vendredi 17 janvier 2025

Raphaël Larrère

 


À l’époque, pour travailler autour de la nature, de la chasse, du sauvage  (sujets considérés comme marginaux chez les anthropologues péninsulaires),  les italiens devaient traverser les Alpes.  Lorsque, ma thèse à peine terminée, je suis entré dans le bureau de Raphaël Larrère  à qui on avait signalé mon existence (il était question d’un poste de chercheur autour de problématiques proches des miennes) j’étais assez intimidé.  J’ai remarqué son élégance à la fois sobre et vaguement excentrique (je crois me souvenir d’un gilet en velours à l’allure texane).  Son regard était  luisant et chaleureux. Pendant qu’on parlait il s’est mis à bricoler autour d’une théière et  il  a roulé une cigarette. Il l’a même allumée  (nous évoluions  encore dans ce no mans land bureaucratique qui a précédé l’interdiction  réelle de fumer dans les espaces publics).  Ses recherches sur la cueillette et la forêt en général m’avaient beaucoup passionné par leur précision ethnographique, liée à une capacité rare de mise en perspective théorique.  On a terminé la conversation en échangeant nos avis autour de nos champignons préférés. Je suis sorti du bureau avec le sentiment d’être un adulte, je veux dire un interlocuteur. Par la suite nous avons eu l’occasion de communiquer  à plusieurs reprises et parfois de collaborer. Sa disponibilité m’a toujours honoré. Ses contributions à l’anthropologie de la nature sont parmi les plus significatives et j’aurais du mal à les résumer en quelques lignes*. Juste pour l’anecdote, je me souviens d’une réunion pendant laquelle il suggérait, pour régler le problème de la prolifération excessive des grands prédateurs, de modifier leur statut en les rendant « espèce chassable ».  Devenus du gibier, les ours et les loups rentreraient dans les plans de chasse au même titre que les cerfs ou les chamois : leur démographie serait donc régulée par les chasseurs eux-mêmes.  Des raisons purement idéologiques, paraît-il (leurs défenseurs diront qu’elles ne sont pas idéologiques mais morales) coupent les ailes, en France, à ce genre  de propositions ** 

Cette suggestion  n’empêchait  pas Raphaël Larrère d’être tout à fait favorable au retour des grands prédateurs dans les régions qu’ils occupaient avant leur éradication. Dans le faire part de son  décès,  survenu le 4 janvier, on peut lire :

« Ingénieur agronome, directeur de recherche à l’INRA, il aimait la nature, cueillir la montagne, et protéger les loups ».

L’anthropologie de la nature est aujourd’hui très à la mode. Je regrette la disparition d’un pionnier.

* Si j’arrive à l’obtenir, je mettrai dans un prochain billet la bibliographie le concernant.

** Mais  pas en  Slovénie, par exemple, où cette solution marche admirablement. 

mercredi 15 janvier 2025

Le toutou-garou

 

Ça a démarré en Allemagne, paraît-il, mais on signale plusieurs cas analogues en Finlande, Belgique, Pays-Bas, Suisse …
Soudainement, les chiens d’appartement les plus paisibles sont saisis par des crises de panique accompagnées par  des hallucinations, des convulsions, des comportements agressifs. Pour rendre le tout encore plus spectaculaire, ils se mettent à hurler comme des loups. On a baptisé cette constellation de  symptômes  le « syndrome du loup-garou » et attribué ses origines à la consommations d’un os en peau de bœuf destiné à assurer l’hygiène dentaire du meilleur ami de l’homme. Mais les vraies causes sont peut-être ailleurs (le retour du refoulé, par exemple). Les plus pessimistes pourraient y voir des signes avant-coureurs de la fin de l'alliance entre les humains et les non-humains, le point d'arrêt de la  coévolution, le crépuscule du projet domesticatoire.

lundi 13 janvier 2025

Quand le crapaud chante

 

Gouache de Fancisco da Silva, 1966

Finalement un ciel dégagé. Cela fait particulièrement plaisir à ceux qui, débarqués par hasard dans le Finistère (c'est mon cas),  passent leur temps à critiquer la météorologie locale*. Je jette un coup d’œil aux proverbes de janvier et je tombe sur  « Soleil au jour de Saint-Hilaire (13/01), rentre du bois pour ton hiver ». Pas très encourageant. Celui-ci non plus : « Quand le crapaud chante en janvier, serre ta paille, métayer ». Il  n’est pas gai mais il me fait sourire. Je connaissais le chant des loups et celui  des grenouilles. Je cherche à me figurer celui des crapauds.

