Manteau en fourrure de taupe, années 1930
Mario ne se limitait pas à déterrer les courtilières, il attrapait aussi les taupes qui infestaient le jardin. Il insérait dans le monceau de terre un piège métallique, un ressort minimaliste en forme de V. Le matin suivant il sortait sa belle taupe et la désolidarisait de sa peau qu’il mettait à sécher. Il faisait pareil avec la peau des lapins. Le chiffonnier passait tous les mois, achetait ses produits et il les revendait aux fourreurs. Dans les champs, avec ce traitement, il restait toujours des taupes, mais dans des proportions acceptables. Leur prélèvement périodique était une sorte de récolte. La communauté des taupes payait une dîme, c’est vrai, mais elle n'était pas exterminée. Tout en tuant les courtilières, les taupes et les lapins, Mario n’était pas particulièrement méchant.
Lorsque j'étais petit, ma grand-mère paternelle, une femme très sobre, portait un chapeau en fourrure de taupe dans lequel brillaient des petites plumes de faisan. Elle était loin d’être méchante.
Quand je pense aux animalistes, saisis non pas dans leurs déclarations officielles, mais dans leur « éthologie » (je veux dire dans leur intimité, dans leur manière de se rapporter les uns aux autres et d’administrer des sentiments comme la jalousie, l’envie, le désir de juger et de conditionner son prochain au nom de la bonne cause ... ), je me demande s’ils sont forcément plus humains que Mario et ma grand-mère.