au cours de sa carrière.
- Oui, moi-même par exemple, pour ne pas parler de mon collègue. On y allait pratiquement tous les dimanches de l’ouverture à la fermeture.
Certains étudiants, le soir, m’ont fait part de leur étonnement :
- Il y a de drôles de vétérinaires, par ici, au lieu de soigner les animaux, ils les tuent.
Les deux choses, à mon sens, n’étant pas incompatibles, j’avais envie de leur répondre :
- Ils les tuent et après ils les mangent. Des ogres, quoi.
Mais la discussion
nous aurait amenés trop loin.
*Parti des Iles britanniques et venu convertir les Bretons autour du VIème siècle.
J'ai lu tout à l'heure un article sur des souris redoutables (espèces invasives introduites par les marins" disait l'article, on avait envoyé des chats mais ils préféraient s'attaquer aux oiseaux, proies plus faciles apparemment) qui "grignotent vivant les oisillons d'albatros et mettent en péril une espèce menacée... il faut donc mener une campagne d'extermination, au nom de la protection des albatros. Mais là personne ne serait comme les étudiants surpris par quelqu'un qui protège et tue à la fois
RépondreSupprimerJe suis d'accord. Les ennemis de la chasse, cependant, mettraient l’accent sur le caractère ludique (donc gratuit) de la mort infligée par les vétérinaires/chasseurs dont on parle au gibier qu’ils ramenaient à la maison. C’est que ces vétérinaires appartenaient à un autre monde : le statut des animaux n’était pas le même, le sens du bien et du mal non plus. Aujourd’hui, l’ambiguïté des plaisirs liés à l’acte de chasse a pris d’autres formes, plus sournoises. À nous de les déceler.
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