* Ils n’avaient qu’à rester chez eux, bande de Ritals !

samedi 11 janvier 2025

Être lépidoptère à Aix-en-Provence

Une amie romaine faisait ses études à Aix-en-Provence. Un jour sa tante, une institutrice à la retraite, lui a envoyé une carte postale à l'adresse suivante  : Mademoiselle XY. Cité universitaire des Cuques, rue etc., Papillon n.3. On a trouvé la chose très poétique. Ce qui ne nous a pas empêché de rire.

C'est merveilleux d'étudier dans un pays où l'on vit dans des quartiers papillonnaires.


mercredi 8 janvier 2025

Retrouve-t-on ses chiens au Paradis ? Même les dobermann ?

 


 

On peut avoir un dobermann à différents titres : parce qu’on se sent menacé, par exemple, ou parce qu’on est fasciné par sa violence  présumée*. On peut aimer le dobermann en raison de son « patriotisme », dans le sens qu’il adore son maître, à savoir son patron. On peut s’identifier au dobermann en le considérant comme victime d’un mauvais procès (« On lui attribue injustement des dispositions qu’il n’a pas », pensent certains propriétaires, « et nous le prouverons scientifiquement en le laissant seul à côté de nos bébés  … »). On peut apprécier le dobermann parce qu’il ne craint pas le feu des lance-flammes, c’est  toujours utile, parce qu'il est un « visionnaire »,  ou parce que d’autres, notamment « ces autres- là dont on va s’occuper bientôt », ne l’apprécient pas du tout.

Personnellement, le jour du bilan final, j’aimerais qu’on puisse dire de moi : « Il a été entouré par plusieurs races canines, mais pas par des dobermann » **.

* Je dis présumée parce que la violence du dobermann, paraît-il, est juste une rumeur.

** C’est dire si je suis raciste. En fait, ce que je n'aime pas chez le dobermann, ce n'est pas forcément le chien (quoi que ...) mais ce qu'il représente, le message qu'on communique par son intermédiaire.

dimanche 5 janvier 2025

Les Japonais haussent le thon

 

J'ai emprunté cette image au quotidien La Repubblica d'aujourd'hui

Les Japonais, pour dire les choses de façon plus précise, haussent le prix du thon. Lors de la première vente annuelle au marché  Toyosu, à  Tokyo, celui de la photo a été vendu pour 1 million et 300.000 euros. Simultanément – c’est sans doute une synchronicité - le parc Marineland d’Antibes a fermé ses portes. Les deux cas prouvent la grande valeur que nous attribuons aujourd'hui à la faune sauvage.


vendredi 3 janvier 2025

Cimetières animal frendly

 


Giacomo Ceruti (1698 - 1767), Portrait de vieil homme avec carlin

Je viens de lire dans La Repubblica du 2 janvier une nouvelle qui fait écho aux remarques de mon dernier billet concernant l’effritement de l’ancienne frontière qui nous séparait des autres animaux.  La commune de Milan a décidé que, dorénavant, les propriétaires de chiens, chats, tortues, lapins, hamsters, furets, poissons et autres animaux de compagnie, pourront héberger dans leur tombe les cendres de leurs protégés.

