J’écoute le journal radio français (je préfère ne pas être distrait par les images de la télé). En replay, j’écoute aussi le journal italien. Et je compare. J’aime bien l’esprit des journalistes français, ils arrivent à nous dire des choses importantes en gardant un minimum de distance personnelle qui frôle parfois l’ironie. Tout en respectant le script qu'ils ont sous les yeux, ils laissent entendre que derrière l’information il y a un individu qui la transmet, avec sa personnalité et ses points de vue. Mes concitoyens transalpins, dans le style qu’on leur demande d'adopter, ont un ton plus officiel et patriotique*. Ils semblent parler au nom de l’État. Ils sont toujours fébriles, excités, comme s’ils étaient en train de courir à côté des coureurs dont ils relatent les exploits, ou de combattre à côté des combattants dont ils rapportent les péripéties.
Cela dit, l’autre jour, je cherchais à me renseigner sur ce qui se passe dans le monde. France Inter a démarré en parlant de la canicule. Ça ne s’arrêtait plus : reportages dans les écoles et sur les parkings autoroutiers, entretiens avec les spécialistes, conseils … . Au même moment, la canicule sévissait aussi en Italie. Très sobrement, la radio Italienne n’en a parlé qu’après treize minutes, et très vite. « Mais les Italiens, dira-t-on, sont habitués à la chaleur et moins sensibles à la notion de prévention. Chacun ses priorités ... ». D'accord, ce n'est qu'une question d '« ethnostyle », peut-être, mais il faut rester vigilant : je crains le moment où les informations météorologiques occuperont la totalité du journal radio.
* C’est dommage parce que les Italiens aussi, quand ils veulent, savent manier l’ironie avec une certaine compétence.