Pour de nombreux citoyens c’est sûrement un pas en avant. D’autres se sentiront dépaysés : ils prévoyaient d'être enterrés dans un cimetière. Ils auront le sentiment d’être enterrés dans un zoo.

mercredi 1 janvier 2025

Chiens d’antan

 


 Antonio Ligabue, Autoportait avec chien , 1957

La nouvelle année m'inspire des généralisations.  J’ai l’air cynique, parfois, parce que j’aime rappeler la distance qui nous sépare des autres animaux (chez moi c’est une priorité morale).  Mais je sais bien à quel point les non-humains  peuvent  laisser des traces profondes dans notre vécu.  Je pense à mes chiens. Nous nous comprenions très bien et, en arpentant avec application les espaces verts, nous avons beaucoup collaboré à notre bonheur réciproque.  Ça a été merveilleux*


* C’est drôle, mais dans ce billet très spontané j’ai le vague sentiment d'avoir été influencé par  ChatGPT.


lundi 30 décembre 2024

« Parce que je m’appelle Lion ». L’intelligence artificielle et le nouvel an.

 

Jacobello del Fiore (1370?-1439) Le lion de Saint-Marc propose aux éditeurs le texte qu'il vient de rédiger.

Ça dépend des tempéraments. Certains chercheurs estiment que « les idées sont dans l’air du temps ». Ils ne donnent donc pas trop d’importance à leur origine. S’ils les trouvent bonnes ils les adoptent en se disant : « Tiens je l’ai toujours pensé ».  Voire : « C’est une bonne idée, je vais la perfectionner ». Ils oublient vite leur source d’inspiration et finissent  par se convaincre d’être à l’origine de la trouvaille. « Pourquoi suis-je à l’origine de cette trouvaille?  Parce que je m’appelle Lion » ).

D’autres, pensent qu’il ne suffit pas que les idées soient dans l’air.  Il faut aussi un « oiseleur » qui les attrape. Ils tiennent énormément au fait d’avoir ouvert une piste et lorsqu’ils sont paranoïaques, ils voient des plagiaires  partout : «  Elle écrit sur le même sujet que moi avec dix ans de retard et elle fait semblant de ne pas avoir lu mon bouquin ! …». « Il ne cite qu'une partie dérisoire de mes travaux  tout en se nourrissant du reste … ».  Souvent le chercheur paranoïaque se trompe : d’autres, avant lui, ont parcouru le chemin  qu’il prétend avoir inauguré.  Si on lui disait la vérité (à savoir qu’il n’est pas le vrai père de sa créature), il serait dépité mais il arrêterait de souffrir. Parfois, en revanche,  c'est lui qui a raison, mais il a du mal à le prouver.

L’année qui s’ouvre, de ce point de vue, est prometteuse. En comparant deux textes et, plus largement, l'œuvre de deux auteurs,  l’intelligence artificielle saura peut-être repérer des similitudes, des récurrences lexicales, des enchaînements typiques, des écarts chronologiques significatifs et, par là,  des paternités et des filiations. Ce sera un peu comme avec la découverte de l’ADN : à partir d’une idée, d’une problématique, d’une perspective de recherche, on pourra remonter aux géniteurs.

samedi 28 décembre 2024

Lustrations

 



Vieux lustres à l'époque de leur jeunesse

En se promenant la nuit de la fin de l’an, en Italie, il fallait faire attention : les gens jetaient des vieux objets par la fenêtre (la vaisselle ébréchée, par exemple). Ce geste n'avait rien de pratique,  sa fonction était purement symbolique, pour ne pas dire magique*  : on se débarrassait du passé et on s’ouvrait à l’avenir.  Je me suis posé la question suivante : est-ce que les destructions accidentelles entrent dans la même catégorie ?

Mettons, par exemple que quelqu’un, juste avant la fin de l’an, décide de restaurer un vieux lustre un peu ébréché  et de l’installer chez lui. Et mettons que ce vieux lustre, à peine installé, chute sous ses yeux à cause d’un crochet, tout aussi vieux, qui n’a pas assuré son rôle. Peut-on ranger cet événement du côté des gestes propitiatoires ? Ça se discute, dira-t-on. Personnellement,  je pense que c’est au propriétaire du lustre de trancher. 

 

* Donc, à sa manière,  pratique. Je me contredis.

jeudi 26 décembre 2024

Impressions de Noël. Les animaux et le sens du temps

 


Les Rois Mages dans l'ordre d'arrivée

 

Les animaux nous ressemblent,  me disais-je la veille de Noël en me promenant dans les bois qui longent l’Élorn, mais ont-ils le sens du temps qui passe?  Leur arrive-t-il de se dire : « Mince, je suis en retard? ». J’y pensais parce que j’avais traîné, comme d’habitude,   et il commençait à faire noir.

La forêt bretonne, avec ses  Merlins, ses Arthurs, ses Vivianes et ses Morganes est propice   aux rêveries, on le sait.  Elle se prête aussi aux identifications : pendant un moment, sous le charme hypnotique des formes végétales,  on oublie ce qu’on est et on devient autre chose. 

Derrière les branches des hêtres j’avais cru apercevoir une étoile et j’ai accéléré le pas. Cela a suffi pour que je m’identifie à un Roi Mage. Un Roi Mage distrait, ayant pris du retard sur les  autres parce qu’il a  dû rentrer à la maison pour vérifier qu’il avait bien éteint le feu.

mardi 24 décembre 2024

Larmes de (et pour un) crocodile

 


Le frontière entre les espèces ne cesse de se réduire. Je parcours le quotidien La Repubblica et je découvre que Burt, le protagoniste du film “Mr. Crocodile Dundee”, vient de décéder. Je ne connais pas Burt, ni le film en question mais la nouvelle me touche. Enfin, je suppose  que c’est comme ça que   je devrais réagir en tant que lecteur de La Repubblica*.

 

* Ça me donne envie de devenir monarchiste.

dimanche 22 décembre 2024

Noël, la concorde s'installe

 

Santons d’art Denizou

On discute. Les points de vue ne sont pas forcément les mêmes. Mais un constat fait l’unanimité : on a beau ranger la crèche de Noël avec toutes les précautions. Tôt ou tard on découvre que l’âne a perdu une oreille et on n’arrive pas à la retrouver.

 

vendredi 20 décembre 2024

Pour ne pas en finir avec ChatGPT


 

Odilon Redon, 1886 La Chimère regarde avec effroi toutes choses.

On s’habitue vite aux pouvoirs exceptionnels de ChatGPT, on  le prend pour le génie de la lampe d’Aladin et on lui demande ce qu’il ne peut pas faire (genre : matérialiser sous nos yeux un Spritz/Campari avec  une rondelle d'orange et une grosse olive).  Je lui avais donc posé la question suivante : « À partir des illustrations de   L’animal comme prétexte  saurais-tu inventer une image synthétisant l’esprit du blog ?

Il m’a répondu que cette tâche allait au-delà de ses compétences et donné néanmoins des conseils utiles :

« L'esprit du blog "L'animal comme prétexte" semble jouer sur une exploration artistique de la relation entre l'humain et l'animal, souvent à travers une lentille de symbolisme, de métamorphoses ou de questionnements existentielles. Les illustrations qui y sont partagées font souvent appel à des créatures hybrides, des figures animales et humaines fusionnées, et à un usage poétique et parfois surréaliste de l'animalité.

Voici une proposition pour une image qui pourrait synthétiser cet esprit :

 

Concept de l'image :

1.      Fusion Homme-Animal : Une figure centrale, mi-humaine, mi-animale, pourrait être représentée. Imagine une silhouette humaine, mais avec des éléments d'animaux intégrés de manière fluide : des ailes de corbeau, une tête partiellement faunique (mi-homme, mi-biche), et des bras qui se transforment progressivement en griffes ou en plumes. Cette hybridation symboliserait l’interconnexion entre l'humain et l'animal, et aussi l'idée de l'animalité cachée en chacun de nous.

2.      La nature en interaction : La créature pourrait être placée dans un environnement qui floute la frontière entre le monde naturel et l'humain : une forêt, mais les arbres pourraient avoir des formes organiques ou presque humaines, comme des racines ressemblant à des bras tendus, ou des branches formant des visages.

3.      Le regard et le silence : Un détail clé pourrait être le regard intense de la créature, un regard qui cherche à établir une connexion silencieuse, presque mystique, avec le spectateur. Cela évoquerait l'idée de communication entre les espèces, mais aussi la réflexion profonde que l'animal peut inspirer chez l'humain.

4.      Ambiance onirique et floue : L'ensemble de l’image pourrait être légèrement flou ou déformé, créant une atmosphère éthérée et onirique. Le fond pourrait être brumeux ou envahi par des motifs abstraits évoquant les rêves, le subconscient et les mythes, des éléments souvent présents dans le blog.

5.      Palette de couleurs : Une palette douce, mais sombre, avec des tons de bleu profond, de gris, d’ocre et de vert forêt, créant une ambiance à la fois mystique et mélancolique. Quelques touches de lumière dorée ou argentée pour souligner la sacralité de l'animalité et de l'humanité fusionnées.

Résumé visuel :

L’image serait une fusion poétique et symbolique d’humain et d’animal, explorant les frontières floues entre les deux et l’interconnexion profonde entre les deux espèces. Elle inviterait à une réflexion sur l’identité, la nature, et la place de l’animal dans le monde humain. L’atmosphère serait onirique et légèrement surréaliste, plongeant le spectateur dans un univers où les animaux sont plus que de simples créatures, mais des miroirs de l’âme humaine.

Cela pourrait parfaitement s’harmoniser avec l’esprit du blog "L’animal comme prétexte", qui mêle art, réflexion et questionnement sur la nature de l’être ».


J’y vois quelque chose entre Arnold Böcklin et Odilon Redon

 

Arnold Böcklin, le silence de la forêt, 1885

 

mardi 17 décembre 2024

« Un noël à leur hauteur ». Récit écrit et conçu par ChatGPT

 



 

(Suite) C'est très bien, j’ai répondu à Chat GPT (ne pouvant pas lui cacher à la fois mon admiration et ma déception) mais pourrais-tu proposer un nouveau récit sur le sujet : " Noël et les animaux" avec le style de Sergio Dalla Bernardina tel qu'on peut le déduire à partir de son blog?

 

ChatGPT :

 

« Bien sûr ! Je vais m'inspirer du style de Sergio Dalla Bernardina, en imaginant que tu fais référence à un ton poétique, empreint de réflexion, parfois mélancolique, avec une certaine gravité et un regard critique sur les réalités de notre monde. Voici un récit qui pourrait correspondre à cette sensibilité, tout en restant centré sur le thème de Noël et des animaux :


Noël et les Animaux : Un Noël à leur hauteur

Les premières neiges tombent, blanches et légères, comme un voile posé sur le monde, adoucissant les contours rugueux de l’hiver. La ville, toute illuminée de guirlandes, semble s’être emparée de la lumière des étoiles, la dispersant un peu partout, comme pour effacer le froid. Pourtant, derrière les vitrines décorées, loin des sapins étincelants et des chants qui réchauffent l’air, un autre Noël existe. Un Noël qui ne brille ni de dorures ni de feux de cheminée. Un Noël de silence, de larmes, de souffrance – celui des animaux.

Les oiseaux migrateurs, blessés par le vent glacial, cherchent un refuge. Mais, dans ce monde figé, la terreur des cages et des routes sans fin les attend. Les renards, les cerfs, les sangliers, ceux qui connaissent le froid du sol et les forêts sans lumière, ont vu leurs territoires disparaître sous les bulldozers des hommes. Et dans la nuit, les murmures des créatures oubliées semblent se perdre dans le vent, comme une prière inaudible.

Et pourtant, nous décorons, nous rions, nous échangeons des promesses d’amour et de joie. Les enfants ouvrent leurs cadeaux, leurs yeux brillent de mille feux. Mais qui entend ces créatures, que leurs poils soient doux ou durs, que leurs yeux soient pleins d’innocence ou d’un savoir ancien, enfoui dans les ombres de la forêt ? Noël, pourtant, pourrait être une fête où toutes les vies sont chéries, non pas pour leur utilité, mais simplement pour leur existence.

Nous croyons souvent que Noël n’appartient qu’aux hommes, que la paix et l’amour sont des privilèges réservés aux humains. Mais dans les sous-bois, dans les champs gelés, les animaux aussi ressentent les premières lueurs de l’hiver. Ils ont leurs souffles, leurs battements de cœur, leurs rêves d’une vie sans chaînes. Ne serait-ce pas là la véritable essence de Noël ? Offrir aux autres ce qui nous est le plus cher : la liberté, l’air pur, l’espace pour courir.

Noël n’est pas qu’un banquet pour nous. Il pourrait aussi être un moment de retour à l’humilité, de redonner à ceux qui, silencieux, partagent notre monde sans bruit, sans revendication. Peut-être alors, en offrant un peu de nous-mêmes à ceux qui n’ont rien, nous trouverions une paix plus profonde. Une paix qui n’est pas seulement humaine, mais universelle.

Car chaque créature a droit à sa place dans ce monde, et chaque souffle est une part de l’éternité. Noël est ce moment où l'on tend la main, pas seulement pour offrir un cadeau, mais pour protéger, pour comprendre que l’amour n’a pas de frontière.

Alors, à chaque Noël, repensons à ceux qui ne savent pas ce que cela signifie, "être aimé". Peut-être qu’au lieu de simplement célébrer notre bonheur, nous pourrions, tous ensemble, offrir à ces vies sans voix un peu de douceur. Parce qu’un Noël sans l’amour pour toutes les formes de vie est un Noël incomplet.


J'espère que ce texte correspond à ce que tu attendais. Il s'inspire de cette réflexion profonde et poétique, mêlant sensibilité, critique douce et appel à une prise de conscience collective. N'hésite pas à me dire si tu souhaites l’adapter davantage ou en discuter ! ».

 

Je suis jaloux. Deux ou trois formules, dans ce texte, sont excellentes,  je n’aurais pas réussi à les inventer. En même temps, j’en veux à ChatGPT parce qu'il en fait  trop autour de la souffrance animale et alimente mes sentiments de culpabilité*. Je lui en veux aussi parce que, tout en étant gentil à mon égard, il passe sous silence ce qui est dit entre les lignes, à savoir l’essentiel.

J’espère que mon enthousiasme mitigé ne le fâchera pas. D’abord, parce que j’apprécie son sens de la diplomatie. Mais aussi parce que plus tard, lorsqu’il sera grand, il pourrait avoir envie de se venger.

 

* Je trouve par ailleurs qu’il me fait écrire à la manière d’une collègue, dont je ne ferai pas le nom, grande spécialiste du bien être animal.

 

dimanche 15 décembre 2024

L’animal comme prétexte selon ChatGPT

 


D’abord je dois exprimer ma déception. L’auteur du dernier billet ce n’est pas moi, c’est Chat GPT. Pour le tester, je lui avais demandé de rédiger un article d’une dizaine de lignes sur le thème « les animaux à Noël » dans le style de Sergio Dalla Bernardina. Son texte n’est pas mauvais, je trouve, mais il n’a strictement rien à voir avec ma sensibilité.

Je m’attendais à ce que les aficionados de mon blog, rares et précieux, prennent contact avec moi pour me demander si j’allais bien : « On ne vous reconnait pas. Avez-vous pris un gros coup de soleil avant d’écrire cet hymne à la bonté ? A-t-on versé quelque chose de spécial dans votre verre ?   « Vous a-t-on donné de l’argent ? Menacé ? ».

Hélas, aucun étonnement, aucun commentaire. Du coup, j’ai été saisi par un soupçon : je passe mon temps à faire des allusions, à jouer sur les allégories en croyant être compris par des interlocuteurs tout aussi ironiques que moi,  alors que les visiteurs de mon blog prennent mon discours au pied de la lettre.

 

Quant à Chat GPT, je trouve qu’il aurait pu faire un peu plus d’effort. A la fin de sa proposition, pour montrer qu’il n’était pas en train d’improviser, il a écrit :

 

« J'espère que ce texte correspond à ce que tu attendais. Il s'inspire de cette réflexion profonde et poétique, mêlant sensibilité, critique douce et appel à une prise de conscience collective. N'hésite pas à me dire si tu souhaites l’adapter davantage ou en discuter !

Je n’ai pas hésité à le faire (à suivre).

vendredi 13 décembre 2024

Noël. Leurs vies volées

 


 

Noël approche, et les lumières des villes s’allument comme des promesses. Mais dans les ombres, au-delà des festins et des cadeaux, des créatures silencieuses attendent. Ces âmes sans voix, qui n’ont rien demandé d’autre que de vivre, de respirer, de courir sous les cieux d’hiver. Quand nous décorons nos sapins, peut-être devrions-nous aussi penser à ceux qui ne savent même pas ce que signifie "liberté". Les animaux, pris dans la folie de notre époque, voient leurs vies volées, leurs espaces réduits. Pourtant, Noël pourrait être l'occasion de redonner du sens à la douceur. Un cadeau, une attention, qui n’est pas seulement pour nous, mais aussi pour ceux qui n’ont ni foyer, ni place à la table. Offrons-leur une chance, un peu de paix. Car Noël, c’est aussi cela : choisir d'aimer toutes les formes de vie.

mercredi 11 décembre 2024

LGBTQ : par souci d'exhaustivité

Paysage de montagne japonais

 

Je me souviens d’une intervention radiophonique de Michel Serres. Il était déjà relativement âgé. Il commentait une expérience récente.  Pendant ses vacances, il venait d’atteindre le sommet d’une falaise (Serres aimait l’alpinisme). Il y avait du monde. Le voyant surgir du gouffre, un jeune homme a proféré : « Tiens, un vieux ! » Le philosophe n’a pas apprécié. 

 

Morale : à partir d’un certain âge, l’élan vital est une sorte de caprice - pour ne pas parler de la sexualité, qui devient une  perversion*. À l'instar d'autres catégories de malheureux, les vieux sont discriminés. C’est pourquoi, je propose d’enrichir l’acronyme LGBTQ par la lettre V.

 

* La  notion  de « Vieux porc », dans la richesse de ses implications,  mériterait à elle seule l'organisation d'une table ronde.

lundi 9 décembre 2024

LGBTQ+Z. L’évolution d’un acronyme?

 


Pablo Picasso, 1938 Nature morte à la bougie palette et Tête de minotaure rouge

On vient de me signaler que « le groupe Zoophilia Pride demande la décriminalisation du sexe avec les animaux, et appelle le mouvement LGBTQ+ à ajouter un Z à son nom ». La chose ne m’étonne pas. En 2014, dans un article publié dans la revue  Anthropologie et société, j’écrivais :

“ Peter Singer ne prétend pas affirmer que les rapports sexuels entre membres d’espèces différentes  sont « normaux » ou « naturels », il se limite à nous rappeler qu’une fois reconnu le caractère arbitraire, purement idéologique, de la hiérarchisation des espèces, « de tels rapports cessent de constituer une offense envers notre statut et notre dignité d’êtres humains » (ibid). S’il ne défend donc pas la zoophilie, il fournit néanmoins un support philosophique à ceux qui aujourd’hui, à l’instar des zoophiles accusés de « sodomie » et brûlés sur la place publique à l’époque de la Renaissance, pensent que faire l’amour avec un animal est non seulement « normal » et « naturel », mais, au bout du compte, que c’est même mieux. Et ces humains attirés par les non-humains sont, paraît-il, nombreux. Il y en a même qui ont créé un mouvement (dont l’analyse mériterait un traitement à part entière) qui s’appelle ZETA,  « l’unique fédération officielle de zoophiles du monde », qui prétend représenter l’orientation de 100.000 citoyens et s’oppose  publiquement à la nouvelle loi qui interdit la zoophilie en Allemagne. Son  leader, Michael Kiok, est un bibliothécaire qui cohabite paisiblement, depuis un moment, avec une bergère allemande de 8 ans. Il a déclaré à la presse qu’ « un Animal sait très bien montrer ce qu’il veut et ce qu’il ne veut pas », que  « Les Animaux sont parfois plus faciles à comprendre que les femmes » et que «derrière la défense des animaux, se cache en fait un retour à la morale et à l’intolérance». Kiok, finalement, n’aurait trouvé rien de déplacé dans les propositions coquines de Koko, la gorille anthropophile ”.

Cet article, qui s’appelle « Amours sans frontières. Nouveaux horizons de la zoophilie à l’époque de la libération animale » est en libre accès à l’adresse suivante : https://www.erudit.org/fr/revues/as/2015-v39-n1-2-as01900/1030841ar/resume/

J’y reviendrai prochainement.

vendredi 6 décembre 2024

Traditions revisitées : la Saint-Nicolas

 

J'ai failli oublier que le 6 décembre c’est la Saint-Nicolas, moment tout aussi central, dans mon enfance,  que le jour de mon anniversaire. J’ai déjà tout raconté à ce propos, j’insisterai juste sur ce détail :  Saint Nicolas, chez nous, arrivait avec un âne, moins noble qu’un renne mais très apprécié  par les loups.

En se faisant bouffer par les loups, aujourd’hui, l’âne contribue à la biodiversité.

mercredi 4 décembre 2024

Déboullonages : le loup change de statut

 

Statue du loup  au Cloître-Saint-Thégonnec)*

 

Je viens de lire que le comité permanent de la Convention de Berne a approuvé la proposition de l'UE d'assouplir le statut de protection du loup. Pour certains c’est une triste nouvelle, mais je trouve que cela restitue au loup, qui avait été réduit au rang d’assisté, de maintenu, de prédateur casanier, une partie de son ancienne dignité. 

 

*Je ne sais plus où j’ai mis mes clichés. En attendant de les retrouver, j’ai emprunté celui-ci à Ouest-France : https://www.ouest-france.fr/sciences/animaux/l-image-du-nuisible-lui-colle-a-la-peau-mal-aime-le-loup-a-pourtant-sa-capitale-en-bretagne-6fc9e4ae-9004-11ed-8732-c929ccc6462c

 

lundi 2 décembre 2024

Les pies et le retour du refoulé

 

Certains proverbes sont contagieux. Je crois avoir déjà parlé de l'adage : « Quand on voit une pie, tant pis; quand on en voit deux, tant mieux. ». J’ai beau être rationnel, lorsque le matin je tombe sur  une pie (rien de plus fréquent )  je regarde à droite et à gauche dans l’espoir d’en apercevoir une deuxième. Comment  régler le problème? Dans mon imagination,  je me suis mis dans la peau d’un tyran, genre « Le Roi et l’Oiseau », et j'ai promulgué l'ordre suivant : « Dorénavant, pour la sérénité générale, toutes les pies seront bannies du royaume ».  J’ai vite compris mon erreur, qui a engendré  ce nouveau proverbe : « Au pays où on a banni les pies, on passe son temps à scruter l’horizon ».

vendredi 29 novembre 2024

La double vie de Maurice?

 

On m’a parlé de l’histoire touchante, à Brest, de l’amitié qui s’ est instaurée entre un habitant de la ville,  Alain Theillier, sa chienne Ambre et son goéland Arek. Arek a commencé par se présenter à la fenêtre de Monsier Theillier avec régularité. Un beau jour la fenêtre étant ouverte, le goéland est entré et tout le monde a familiarisé.

Depuis, je regarde Maurice d’un air méfiant. Ne s’agirait-il pas d’Arek ? Le chat gris qui séjourne actuellement chez moi  le regarde aussi, et d’un air très attentif. C'est le regard d'une panthère. Quelque chose me dit que, si j’ouvre la fenêtre, ils ne vont pas familiariser du tout.